Ferrari Elettrica (2026) : elle fait chuter l'action de la marque, vraiment ?
La future Ferrari Elettrica, premier pur-sang 100% électrique de la marque, aurait entrainé une chute de son cours en bourse. Un signe de méfiance ou une réaction exagérée ?
L’introduction de la Ferrari Elettrica, premier modèle 100% électrique de la marque au Cheval Cabré, devait être un tournant historique. Pourtant, à peine les premiers détails dévoilés, le titre Ferrari a dévissé de plus de 15%… Sa plus forte baisse depuis près d’une décennie. Un coup de froid sur les marchés, mais pas forcément à cause de la voiture elle-même.
Une tempête boursière inattendue pour Ferrari
Quelques heures après le Capital Markets Day
organisé à Maranello, le verdict est
tombé. -15,4% à Milan et -15% à Wall Street. Une chute
vertigineuse, pire encore que celle enregistrée en février 2016
(-12,4 %). Pourtant, l’Elettrica, censée symboliser
l’entrée de Ferrari dans l’ère du zéro émission, n’est pas
directement responsable de ce krach éclair.
La raison ? Les prévisions financières jugées décevantes. Ferrari
table sur un chiffre d’affaires
2024 d’au moins 7,1 milliards d’euros, soit à peine au-dessus
de ses attentes précédentes. À plus long terme, le
constructeur vise 9 milliards d’euros en 2030. Et un EBITDA
(bénéfice opérationnel) d’environ 3,6 milliards d’euros.
Des chiffres jugés trop prudents par les analystes.
« Ces prévisions reflètent un conservatisme marqué de la
direction », a commenté Citi, estimant que les ambitions de
croissance sont bien en deçà des attentes du marché. En 2022,
Ferrari affichait des objectifs ambitieux. 40% de ses
ventes devaient être purement électriques d’ici 2030.
Mais face au ralentissement global du marché des VE, notamment en Chine et aux
États-Unis, la marque a réajusté sa stratégie. Désormais,
seulement 20% des ventes prévues en 2030 concerneront des modèles à
batteries. Tandis que les hybrides et les thermiques se
partageront le reste à parts égales (40% chacun).
L’électrique n’est pas le remède à tout ?
Ferrari justifie ce virage par une approche «
centrée sur le client ». La firme privilégiant la
demande réelle à la contrainte réglementaire. En clair :
la marque s’adapte à un public qui, pour l’instant, reste attaché
au V8 et au V12. «
L’électromobilité avance plus lentement que prévu dans plusieurs
régions clés », a reconnu la direction. « Il serait
prématuré de forcer la transition sur nos clients ».
Techniquement, la Ferrari Elettrica impressionne déjà. Son
architecture intègre quatre moteurs électriques et une batterie de
122 kWh, promettant plus de 1.000 chevaux et une autonomie
supérieure à 530 km.
L’accélération de 0 à 100 km/h en 2,5 secondes et la
vitesse de pointe de 310 km/h la positionnent d’emblée
comme un modèle à la hauteur du blason Ferrari, malgré son silence mécanique. Et
pourtant, elle sera plus proche du SUV que de la supercar.
Sa batterie de 800 volts supporte la charge ultra-rapide à
350 kW, et son design a été pensé pour reproduire
l’équilibre d’une voiture à moteur central. Bref, une
prouesse d’ingénierie plus qu’un simple exercice de style.
Un signal ou un simple ajustement chez Ferrari ?
Mais dans l’immédiat, ce modèle ne changera pas la
donne économique de la marque. Il n’arrivera qu’en 2026, et sa
production sera probablement limitée. Les investisseurs,
eux, attendaient des annonces plus spectaculaires sur les marges ou
les volumes à court terme pour Ferrari.
La chute brutale du titre Ferrari n’est sans doute pas un désaveu du public
vis-à-vis de la voiture électrique elle-même. Elle traduit
surtout la nervosité des marchés face à une industrie en
mutation. Et à des prévisions jugées trop prudentes.
Pour autant, Ferrari reste l’un des constructeurs les plus
rentables au monde, avec une marge opérationnelle dépassant 27%. Et
une demande qui continue d’exploser pour ses modèles
thermiques et hybrides.
L’affaire Elettrica montre une chose : Ferrari avance à son propre
rythme. L’entreprise ne cherche pas à battre Tesla sur le
terrain du volume. Mais plutôt à conserver son exclusivité et sa
rentabilité. Cela, tout en se préparant à l’électrique sans
trahir son ADN.
Une stratégie peut-être trop prudente pour Wall Street. Mais qui, à long terme, pourrait bien s’avérer la plus intelligente. Après tout, à Maranello, on préfère affûter le moteur avant de franchir la ligne de départ.



