Essai - Mini John Cooper Works (2025) : plaisir de conduite ou artifice ?
La version John Cooper Works de la Mini serait capable de "relever le défi de la conduite sur circuit”" Direction le Circuit du Vigeant, pour une vérification dans les règles de l’art de Sport Auto.
Simple avis personnel, sous la forme d’un préambule. La Mini est un coup de génie
marketing, c’est évident. C’est une voiture qui attire l’œil et
cultive un côté branché‑sportivo‑chic. Soit. C’est même un symbole,
une référence, un emblème, selon certains.
Mais contrairement à ce que les sirènes du marketing répètent à
longueur d’année, désolé, c’est tout… sauf un kart. Ou alors il
faut se mettre d’accord sur la définition dudit mot. Jusqu’à preuve
du contraire, un kart, ça ne sous‑vire pas, ça transpire de
sensations mécaniques, ça fourmille d’informations dans la
direction et accessoirement, ça colle au pavé.
Tout ce que la JCW ne fait pas, ou qu’à moitié : motricité
artificielle, c’est‑à‑dire conditionnée aux aides électroniques,
sous‑virage en entrée, et survirage plus ou moins intempestif au
lever de pied, le tout avec une direction muette comme une
carpe.
Rien à voir avec la vague de sensations espérée au volant d’une
auto « inspirée par l’héritage de la course » et censée
être « adaptée aussi bien à la circulation quotidienne qu’à la
conduite sur piste », dixit le site du constructeur.
L’ami Christophe s’en émeut dès son premier tour chrono : « Ça
manque de caractère pour une voiture présentée comme une sportive.
» Ah si, j’oubliais, la seule chose en commun avec un kart,
c’est… la suspension, dure comme du bois sur route bosselée.
Sous le vernis, c’est surfait
Trêve de plaisanteries, même si, vous l’aurez compris et je
répète que ce n’est que mon avis, la Mini, sous le vernis, c’est
surfait. D’autant qu’il ne faut pas compter sur la dernière
génération et son écran circulaire pour réinstaurer le dialogue et
la fluidité entre le conducteur et la machine.
La faute à l’interface semblable à celle de l’immense majorité de
la production automobile, qui centralise les commandes dans des
menus et sous-menus pour le moins confus. Sans parler des modes de
conduite décrits comme des « mises en scène lumineuses
impressionnantes à l’intérieur du véhicule » (si !) ni du
programme Go‑Kart dont la validation déclenche le bruit
d’applaudissement d’une foule en délire, préalable indispensable à
l’activation de la fonction Mini Sound qui recrée un bruit
moteur plus‑artificiel‑tu‑meurs dans les haut‑parleurs.
Et sans quoi le timbre naturel du 4 cylindres est tellement
inexistant qu’il est entièrement recouvert par les bruits d’air
sitôt passé les 80 km/h. Je ne m’attarde pas non plus sur les
musiques d’ambiance, graphiques, animations et éclairages en
pagaille sur l’écran central, qui donnent surtout l’impression
d’être hors sujet et de faire diversion pour cacher le manque de
fond.
Et Christophe d’ajouter : « La nouvelle instrumentation n’est
pas claire et pas très logique. Le régime moteur est à un endroit,
tandis que le rapport engagé est à un autre… Tout compte fait, on
perd de l’attention au volant en devant regarder l’écran pour
activer certaines fonctions. On dit de ne pas toucher le téléphone
en voiture pour ne pas se déconcentrer, mais là, ce n’est pas
mieux. »
Balance pas mal
Le passage à Mortefontaine commence par un tour sur la balance,
où la Mini JCW s’en tire bien, avec 1 358 kg vérifiés avec les
pleins faits. A titre de comparaison, la précédente Mini GP
ultra‑allégée n’avouait qu’une cinquantaine de kilos de moins (1
303 kg). Notre programme des réjouissances continue avec le
traditionnel relevé d’accélérations, qui débute après avoir regardé
ledit écran comme une poule devant son couteau, et tapoté du bout
du doigt jusqu’à enfin trouver le menu qui permet d’enclencher le
launch control.
Résultat : 6’’0 tout pile pour atteindre 100 km/h, 14’’2 pour
franchir les 400 m et 25’’7 pour passer la première borne
kilométrique. Pas mal dans l’absolu, surtout pour une Mini, même si
la boîte n’a rien d’un foudre de guerre. Aussi bien en matière de
rapidité de changement de rapport que d’étagement.
Surtout sur le quatrième rapport, long comme un jour sans pain.
Christophe le pointe du doigt : « C’est dommage parce que sur
ce genre de petites voitures sportives, on devrait avoir des
étagements beaucoup plus courts. La quatrième est tellement longue
qu’elle a du mal à se relancer. Et la deuxième est trop courte…
quand elle accepte de repasser. Cette boîte est probablement
dégradée en raison des réglementations et des émissions. »
Ce qui n’empêche pas les rétrogradages automatiques de procurer un
temps honorable de 100 à 140 km/h, avec 4’’3 relevées. Côté
freinages, nos trois mesures consécutives depuis 200 km/h jusqu’à
l’arrêt complet font état de 158 m. Avec une constance remarquable,
il faut le souligner.
Et je coupe le son
En ce qui concerne les sensations mécaniques, en revanche, il y
a de quoi rester sur sa faim. Christophe lui-même s’en étonne :
« Au volant, ce n’est pas poignant. Le problème, c’est qu’on
entend plus les bruits d’air que le moteur. Il n’y a pas de son, je
trouve que ça manque de caractère pour une voiture performante.
Cela ne donne pas l’impression d’avoir une version John Cooper Works. C’est
aseptisé par rapport à ce que l’on est en droit d’attendre de cette
appellation. »
Il faut avouer qu’en marche normale, c’est-à-dire sans enclencher
la fonction artificielle Mini Sound qui propage un son de
substitution dans les haut-parleurs, c’est le silence radio.
Dommage pour une super GTi de 231 ch. Sur route ouverte et dans des
limites raisonnables du permis de conduire, le comportement
dynamique de la Mini JCW ne prête pas le flanc à la critique.
Mais en la poussant dans ses retranchements, elle devient
quelquefois délicate. Christophe le démontre sur le circuit du
Vigeant : « C’est marrant parce qu’elle sous‑vire, en général,
et qu’elle survire, en particulier dans les virages rapides.
L’arrière est parfois léger, disons un peu vif. Ça peut surprendre
et même venir d’un coup ! Tout à l’heure, j’ai tourné et j’ai fait
une équerre (et fort en plus…) sans le vouloir !
D’autant qu’elle brouille les pistes parce qu’elle a un tempérament
sous‑vireur, donc elle ne donne pas l’impression qu’elle va faire
l’inverse. Mais là, l’arrière est bien venu ! Dans les courbes à
vitesse moyenne, si tu relâches au moment où elle sous‑vire, comme
elle est trop souple, le train arrière décroche.
Cela peut être utile pour se positionner normalement, mais là,
c’est un peu trop vif. Le défaut de ce châssis, c’est le manque de
train avant au moment d’aller chercher la corde et ensuite, quand
on est en surcharge du pneu dans les virages moyens, c’est le
manque de stabilité de l’arrière. »
Tout cela pour dire que je veux bien écouter le discours de Mini
pour être poli, mais désolé, ce n’est pas l’idée que je me fais
d’un kart.
L'avis de Laurent Chevalier : 2/5
Rien à redire concernant le look, avec un dessin sans cesse modernisé, toujours aussi identifiable, et un vrai parti pris en matière de présentation. Mais quand on gratte sous le vernis, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup trop d’éléments artificiels pour générer un plaisir de conduite digne de ce nom. On s’attendait à plus d’authenticité de la part d’une version John Cooper Works.
Mini John Cooper Works : sa fiche technique
- Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
- Position : AV transversale
- Cylindrée : 1 998 cm3
- Alésage x course : 82 x 94,6 mm
- Rapport volumétrique : 10,5R
- égime maxi : 6 500 tr/mn
- Puissance maxi : 231 ch à 5 000 tr/mn
- Puissance au litre : 115 ch/l
- Couple maxi : 38,7 mkg à 1 500 tr/mn
- Couple au litre : 19,3 mkg/l
- Transmission :roues AV, 7 rapports double embrayage
- Autobloquant : non
- Antipatinage : oui
- Suspension AV/AR : pseudo MacPherson, bras inférieurs triangulés + barre antiroulis/essieu arrière multibras avec ressorts auxiliaires intégrés + barre antiroulis
- Direction : crémaillère à pas variable
- Tours de volant : 2,8
- Freins AV/AR : disques ventilés (360/259 mm)
- Antiblocage : de série
- Poids constructeur/contrôlé : 1 330/1 358 kg
- Répartition AV/AR : 63/37 %
- Rapport poids/puissance : 5,9 kg/ch
- L - l - h : 3 876 - 1 744 - 1 452 mm
- Empattement : 2 495 mm
- Voies AV/AR : 1 499/1 499 mm
- Réservoir : 44 l
- Roues AV & AR : 7 x 17
- Pneus AV & AR : 215/45 R 17
- Prix de base : 39 850 €
- Options/malus : 4 745/4 026 €
- Prix du modèle essayé : 48 621 € (malus compris)
Mini John Cooper Works : en mesures

Retrouvez notre essai de la Mini John Cooper Works dans le Sport Auto n°765 du 26/09/2025.


