Gordon Murray pense que les voitures modernes sont lourdes, grosses et moches
Pour Gordon Murray, légende de l’industrie automobile, les voitures modernes sont devenues « grosses, lourdes… et moches ».
Quand Gordon Murray parle, on écoute. Le génie derrière la McLaren F1 et les dernières créations de Gordon Murray Automotive (GMA), n’a jamais eu la langue dans sa poche. Et dans une récente interview, le professeur a tiré à vue sur l’automobile moderne. Trop lourde, trop grande, mal pensée… Et surtout, mal dessinée.
Des voitures de sport sans âme selon Gordon Murray
Gordon Murray ne mâche pas ses mots. « Ce que
j’admire dans les voitures modernes n’a rien à voir avec les
sportives ». Pour lui, les modèles actuels ne respectent plus aucun
principe fondamental. Ni légèreté, ni beauté, ni ingéniosité.
Résultat : des voitures démesurées, qui impressionnent sur
la fiche technique mais déçoivent derrière le volant.
À l’inverse, les modèles anciens trouvent grâce à ses yeux.
Lotus Elan, Honda NSX ou même Renault Espace des années 80.
Toutes étaient des voitures ingénieuses, efficaces et pleines de
caractère, qui prenaient le design au sérieux sans
sacrifier la fonctionnalité.
« Aujourd’hui, la plupart des marques sont dirigées par des
marketeux et des comptables. Leur obsession ? Faire toujours plus
gros ».
Le plus grand paradoxe selon Gordon Murray, c’est que les
voitures modernes ont beau être gigantesques, elles offrent moins
d’espace intérieur qu’avant. Il pointe du doigt les lignes
de toit fuyantes façon SUV Coupé qui réduisent
l’habitabilité, ou les pare-brise inclinés qui rognent sur le
coffre.
« Vous avez une voiture énorme, mais une banquette arrière inutilisable et un coffre minuscule. C’est censé être du design, ça ? ».
Un seul mot d’ordre : ingénierie
Pour lui, la vraie conception automobile passe par
l’intelligence. C’est d’ailleurs ce qu’il applique à ses
propres créations. La Gordon Murray Automotive T.50 offre trois
places, un V12, et deux coffres dans un gabarit plus
compact qu’une Porsche Cayman. Un exploit que peu de voitures
peuvent revendiquer.
Murray regrette qu’aujourd’hui, l’ingénierie ait été reléguée au
second plan. Et remplacée par le marketing et la course au style.
Il se souvient avec nostalgie d’une époque où des marques
comme Honda misaient sur la technologie. Moteurs VTEC, châssis légers, et une
vision claire de la performance accessible.
Mais tout n’est pas perdu. Gordon Murray reconnaît que Toyota, sous
l’impulsion d’Akio Toyoda, tente de revenir à une philosophie
centrée sur le plaisir de conduite. GR Yaris, GR Corolla, GR GT… autant de modèles qui
redonnent un peu d’âme à une marque autrefois très sérieuse.
Problème : selon Gordon Murray, le style n’est plus au
rendez-vous. « Leurs voitures ne sont plus aussi
belles qu’avant », regrette-t-il. Tout en saluant
l’orientation technique de la gamme.
Mazda, l’exception qui confirme la règle
Il reste néanmoins un constructeur généraliste qui
trouve grâce à ses yeux : Mazda. « C’est la seule
marque qui prend encore la légèreté au sérieux »,
affirme-t-il. Pour lui, les Japonais ne se contentent
pas de promesses marketing. Ils conçoivent des voitures
différentes, modernes, bien pensées. Et souvent
élégantes.
En résumé ? Trop de voitures modernes sacrifient
l’intelligence et la beauté sur l’autel du style creux. Et
Gordon Murray conclue alors ainsi. « Il est temps de laisser les
ingénieurs reprendre les commandes ».



