Bentley n'abandonnera pas les moteurs thermiques de sitôt
Chez Bentley, le moteur thermique restera plus longtemps que prévu initialement par sa stratégie "Beyond100". Explications.
Bentley avait promis une transition radicale. Abandonner totalement les moteurs thermiques avant 2030 pour passer au tout-électrique. Mais la réalité du marché vient doucher ces ambitions. Après plusieurs reports successifs, la marque de Crewe admet désormais que son passage au 100% électrique ne se fera pas avant 2035. Au mieux. Et même ce calendrier semble fragile.
Des moteurs essence qui refusent de mourir chez Bentley
Le nouveau patron de Bentley, Frank-Steffen Walliser, successeur d’Adrian Hallmark, a reconnu dans un entretien avec Autocar que la demande pour des véhicules électriques de luxe est bien en deçà des prévisions établies en 2020 lors du lancement du plan Beyond100. « Les attentes des clients ont changé. Le marché du haut de gamme ne répond pas comme nous l’imaginions », a-t-il expliqué.
Concrètement, cela signifie que les piliers de la gamme – Continental GT, Flying Spur et Bentayga – continueront à être proposés avec des motorisations essence. Au moins en complément d’hybrides rechargeables et de futurs modèles électriques. Le tout premier SUV 100% électrique de Bentley, initialement attendu en 2025, a déjà été décalé à 2026. Inspiré par le concept-car EXP 15, il viendra épauler le Bentayga. Mais sans toutefois remplacer les versions thermiques.
Bentley bénéficie ici du soutien de ses cousins au sein du groupe Volkswagen. Porsche et Audi, confrontés aux mêmes difficultés de demande, poursuivent le développement de moteurs essence de nouvelle génération. Ces technologies seront partagées, permettant à Bentley de conserver un portefeuille varié.
Un problème généralisé dans le luxe
Le constructeur britannique n’est pas seul dans ce cas. Lamborghini a également reporté la commercialisation de son premier modèle électrique, la Lanzador. Celle-ci est désormais prévue pour 2029 au lieu de 2028. Son PDG, Stephan Winkelmann, a même ouvert la porte à une déclinaison hybride rechargeable. Preuve que l’abandon du thermique reste difficile dans le très haut de gamme.
Cette prudence illustre l’écart croissant entre les ambitions politiques et la demande réelle. L’Union européenne prévoit toujours d’interdire la vente de voitures thermiques neuves en 2035. Mais un réexamen du texte doit intervenir d’ici la fin de l’année. Si la législation venait à assouplir ses exigences, notamment pour les hybrides rechargeables, cela offrirait aux marques de luxe une bouffée d’oxygène.
En attendant, Bentley temporise encore. Plutôt que de forcer ses clients vers un électrique coûteux et encore peu demandé, la marque préfère maintenir une offre essence et hybride solide.
Une stratégie de prudence qui pourrait bien s’avérer payante dans un contexte d’incertitude réglementaire. Et surtout face à un ralentissement de l’électrification mondiale.