Électrique ou thermique : chez Porsche, on ne « juge pas » ce débat
Porsche trace sa voie entre thermique et électrique. Mais la marque allemande ne fera « pas de jugement », elle donnera « juste du choix ».
Face à un marché encore divisé, Porsche choisit de ne pas trancher. Moteur thermique ou électrique, l’important est de répondre à toutes les attentes pour la firme de Stuttgart. Surtout quand on a une clientèle aussi fidèle.
Une stratégie réaliste face à une électrification plus lente que prévu chez Porsche
En 2022, Porsche affichait des objectifs ambitieux en
matière de mobilité électrique, visant jusqu’à 80% de
ventes de modèles électriques dans les prochaines années.
Mais les prévisions ont été revues à la baisse. Le constructeur
allemand constate aujourd’hui que l’essor des véhicules
électriques est plus lent que prévu. Alors, la marque adapte sa
stratégie commerciale en conséquence.
Daniel Schmollinger, directeur général de Porsche
Australie, l’a résumé sans détour au micro du
média Drive. « La
priorité est désormais d’offrir une liberté de choix au client,
qu’il soit séduit par la propulsion électrique ou encore attaché
aux motorisations thermiques ».
Loin d’abandonner ses moteurs emblématiques, Porsche
continue donc de les faire évoluer. Ainsi, les Cayenne et Panamera conserveront leur
V8 sur une bonne partie de la décennie à venir. Quant aux
futurs Boxster et Cayman, ils passeront majoritairement à
l’électrique, mais sans faire table rase du passé. Les
versions haut de gamme devraient donc bénéficier d’un flat-six
hybride, probablement inspiré de la 911 GTS.
Le virage zéro émission se poursuit malgré tout
Le message est clair : la 911 restera le dernier
bastion du thermique chez Porsche. Le constructeur de
Zuffenhausen souhaite que ce modèle iconique entre dans l’histoire
comme la dernière Porsche à essence.
En parallèle, la gamme électrique continue de s’élargir. Aux côtés
des Macan EV et Taycan, un nouveau venu fera
bientôt son entrée. Le Cayenne électrique. Plus tard, un autre
modèle dénommé en interne K1 entrera en scène.
Ce SUV à trois rangées sera finalement décliné en versions
thermiques et électriques, contrairement au projet initial
qui le destinait uniquement à l’électrique.
Et pour les amateurs de SUV compact thermique, un nouveau modèle
viendra remplacer le Macan essence dès 2028. Basé sur une plateforme Audi (PPC),
ce crossover inédit marquera le retour du thermique sur ce
segment stratégique.
« Nous ne portons aucun jugement », insiste Schmollinger. Porsche
se positionne donc comme un constructeur à l’écoute, capable de
s’adapter à la demande réelle. Sans imposer de direction
unique.
Porsche entre réalité économique et obligations environnementales
Une flexibilité rendue possible par
l’appartenance au groupe Volkswagen, qui offre des
synergies industrielles solides. Mais cette agilité ne
masque pas les défis : l’arrêt du Macan thermique dans le monde
entier laissera un vide important. En Europe, le modèle a déjà été
retiré du marché en raison de normes de cybersécurité trop
strictes. Et aucun remplaçant n’est attendu avant 2028, ce
qui impactera forcément les volumes de vente.
Si Porsche garde le cap, le contexte réglementaire en Europe se
durcit. Avec l’interdiction prévue des moteurs thermiques neufs dès
2035, la marque n’aura pas d’autre choix que de continuer à
investir massivement dans l’électrique.
De plus, les normes CO₂ européennes imposent
une réduction drastique des émissions moyennes de flotte. Cela,
sous peine de sanctions financières. Porsche, comme l’ensemble de
l’industrie, navigue alors entre rentabilité immédiate et
nécessité d’accélérer la transition. En misant ainsi sur
une offre plurielle, Porsche refuse de choisir à la place de ses
clients.
Qu’il s’agisse d’un Flat-6 rugissant ou d’une propulsion silencieuse électrique, la marque allemande veut continuer à faire rêver tous les passionnés d’automobile. Mais pour combien de temps encore pourra-t-elle maintenir ce fragile équilibre entre passion, politique et performance ? Affaire à suivre.



