Essai - Mini John Cooper Works (2025) : plaisir de conduite ou artifice ?

Publié le 21 novembre 2025 à 12:30
Essai - Mini John Cooper Works (2025) : plaisir de conduite ou artifice ?

La version John Cooper Works de la Mini serait capable de "relever le défi de la conduite sur circuit”" Direction le Circuit du Vigeant, pour une vérification dans les règles de l’art de Sport Auto.

Simple avis personnel, sous la forme d’un préambule. La Mini est un coup de génie marketing, c’est évident. C’est une voiture qui attire l’œil et cultive un côté branché‑sportivo‑chic. Soit. C’est même un symbole, une référence, un emblème, selon certains.
Mais contrairement à ce que les sirènes du marketing répètent à longueur d’année, désolé, c’est tout… sauf un kart. Ou alors il faut se mettre d’accord sur la définition dudit mot. Jusqu’à preuve du contraire, un kart, ça ne sous‑vire pas, ça transpire de sensations mécaniques, ça fourmille d’informations dans la direction et accessoirement, ça colle au pavé.
Tout ce que la JCW ne fait pas, ou qu’à moitié : motricité artificielle, c’est‑à‑dire conditionnée aux aides électroniques, sous‑virage en entrée, et survirage plus ou moins intempestif au lever de pied, le tout avec une direction muette comme une carpe.
Rien à voir avec la vague de sensations espérée au volant d’une auto « inspirée par l’héritage de la course » et censée être « adaptée aussi bien à la circulation quotidienne qu’à la conduite sur piste », dixit le site du constructeur.
L’ami Christophe s’en émeut dès son premier tour chrono : « Ça manque de caractère pour une voiture présentée comme une sportive. » Ah si, j’oubliais, la seule chose en commun avec un kart, c’est… la suspension, dure comme du bois sur route bosselée.

Sous le vernis, c’est surfait

Trêve de plaisanteries, même si, vous l’aurez compris et je répète que ce n’est que mon avis, la Mini, sous le vernis, c’est surfait. D’autant qu’il ne faut pas compter sur la dernière génération et son écran circulaire pour réinstaurer le dialogue et la fluidité entre le conducteur et la machine.
La faute à l’interface semblable à celle de l’immense majorité de la production automobile, qui centralise les commandes dans des menus et sous-menus pour le moins confus. Sans parler des modes de conduite décrits comme des « mises en scène lumineuses impressionnantes à l’intérieur du véhicule » (si !) ni du programme Go‑Kart dont la validation déclenche le bruit d’applaudissement d’une foule en délire, préalable indispensable à l’activation de la fonction Mini Sound qui recrée un bruit moteur plus‑artificiel‑tu‑meurs dans les haut‑parleurs.
Et sans quoi le timbre naturel du 4 cylindres est tellement inexistant qu’il est entièrement recouvert par les bruits d’air sitôt passé les 80 km/h. Je ne m’attarde pas non plus sur les musiques d’ambiance, graphiques, animations et éclairages en pagaille sur l’écran central, qui donnent surtout l’impression d’être hors sujet et de faire diversion pour cacher le manque de fond.
Et Christophe d’ajouter : « La nouvelle instrumentation n’est pas claire et pas très logique. Le régime moteur est à un endroit, tandis que le rapport engagé est à un autre… Tout compte fait, on perd de l’attention au volant en devant regarder l’écran pour activer certaines fonctions. On dit de ne pas toucher le téléphone en voiture pour ne pas se déconcentrer, mais là, ce n’est pas mieux. »

Balance pas mal

Le passage à Mortefontaine commence par un tour sur la balance, où la Mini JCW s’en tire bien, avec 1 358 kg vérifiés avec les pleins faits. A titre de comparaison, la précédente Mini GP ultra‑allégée n’avouait qu’une cinquantaine de kilos de moins (1 303 kg). Notre programme des réjouissances continue avec le traditionnel relevé d’accélérations, qui débute après avoir regardé ledit écran comme une poule devant son couteau, et tapoté du bout du doigt jusqu’à enfin trouver le menu qui permet d’enclencher le launch control.
Résultat : 6’’0 tout pile pour atteindre 100 km/h, 14’’2 pour franchir les 400 m et 25’’7 pour passer la première borne kilométrique. Pas mal dans l’absolu, surtout pour une Mini, même si la boîte n’a rien d’un foudre de guerre. Aussi bien en matière de rapidité de changement de rapport que d’étagement.
Surtout sur le quatrième rapport, long comme un jour sans pain. Christophe le pointe du doigt : « C’est dommage parce que sur ce genre de petites voitures sportives, on devrait avoir des étagements beaucoup plus courts. La quatrième est tellement longue qu’elle a du mal à se relancer. Et la deuxième est trop courte… quand elle accepte de repasser. Cette boîte est probablement dégradée en raison des réglementations et des émissions. »
Ce qui n’empêche pas les rétrogradages automatiques de procurer un temps honorable de 100 à 140 km/h, avec 4’’3 relevées. Côté freinages, nos trois mesures consécutives depuis 200 km/h jusqu’à l’arrêt complet font état de 158 m. Avec une constance remarquable, il faut le souligner.

Et je coupe le son

En ce qui concerne les sensations mécaniques, en revanche, il y a de quoi rester sur sa faim. Christophe lui-même s’en étonne : « Au volant, ce n’est pas poignant. Le problème, c’est qu’on entend plus les bruits d’air que le moteur. Il n’y a pas de son, je trouve que ça manque de caractère pour une voiture performante. Cela ne donne pas l’impression d’avoir une version John Cooper Works. C’est aseptisé par rapport à ce que l’on est en droit d’attendre de cette appellation. »
Il faut avouer qu’en marche normale, c’est-à-dire sans enclencher la fonction artificielle Mini Sound qui propage un son de substitution dans les haut-parleurs, c’est le silence radio. Dommage pour une super GTi de 231 ch. Sur route ouverte et dans des limites raisonnables du permis de conduire, le comportement dynamique de la Mini JCW ne prête pas le flanc à la critique.
Mais en la poussant dans ses retranchements, elle devient quelquefois délicate. Christophe le démontre sur le circuit du Vigeant : « C’est marrant parce qu’elle sous‑vire, en général, et qu’elle survire, en particulier dans les virages rapides. L’arrière est parfois léger, disons un peu vif. Ça peut surprendre et même venir d’un coup ! Tout à l’heure, j’ai tourné et j’ai fait une équerre (et fort en plus…) sans le vouloir !
D’autant qu’elle brouille les pistes parce qu’elle a un tempérament sous‑vireur, donc elle ne donne pas l’impression qu’elle va faire l’inverse. Mais là, l’arrière est bien venu ! Dans les courbes à vitesse moyenne, si tu relâches au moment où elle sous‑vire, comme elle est trop souple, le train arrière décroche.
Cela peut être utile pour se positionner normalement, mais là, c’est un peu trop vif. Le défaut de ce châssis, c’est le manque de train avant au moment d’aller chercher la corde et ensuite, quand on est en surcharge du pneu dans les virages moyens, c’est le manque de stabilité de l’arrière. »

Tout cela pour dire que je veux bien écouter le discours de Mini pour être poli, mais désolé, ce n’est pas l’idée que je me fais d’un kart.

L'avis de Laurent Chevalier : 2/5

Rien à redire concernant le look, avec un dessin sans cesse modernisé, toujours aussi identifiable, et un vrai parti pris en matière de présentation. Mais quand on gratte sous le vernis, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup trop d’éléments artificiels pour générer un plaisir de conduite digne de ce nom. On s’attendait à plus d’authenticité de la part d’une version John Cooper Works.

Mini John Cooper Works : sa fiche technique

  • Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
  • Position : AV transversale
  • Cylindrée : 1 998 cm3
  • Alésage x course : 82 x 94,6 mm
  • Rapport volumétrique : 10,5R
  • égime maxi : 6 500 tr/mn
  • Puissance maxi : 231 ch à 5 000 tr/mn
  • Puissance au litre : 115 ch/l
  • Couple maxi : 38,7 mkg à 1 500 tr/mn
  • Couple au litre : 19,3 mkg/l
  • Transmission :roues AV, 7 rapports double embrayage
  • Autobloquant : non
  • Antipatinage : oui
  • Suspension AV/AR : pseudo MacPherson, bras inférieurs triangulés + barre antiroulis/essieu arrière multibras avec ressorts auxiliaires intégrés + barre antiroulis
  • Direction : crémaillère à pas variable
  • Tours de volant : 2,8
  • Freins AV/AR : disques ventilés (360/259 mm)
  • Antiblocage : de série
  • Poids constructeur/contrôlé : 1 330/1 358 kg
  • Répartition AV/AR : 63/37 %
  • Rapport poids/puissance : 5,9 kg/ch
  • L - l - h : 3 876 - 1 744 - 1 452 mm
  • Empattement : 2 495 mm
  • Voies AV/AR : 1 499/1 499 mm
  • Réservoir : 44 l
  • Roues AV & AR : 7 x 17
  • Pneus AV & AR : 215/45 R 17
  • Prix de base : 39 850 €
  • Options/malus : 4 745/4 026 €
  • Prix du modèle essayé : 48 621 € (malus compris)

Mini John Cooper Works : en mesures

© ERAS

Retrouvez notre essai de la Mini John Cooper Works dans le Sport Auto n°765 du 26/09/2025.

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