Essai - Audi RS 3 Sportback : plus subtile, plus efficace, et bien plus plaisante !
Quelques modifications techniques, de nouvelles gommes et une électronique peaufinée : l’Audi RS 3 restylée n’évolue que dans le détail. Il suffit pourtant de se rendre au Circuit du Vigeant pour s’apercevoir que ces puces et astuces changent tout, ou presque.
Le sourire de Christophe dès son retour aux stands à bord de
notre RS 3 jaune canari vaut tous les discours du monde : « Une
4 roues motrices qui conserve autant la corde, c’est suffisamment
rare pour être souligné ! Franchement, je passe un super moment à
son volant. Quel train avant ! »
La précédente rencontre avec cette compacte, il y a environ deux
ans lors d’un Supertest, ne l’avait pourtant pas
spécialement marqué : « Pour tout t’avouer, je ne m’en souviens
pas précisément. J’ai quelques clients qui l’utilisent sur piste,
et elle ne m’a pas semblé inoubliable. »
Partant de là, il est tout à fait compréhensible que sa monture du
jour lui paraisse inédite : « Ah bon, ce n’est pas une toute
nouvelle RS 3 ? Extérieurement, la voiture est plus allongée
qu’avant, non ? »
A tort, puisque la plus sportive des A3
se contente d’un simple restylage. Cette carrosserie Sportback à 5
portes est même de 8 mm plus courte qu’auparavant, par le
truchement de boucliers avant et arrière subtilement
re-dessinés.
La calandre élargie, dont l’entourage noir empiète désormais sur
les entrées d’air latérales, la nouvelle signature lumineuse ou
encore le diffuseur arrière entièrement revu permettent de la
distinguer de sa devancière.
Autant dire pas grand-chose, comme bien souvent sur les remises à
niveau de mi-carrière. Les raisons de son enthousiasme se trouvent
donc sous cette carrosserie à peine modifiée.
Cinq, impair et gagne
La fiche technique inchangée de l’atypique 5 cylindres ne laisse
guère présager de surprise côté moteur : même puissance de 400 ch
(si l’on met de côté l’éphémère version Performance affichant 7 ch
de plus), même couple maxi de 51 mkg et régimes d’obtention de ces
valeurs strictement identiques.
Comme précédemment, ce bloc chante moins fort, s’étant vu imposer
ces fichus filtres à particules sur cette troisième génération de
RS 3. Les déflagrations et pétarades au lever de pied font depuis
belle lurette partie du passé.
Tant pis pour l’aspect show-off, mais il conserve ce timbre rauque
inédit, propre à son architecture spécifique, et un joli brin de
voix qui le rend toujours aussi attachant. Pour cette mise à jour,
il reprend l’ensemble turbo et catalyseur de la variante
Performance et modifie sa cloison thermique nichée près de son
escargot pour être homologué partout dans le monde.
Dans la pratique, cela ne change rien, et quelle importance ? Le
cinq pattes continue de charger vers 2 500 tr/mn et garde tout son
punch jusqu’à 7 000 tr/mn. A la différence de nombreux moteurs
turbo qui s’assoient souvent à haut régime, son appétence à se ruer
vers la zone rouge sans faiblir incite à le cravacher constamment
pour en tirer la substantifique moelle.
Son tempérament unique et sa facilité à raccourcir les lignes
droites en font une gourmandise délicieuse et atypique, sous le
capot d’une compacte à 5 portes. Les mesures des performances à
Mortefontaine font état d’un statu quo sur le 400 m départ arrêté
(11”9) et l’épreuve reine du 1 000 m (22”).
Seule différence, cette version restylée s’élance un peu mieux et
gagne un petit dixième sur 0 à 100 km/h (3”7 contre 3”8), avant de
marquer le pas par la suite en rendant 3 dixièmes sur le 0 à 200
km/h (14”1 contre 13”8).
La présence des nouvelles gommes Pirelli PZero R favorisant
peut-être la motricité au démarrage et un moteur un tout petit peu
moins en forme (ou des conditions atmosphériques légèrement
défavorables) expliquent ces écarts vraiment minimes.
A moins, bien sûr, que l’ami Sylvain chargé de mesurer la bête ait
perdu son poids de forme depuis la précédente RS 3 ! Blague à part,
le paramètre moteur (pratiquement) inchangé ne modifie guère les
choses sur la piste du Vigeant.
Un brin agitée par rapport à ce que l’on est en droit d’attendre
d’un mode Normal sur la route, la gestion de la boîte à double
embrayage devient plus pertinente sur circuit en position Sport. Il
est toutefois plus conseillé de reprendre la main avec les palettes
pour rester le seul maître à bord.
Les rétrogradages particulièrement réactifs participent alors au
plaisir mécanique sans jamais frustrer son pilote. Nouveauté de ce
restylage, le renfort des embrayages permettant désormais de se
freiner davantage sur la boîte n’y est certainement pas
étranger.
Plus naturel
Les principaux changements se ressentent au Vigeant. Sur ce
revêtement détrempé imposant pour le moment de laisser l’appareil
de mesure dans sa valise, notre poussin fait le bonheur des
photographes, pour peu que le conducteur soit suffisamment habile
pour les régaler.
Il pivote dès lors sur les freins et continue son déhanché à la
remise des gaz, avec une aisance inattendue de la part d’une
création à quatre anneaux. Ceux qui ont lu le précédent Supertest
de l’ami Sylvain savent que cette possibilité de dessiner des
virgules en sortie n’est pas nouvelle, même si les préjugés ont
toujours la vie dure.
A la différence de ses devancières qui finissaient constamment par
renifler les bas-côtés extérieurs de la piste avec plus ou moins de
dignité, la RS 3 troisième du nom est la première Audi intégrale à
moteur avant à s’adonner aux vertus d’un survirage jusque-là
interdit.
La principale raison tient dans une nouvelle transmission intégrale
qui abandonne le système Haldex et reçoit un répartiteur de couple
postérieur. Fonctionnant comme une 4 roues motrices classique
(50/50) en utilisation normale, ce système permet de répartir la
puissance entre les roues gauche et droite, au moyen d’un embrayage
niché en amont de chaque cardan arrière.
Le but ? Offrir un tempérament joueur à la remise des gaz en
désaccouplant partiellement la roue intérieure et en profitant
alors d’un effet vectoriel. A l’usage, c’est efficace, mais
jusqu’ici un peu brutal avec un pied droit insistant, surtout dans
le mode extrême Torque Rear aux réactions caricaturales, voire
piégeuses, d’après notre pilote préféré.
Sur cette version restylée, c’est de l’histoire ancienne. Non pas
que la compacte se mette à élargir la trajectoire en sortie comme
une vulgaire traction, bien au contraire. Elle se déhanche toujours
volontiers lors d’une franche remise des gaz et impose une
correction de son pilote, en position Torque Rear et avec l’ESP mis
en sommeil.
Sauf que la manœuvre apparaît autrement progressive que
précédemment et n’exige pas des réflexes de super-héros. Plus
fidèle dans ses réactions, elle devient plus naturelle et se montre
d’autant plus ludique qu’elle aborde les virages avec bien plus de
grâce.
Fini les inscriptions au forceps ou cette pénible attente que
l’essieu directionnel retrouve toute sa hargne pour aller chercher
la corde. Celui de cette version restylée la mord sans le moindre
signe de faiblesse. Il est en outre assisté par une poupe
incroyablement coopérative qui pivote au freinage avec
progressivité.
La pédale de gauche, qui se transforme dès lors en second volant,
en fait une danseuse étoile pratiquement aussi gracieuse qu’une
Alpine. Le secret de cette agilité inattendue tient dans l’arrivée
d’un « gestionnaire de châssis » dont le pilotage électronique des
deux embrayages du pont arrière est considérablement affiné pour
rendre les renvois de couple plus subtils.
Le système intervient également en freinant délicatement les roues
intérieures pour faciliter son placement et l’aider à tourner.
Utilisées à bon escient, les puces savantes servent autant
l’efficacité que le plaisir et permettent d’exploiter une géométrie
revue.
Le fait que le train avant soit à la fois plus mordant et plus
costaud s’explique en partie par son carrossage négatif plus
prononcé, alors que le pincement plus marqué des roues arrière
participe sans doute à le rendre plus prévisible. Le diable est
dans les détails.
Eclaircie miracle
Derrière le volant, notre mesureur de luxe profite des baptêmes
des quelques membres du Club Sport Auto venus sur place pour
pousser son investigation plus loin, sur cette piste de nouveau
humide. A la vue des figures réalisées, je le soupçonne d’y prendre
un certain plaisir !
Les passages par les portières dignes du Trophée Andros régalent
pratiquement autant les spectateurs que le chanceux occupant du
baquet de droite, qui n’en perd pas une miette ! Encore faut-il un
minimum de talent pour réussir ces impressionnantes glisses
d’intégrale, en restant patient et en évitant surtout de
contrebraquer sous peine d’arrêter prématurément la fête.
Aussi prévenant soit-il, notre poussin demande un peu de métier
pour obtenir la note artistique maximale. N’est pas Christophe
Tinseau qui veut ! Son pilotage gratifiant n’en a que plus de
saveur et offre tout autant de plaisir au moment de chercher
l’efficacité sur une piste détrempée.
Jouer avec ce châssis équilibré et cette vivacité naturelle devient
vite addictif avec un train avant si précis. L’inscription dépend
alors du dosage de la pédale de gauche, et la transmission
intégrale permet de ressortir des passages lents encore mouillés
avec une incroyable efficience, assortie d’un déhanché
plaisant.
Sa poupe sautillante sous l’effet d’un amortissement piloté
optionnel raide dans sa position la plus sportive indique la
violence de l’appui. La RS 3 demande de la finesse et se mène sur
le fil du rasoir dans les portions plus rapides comme le « S » du
sanglier, tout en communiquant suffisamment pour se montrer
rassurante.
La courte éclaircie de l’après-midi permet de mesurer
officiellement son efficacité. Rappelons que sur le Nürburgring, la
RS 3 restylée a collé 7” à sa devancière en signant un chrono de
7’33”123. Sur notre piste du Vigeant dont certaines parties sont
encore légèrement humides, elle effectue un chrono de 1’50”70 et
améliore le précédent de 85 millièmes.
Les nouvelles gommes sportives Pirelli PZero R développées rien que
pour elle (et toujours plus larges à l’avant) en font une arme,
mais ces enveloppes ne disposent pas de l’efficience des
semi-slicks Pirelli Trofeo R.
Les différences de pneumatiques et de conditions de piste empêchent
toute comparaison objective, mais notre poussin aurait largement pu
faire mieux avec un bitume totalement sec et assorti des pneus
italiens les plus radicaux. Au point d’aller chercher les 2”9 qui
le séparent d’une M2 chaussée de très adhérents Michelin Pilot
Sport Cup 2 ?
Peut-être pas (quoique…), mais côté plaisir, notre RS 3 pointe loin
devant. Si la pluie qui revient juste après cette séance chrono ne
me permet pas d’en profiter, le langage corporel de son pilote à sa
sortie montre qu’il a passé un excellent moment. C’est bien là
l’essentiel !
L'avis de l'Auto-Journal : 5/5
La RS 3 profite de son restylage pour corriger ses derniers défauts. Autrefois délicate dans certaines situations, elle bénéficie de légères retouches pour devenir plus subtile, plus efficace et bien plus plaisante. Son équilibre, son train avant et son 5 cylindres en font une offre unique dans un créneau de compactes sportives déserté pour cause de malus.
Audi RS 3 Sportback : fiche technique
- Moteur : 5 en ligne, turbo, 20 S
- Position : AV, transversale
- Cylindrée : 2 480 cm3
- Alésage x course : 82,5 x 92,8 mm
- Rapport volumétrique : 10,1R
- égime maxi : 7 000 tr/mn
- Puissance maxi : 400 ch à 5 600 tr/mn
- Puissance au litre : 161 ch/l
- Couple maxi : 51 mkg à 2 250
- Couple au litre : 20,6 mkg/l
- Transmission : intégrale, 7 rapports à double embrayage
- Autobloquant : de série, arrière piloté
- Antipatinage : de série + correcteur de trajectoire déconnectable
- Suspension AV/AR : pseudo-MacPherson, amortisseurs pilotés optionnels et barres antiroulis/multibras, amortisseurs pilotés optionnels et barres antiroulis
- Direction : crémaillère, assistance électrique
- Tours de volant : 1,7
- Diamètre de braquage : 12 m
- Freins AV/AR : disques ventilés avec étriers 6 pistons/ étriers flottants (374/310 mm)
- Antiblocage : de série
- Poids constructeur/contrôlé : 1 565/1 604,5 kg
- Répartition AV/AR : 59/41 %
- Rapport poids/puissance : 4 kg/ch
- L - l - h : 4 381 - 1 851 - 1 430 mm
- Empattement : 2 631 mm
- Voies AV/AR : 1 592/1 524 mm
- Réservoir : 55 l
- Jantes : 9J 19
- Pneus : 265/30 & 245/35 R 19
- Prix de base : 75 600 €
- Options/malus : 17 970/70 000 €
- Prix du modèle essayé : 163 570 € (malus compris)
Audi RS 3 Sportback : quelles performances sur circuit ?

Retrouvez notre essai de l'Audi RS 3 Sportback dans le Sport Auto n°766 du 31/10/2025.


