Essai - Audi R8 GT RWD : 500 kilomètres à bord de l'ultime R8 (+ images)

Publié le 2 avril 2025 à 15:30
Mis à jour le 2 avril 2025 à 16:13
Essai Audi R8 GT RWD : 500 kilomètres à bord de l'ultime R8

L’ultime Audi R8, nommée GT RWD signe la fin d’une ère. Mais impossible de la laisser partir ainsi. Alors, une dernière balade ?

Elle est blanche, elle hurle, elle vibre. Et elle sait que c’est sa dernière danse. L’Audi R8 GT RWD est la version d’adieu d’une icône qui a fait entrer la marque d’Ingolstadt dans le club très fermé des constructeurs de supercars. Pas de turbo, pas d’excuse : juste un V10 atmosphérique à l’ancienne. La puissance sur les seules roues arrière, et une volonté farouche de brûler les derniers litres de sans-plomb avec panache. Alors, que vaut cette dernière R8 thermique sur un parcours de 500 kilomètres mêlant route et circuit ? Spoiler : mes oreilles s’en souviennent encore.

Audi R8 GT : le dernier cri d’un dinosaure

Dans la savane des supercars, la R8 GT RWD fait figure de T-Rex en smoking. Une gueule identifiable entre mille, un moteur d’un autre temps et un châssis affûté comme jamais. À l’heure où les moteurs s’électrifient et les échappements se taisent, Audi a choisi de nous offrir un dernier baroud d’honneur. On parle de 620 chevaux à 8.000 tr/min, uniquement sur les roues arrière.
C’est 50 chevaux de plus que la R8 Performance RWD, une boîte S tronic raccourcie pour des passages de rapport 30% plus rapides, un différentiel autobloquant mécanique, et surtout, une édition limitée à 333 exemplaires dans le monde. En France, il faudra se contenter de 26 exemplaires. Pas un de plus.
Cette Audi R8 radicale offre un 0 à 100 km/h en 3,4 secondes, un 0 à 200 en 10,1 secondes et 320 km/h de vitesse de pointe. Des chiffres digne de ce badge, envoyés sans fioriture ni hybridation, et qui claquent comme un dernier coup de canon avant le silence. Soyons honnête : personne n’achètera une R8 GT pour faire Paris-Biarritz. Pourtant, c’est ce que j’ai presque fait. Un road-trip de 500 kilomètres sur route, ponctué par quelques tours de circuit pour libérer la bête.

On ressent tout ce qu’il se passe

Très vite, une chose saute aux yeux (et aux lombaires) : c’est raide. Très raide. Les suspensions fixes, plus fermes encore que celles des versions classiques, ne laissent rien passer. Les sièges baquets en carbone vous plaquent comme dans une centrifugeuse, et le moindre raccord de bitume devient une expérience tactile. Et ce n’est pas vraiment un reproche. C’est l’ultime Audi R8 après tout.
Elle n’est pas là pour être une GT confortable… Même si elle s’appelle GT. Mais une fois lancé, tout cela s’efface. Le V10 atmosphérique sonne comme rien d’autre. Rauque, métallique, envoûtant. À chaque montée en régime, on frôle l’hystérie mécanique. Le tout sans artifice sonore, ni haut-parleurs truqueurs : juste un moteur d’orfèvre, hurlant jusqu’à 8.700 tr/min comme si c’était la dernière fois.
Et pour cause, c’est la dernière fois ! Et malgré sa brutalité apparente, l’Audi R8 GT RWD sait se montrer docile. La direction est précise, le châssis incroyablement équilibré, et les aides à la conduite laissent juste ce qu’il faut de liberté pour jouer sans se faire peur.

<p>Essai Audi R8 GT RWD</p> © Timothé Lambert

Très vite, une chose saute aux yeux (et aux lombaires) : c’est raide. Très raide. Les suspensions fixes, plus fermes encore que celles des versions classiques, ne laissent rien passer.

Une Audi R8 oui, une GT oui… mais pas comme les autres

Audi R8 GT comme Grand Tourisme ? Disons plutôt GT comme Grande Tarée. Car après deux heures au volant, entre la rigidité du châssis et les décibels du V10 qui s’incrustent dans votre boîte crânienne, on comprend que cette auto n’a rien de paisible. Mais ce qui surprend, c’est que sur autoroute, à allure stabilisée, la bête sait se tenir.
À vitesse réglementaire, sur un long trajet autoroutier, la consommation moyenne mesurée est restée en dessous de 11,5 l/100 km. Pour une auto de 620 chevaux avec un V10 atmosphérique, c’est presque raisonnable. C’est même étonnamment sobre pour une mécanique aussi noble et démonstrative. Autant dire que, malgré son look et son pedigree, l’ultime supercar Audi peut aussi rouler pépère quand on le lui demande.
Pas longtemps, certes, mais assez pour savourer un peu de confort… relatif. D’ailleurs, ce n’est pas elle qui s’énerve. C’est vous. Difficile de se priver de faire chanter le V10. D’autant que même quand on a l’occasion de l’essayer, on sait que ce n’est jamais pour longtemps. Et qu’il va falloir rendre cette Audi R8 à Audi… Triste, surtout lorsque l’on sait qu’Audi n’a pas prévu de nous rendre la R8.

Sur piste : la vraie révélation

Il a fallu quelques tours de circuit pour vraiment comprendre ce que cette R8 avait dans le ventre. Libérée de toute contrainte de circulation, elle révèle un châssis d’une précision redoutable. La direction communique, la répartition des masses est parfaite, et le différentiel autobloquant mécanique permet de doser les dérives avec finesse. Un vrai scalpel, sans filtre, sans artifice. La boîte raccourcie permet de mieux exploiter la plage de régime du V10, et les freins carbone-céramique encaissent sans broncher.
Chaque virage devient une occasion de sourire comme un idiot dans son casque. Sur circuit, la R8 GT révèle toute sa noblesse. Et toute sa différence par rapport à une R8 classique. Elle est évidemment plus pointue, plus extrême… Plus vivante, en somme ? En fin de roulage, le circuit des Écuyer nous a offert une asphalte mouillée. Parfait pour un essai bien complet. Mais surtout pour s’amuser, sans trop de fumée. Là, on se rend compte que c’est tout de suite plus pointu.
La R8 GT peine à faire passer la puissance au sol, même avec les aides électroniques. Et pour cause, la rigidité de l’ensemble n’aide pas lorsque la piste est humide. Mais qu’importe. Faire hurler le V10 pourrait suffire. Avouons-le, même si elle ne dépassait pas les 130 km/h, ce bruit démoniaque donne la banane !

<p>Essai Audi R8 GT RWD</p> © Timothé Lambert

En fin de roulage, le circuit des Écuyer nous a offert une asphalte mouillée. Parfait pour un essai bien complet. Mais surtout pour s’amuser, sans trop de fumée.

L’Audi R8 GT a-t-elle de vraies concurrentes ?

Dans ce format, il ne reste plus grand monde pour rivaliser. La Lamborghini Huracán Tecnica, cousine italienne partageant le même V10, offre un tempérament plus sauvage et un style plus démonstratif. Plus radicale encore, la Huracán STO joue dans une autre cour, plus proche du circuit que de la route. Chez McLaren, la Artura mise sur la technologie avec son V6 biturbo hybride. Plus légère, plus moderne… mais sans la même magie mécanique ni la furie sonore.
Quant à la Porsche 911 GT3, elle offre un autre genre d’extase : moins brutale, plus fine, mais presque aussi musicale avec son Flat-6 atmosphérique. Reste que la R8 GT est unique. C’est la seule propulsion dotée d’un V10 atmosphérique du marché... Depuis le départ de la Huracan. La seule supercar allemande sans filtre ni électricité, et la seule Audi aussi viscérale.
La R8 GT RWD, c’est un peu comme la dernière cigarette d’un condamné à mort. Intense, nocive, mais inoubliable. Elle ne cherche pas à vous séduire par des artifices, elle vous balance son V10 en pleine figure. Un peu comme un doigt d’honneur à l’air du temps. Et après 500 kilomètres à son bord, on se dit qu’on a vécu quelque chose. Quelque chose de rare. Quelque chose qui n’existera plus jamais.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Pour parler de chose qui fâchent, parlons prix. 245.000 euros. C’est le tarif demandé pour cette R8 GT RWD. Une somme particulièrement corsée quand on sait que la R8 RWD « classique » s’affichait à 160.250 euros. Le supplément ? Il couvre une présentation plus exclusive, un kit aérodynamique en carbone, des freins céramique, une barre antiroulis allégée, des jantes spécifiques et un châssis affûté.
Mais sur un plan purement rationnel, le V10 de 620 chevaux revient moins cher sur une R8 Performance quattro, facturée 226.130 euros. Pire encore pour les comptables : la Lamborghini Huracán Tecnica, plus puissante avec ses 640 ch, est moins chère, à 231.640 euros. Alors pourquoi payer plus ? Parce que cette GT est unique.
Sur les 333 exemplaires produits pour le monde, seulement 26 seront ainsi commercialisés en France. Et dans un monde où les moteurs atmosphériques disparaissent, l’exclusivité se monnaie au prix fort. On peut même espérer que cette R8 GT coûte un jour bien plus cher que son prix actuel… Quant au malus écologique… N’en parlons pas. Mais il est évidemment… plein pot !

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À propos de l’auteur
Hugo Quintal
Hugo Quintal
Passionné d'automobile depuis le plus jeune âge, je me suis spécialisé dans le journalisme auto lors de mes études. Mon truc à moi ? Les nouveautés, les technologies, la performance... Des passions dans la passion que j'ai découvertes en essayant tout ce qui roule sur cette planète. Quand je n'écris pas et que je ne suis pas derrière un volant... Je suis sur l'eau, en Kite ou en Wakeboard.
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