Essai - McLaren Artura Spider : une sacrée réussite ? (+ images)

Publié le 15 décembre 2025 à 09:00
Mis à jour le 15 décembre 2025 à 11:09
Essai - McLaren Artura Spider : une sacrée réussite ?

Paradoxale, la McLaren Artura Spider sait aussi bien vous choyer que vous en mettre plein les dents. Et c’est probablement pour ça que c’est l’une des meilleures pour l’exercice du Grand Format de Sport Auto.

Le genre de voiture qu’on admire mais dont on ne comprend le réel intérêt que lorsqu’on en prend le volant. Et puis ce matin, à La Haye‑du‑Puits, il faisait un soleil franc, ciel bleu parfait, pas une brume pour cacher l’horizon.
Le toit du Spider s’est effacé en 11’’, pas plus long qu’un clignotant mal anticipé, et soudain, l’expérience s’annonce radieuse : c’est peut-être cette version, la plus savoureuse. Même moteur, même base carbone, mais plus la même énergie.
Comme si on avait ôté les lunettes d’un prof austère pour découvrir que, le week‑end, il jouait du hard-rock en cabriolet anglais. Là, tout de suite, j’ai compris : ce Spider ne serait pas qu’un coupé découpé, d’autant plus que les ingénieurs maison auraient retravaillé leur copie pour cette variante décapsulée.
Le V6 biturbo 3.0 est évidemment resté fidèle au rendez‑vous. 120° d’angle entre les bancs, mais désormais, 605 ch thermiques, moins de 200 kg sur la balance, et deux turbos perchés dans le V pour limiter l’inertie.
Ajoutez le moteur électrique axial de 95 ch intégré dans la boîte à 8 rapports, et vous obtenez 700 ch et 73,4 mkg. Mais ce matin, sous le soleil normand qui chauffe déjà les haies, ces chiffres deviennent des sensations.
Le V6 claque sec mais sans grand frisson, les turbos sifflent comme deux sèche-cheveux sous amphétamines, et l’air marin s’engouffre dans l’habitacle pour plaquer ce vacarme brut contre mes tympans.
Chaque accélération me tasse, mes organes reculent d’un siège imaginaire, mon estomac sert de chronomètre. 0 à 100 km/h en 3’’0 ? Je n’ai pas besoin de le lire, mes cervicales m’ont passé l’info.

Du bout des doigts

Les routes qui filent vers Barneville-Carteret ne sont pas un billard. Ce sont des couloirs étroits bordés de haies, bosselés par les saisons, parsemés de raccords vicieux. Parfait pour jauger l’Artura Spider.
Le châssis carbone MCLA reste inflexible : y compris sans toit, pas une vibration parasite, pas un grincement. On est ici lesté de 62 kg de plus que le coupé, et pourtant, on demeure largement sous les 1 600 kg. A l’heure où même les supersportives prennent un embonpoint terrifiant, l’Artura Spider reste une ballerine, fil à la patte et batterie sous le bras.
Et ça change tout dans les enchaînements : on la place au millimètre, façon scalpel, et les micro-corrections n’existent pas. La direction hydraulique, elle, mérite un poème. Alors que tous ont cédé à l’assistance électrique qui filtre bien plus que les imperfections, McLaren conserve le whisky sec. Chaque gravillon, chaque raccord, je le sens dans le volant.
C’est brut, mais clair. A 90 km/h, j’ai l’impression de lire l’asphalte en braille. La précision est telle que je corrige avant même que le train avant bronche. Là où d’autres vous caressent, l’Artura Spider vous serre la main comme un bûcheron.
C’est franc, direct, honnête. Et dans ces départementales ensoleillées, cette franchise est un bonheur pur. Le soleil cogne sur la peinture bleu clair, qui scintille tout en dévoilant des reflets chauds sur une teinte froide. Superbe.
Le cuir chauffe doucement, l’odeur des matériaux se mêle à celle des champs. Toit ouvert, c’est une expérience sensorielle totale. En Comfort, la suspension filtre mieux qu’attendu, l’électrique prend le relais, et on roule comme dans une GT chic.
McLaren conserve encore cette expertise côté filtration : hormis les plus radicales du clan de Woking, toutes les anglaises du catalogue savent ménager vos lombaires comme aucune autre sportive de cette trempe. Mais basculez en Sport, et tout s’aiguise. L’électrique devient une catapulte, gomme le lag, et chaque sortie de virage est immédiate.

En symbiose

La boîte, justement. Huit rapports, double embrayage, plus compacte et promise plus rapide de 50 %. Pas de marche arrière mécanique, c’est l’électrique qui recule. Résultat : gain de poids, gain de place et efficacité maximale.
Chaque rétrogradage claque comme un coup de fusil. Chaque montée de rapport est quasi imperceptible. Le couple de l’électrique comble la moindre rupture de charge. Un manque de caractère pour certains ? Une certaine manière de vivre pour d’autres.
La mécanique s’exécute sans attendre votre accord. Et quand le moteur électrique vient remplir les creux, le turbo-lag devient un concept du passé. C’est un pied dans l’arrière-train, violent et instantané. Arrêt au port de Carteret, où se trouvent quelques voiliers sous le soleil. Et ma McLaren au milieu, comme un cosplay de Goldorak dans une carte postale marine.
Les passants s’arrêtent, intrigués. Dans le Cotentin, les gens sont directs, sympas. Pas de jalousie, pas de raillerie. De la curiosité, de l’enthousiasme, et souvent de la surprise : « Une McLaren ? » Ferrari et Lamborghini, tout le monde connaît.
Mais une McLaren reste rare, discrète, presque mystérieuse. Et c’est ce qui plaît. Elle attire, mais sans le côté m’as-tu-vu d’une Aventador acidulée. Elle intrigue, et c’est encore plus fort. Je repars par la D650.
Large, roulante, ouverte, un tapis noir qui longe l’océan. Le Spider s’y accroche comme une moule à son rocher. L’aérodynamique a été étudiée pour que le toit rétractable ne ruine pas l’équilibre. Les conduits re-dessinés, les flux optimisés, le diffuseur re-calibré : tout respire la soufflerie.
La voiture reste vissée et les Pirelli PZero, développés exprès, mordent l’asphalte tel un molosse. Et le vent latéral, pourtant bien présent sur cette portion ouverte, n’ébranle rien. Le Spider trace droit, imperturbable.
Et sous ce soleil, cheveux au vent, V6 hurlant, c’est un plaisir brut. Pas d’anesthésie. L’électronique veille, mais ne confisque pas. Le différentiel électronique resserre les lignes, mais ne prend pas la main.
Là où beaucoup de supercars modernes sont devenues des nounous, l’Artura Spider vous file les clés et vous dit : « Amuse-toi, mais ne sois pas idiot. » Chaque virage devient une discussion intime. Je sens l’arrière pivoter, je dose, je corrige. Je ne lutte pas contre la voiture, je coopère avec elle. Et ça, c’est rare aujourd’hui.

Facile à vivre

A Portbail, je franchis le pont aux Treize Arches, vestige du xixe  siècle. Autrefois, il canalisait la marée pour alimenter des moulins. Aujourd’hui, c’est un décor Instagram. Je passe en silence, en mode E. A peine 95 ch électriques, pas un bruit. Si ce n’est des sifflements un poil irritants. Les passants se retournent.
Certains filment, d’autres sourient. Une supercar à 270 000 € qui glisse en silence sur un vieux pont, sous le soleil normand : c’est une image que même un publicitaire sous acide n’aurait pas inventée. Mais c’est réel, et c’est ça, la magie de l’hybridation.
Le retour par l’intérieur me donne encore plus de matière. Routes étroites, bosselées, parfois défoncées. Et là, la suspension Proactive Damping Control montre son génie. Capteurs partout, ajustements en une poignée de millisecondes. Là où une allemande m’aurait envoyé chez l’ostéo, l’Artura encaisse.
Pas de roulis, pas de flottement, mais juste une fermeté précise, jamais punitive. Je freine tard, de plus en plus. Et les disques carbone-céramique de 390 mm à l’avant, 380 à l’arrière, mordent sans faiblir. La pédale est ferme, peut-être un peu trop, mais au moins la précision demeure. Au quotidien, l’Artura Spider étonne.
Les sièges, enveloppants mais accueillants, permettent d’avaler les kilomètres. Le coffre avant de 160 litres prend deux sacs week-end. L’ergonomie est nettement meilleure que ce que nous a proposé McLaren par le passé : combiné numérique clair, commandes intuitives.
Et pour les mélomanes, le puissant système Bowers & Wilkins couvre le V6 même toit ouvert. Un parfait « daily » ? Pas si vite. C’est large, bas (merci, le lift), lourd à manœuvrer et possiblement gourmand. Mais peu importe : chaque plein devient une scène sociale. Les gens s’arrêtent, curieux, surpris de voir une McLaren dans le Cotentin.
Peu connaissent la marque, mais tous l’adorent visiblement. Et c’est ça, le plus marquant : malgré ses 700 ch et son look acéré, l’Artura Spider n’est pas une diva. Elle interpelle, mais elle séduit. Elle impressionne, mais sans arrogance.
Et surtout, elle est utilisable. Traverser un village en silence, s’arrêter prendre un café sans stresser, filer sur la côte pour profiter du soleil : ce Spider, on peut vraiment vivre avec lui. Ce n’est pas seulement une machine de guerre, c’est un compagnon de route. Quand je coupe le contact, face à la Manche, la conclusion s’impose.
L’Artura Spider n’est pas un coupé sans chapeau. C’est une personnalité. Une voiture qui sait tout faire : catapulter vos organes en sortie de virage, rouler en silence sur un pont médiéval, encaisser des kilomètres sans vous briser le dos, séduire des passants qui découvrent McLaren pour la première fois.
Une hybride qui reste légère, précise, vivante. Et sous le soleil du Cotentin, c’est un Spider qui a trouvé son élément. Une supercar qui ne se contente pas de chiffres, mais qui vous raconte des histoires à chaque borne. Et c’est, avant tout ça, une bonne compagne de route.

L'avis de Walid Bouarab : 5/5

Parfois, on imagine qu’il vaut mieux choisir une grande GT pour voyager. Et puis parfois, des sportives à la synthèse unique vous rappellent que l’efficacité ne doit pas fatalement vous briser en deux. L’Artura Spider en fait partie. Une recette savamment dosée qui fait de cette découvrable une sacrée réussite.

McLaren Artura Spider : fiche technique

  • Moteur thermique : V6 biturbo, 24 S
  • Cylindrée : 2 993 cm3
  • Puissance thermique maxi : 605 ch à 7 500 tr/mn
  • Couple thermique maxi : 73,4 mkg à 2 250 tr/mn
  • Moteur électrique : 1 axial dans le carter de transmission
  • Puissance électrique maxi : 95 ch
  • Couple électrique maxi : 22,9 mkg
  • Capacité de la batterie : 7,4 kWh
  • Autonomie électrique : 33 km
  • Puissance cumulée : 700 ch
  • Couple cumulé : 73,4 mkg
  • Transmission : roues AR, 8 rapports à double embrayage
  • Antipatinage/autobloquant : de série déconnectable/de série piloté électroniquement
  • Poids annoncé : 1 560 kg
  • L - l - h : 4 539 - 1 976 - 1 193 mm
  • Empattement : 2 640 mm
  • Freins AV/AR : disques carbone-céramique 390/380 mm
  • Pneus AV & AR : 235/35 ZR 19 & 295/30 ZR 20
  • Réservoir : 65 l
  • Prix de base : 272 250 €
  • Prix des options/malus : 90 770/0 €
  • Prix du modèle essayé : 363 020 € (malus compris)
  • V. max. : 330 km/h
  • 0 à 100 km/h : 3’’0
  • 0 à 200 km/h : 8’’4
  • 0 à 300 km/h : 21’’6
  • 400 m D.A. : 10’’8

Retrouvez notre essai de la McLaren Artura Spider dans le Sport Auto n°766 du 31/10/2025.

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