Essai - Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : 2 propulsions, 2 visions bien différentes
A gauche, une berlinette tricolore thermique devenue une des sportives les plus marquantes de son époque : l'Alpine A110 GTS. A droite, un roadster électrique qui évoque l’avenir : le MG Cyberster. Deux propulsions avec deux visions bien différentes de l’automobile plaisir !
Elle détourne les têtes avec le magnétisme d’une supercar italienne et fait passer son utilisateur pour le nouveau Tony Stark. La MG Cyberster excite les rétines, électrise les foules et s’installe sous les feux de la rampe.
Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : débauche de technologies
Son capot plongeant et la poupe intégrant une signature
lumineuse comprenant une flèche tournée vers l’extérieur nichée
dans chaque optique arrière attirent l’attention. Le clou du
spectacle vient pourtant de ses fameuses portes en élytre, qui se
dressent vers le ciel d’une simple impulsion sur une télécommande
et permettent de rouler à basse vitesse en position ouverte pour
mieux briller sur les réseaux sociaux.
Ces gesticulations amusent l’Alpine A110 qui rigole sous cape
devant cette démonstration trop tape‑à‑l’œil à son goût. Depuis sa
sortie fin 2017, notre petite française a vu bon nombre de
concurrentes se casser les dents sur son concept inédit.
Sa légèreté, sa polyvalence et ses manières récréatives en font une
sportive unique qui marquera son temps. Son 1.8 Turbo entièrement
thermique défend l’ancien monde face à un Cyberster intégralement
électrique tourné vers l’avenir.
Elle jouerait presque les discrètes, si on laisse de côté le toit
carbone, la livrée gris mat ou encore le kit aérodynamique spécial
disponibles en supplément sur cette nouvelle version GTS.
Remplaçant désormais la S et la GT dans la gamme, elle reprend
l’évolution moteur de 300 ch des deux, le châssis raffermi de la
première (hauteur de caisse rabaissée de 4 mm, ressorts raidis de
50 %, tarages des amortisseurs revus, barres antiroulis creuses
raffermies à hauteur de 100 % et pneumatiques Michelin Pilot Sport
4 élargis de 10 mm) et les sièges réglables en hauteur et en
inclinaison de la seconde.
Rien n’empêche évidemment d’y mettre les baquets fixes Sabelt ici
présents et d’y ajouter de très tentantes options pour faire monter
la facture à 111 370 € comme sur notre modèle d’essai. En prenant
en compte un malus de 5 404 €, certes raisonnable par rapport à
celui de ses concurrentes thermiques, cela commence à faire
beaucoup.
J’en finirais par soupçonner Alpine de profiter de sa disparition
imminente pour saler exagérément l’addition ! En bon constructeur
chinois qui se respecte, MG semblerait presque casser ses prix.
Par rapport à son homologue intégrale récemment essayée, cette
nouvelle version propulsion se débarrasse du moteur avant de 204 ch
pour ne garder que l’unité arrière de 340 ch. Elle allège son tarif
de 5 000 € et revient à 62 990 €, avec une débauche de technologie
et sans le moindre malus.
Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : luxe ou légèreté
Après que les portes se sont refermées d’une légère pression sur
un commodo de la console centrale, l’effet waouh se poursuit une
fois assis dans une élégante sellerie cuir bicolore. Les quatre
écrans qui constituent la planche de bord transpirent la modernité,
et la présentation en met plein la vue.
Seuls problèmes, la navigation à travers les nombreux menus impose
un temps d’adaptation, et des détails d’ergonomie agacent. La
fonction GPS sur l’écran de droite devient pratiquement illisible
en roulant.
Il arrive même que le genou gauche vienne parfois taper contre les
touches de sièges électriques sur la contre‑porte en changeant
brutalement ses réglages ! C’est d’autant plus dommage que la
position de conduite apparaît tout de suite trop haute, souffre
d’un dossier inutilement bombé et d’un volant installé trop
bas.
Contre toute attente, ce défaut finit presque par se faire oublier
sur le long trajet qui mène dans la région de Sancerre. Un peu
percutante en ville à basse vitesse, elle devient plus confortable
sur route et profite de la douceur de sa propulsion
silencieuse.
Les relances permises par les 340 ch sont suffisamment toniques
pour rendre la moindre sortie de virage plaisante, sans pour autant
maltraiter exagérément une oreille interne généralement perturbée
par l’absence de toute sensation mécanique.
Au point de la juger plus cohérente que la version de 510 ch. La
consistance plutôt naturelle d’un freinage en partie régénératif
constitue également une bonne nouvelle. L’agrément octroyé par ce
Cyberster à un rythme normal rend le concept de roadster électrique
aussi unique que spécial.
Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : saveur inattendue
La possibilité de rouler cheveux au vent en silence offre
davantage d’interaction avec l’environnement extérieur et prend une
saveur inattendue. Le plaisir est d’autant plus grand que notre
Cyberster n’a besoin que de dix petites secondes pour jouer les
transformistes jusqu’à 50 km/h.
C’est à se demander pourquoi les constructeurs ne se sont pas
lancés plus tôt dans cette aventure. Le changement de monture
s’impose après la pause recharge d’une grosse demi‑heure. Quitte à
nous répéter, la berlinette tricolore fait toujours ce délicieux
effet de revoir cette bonne copine que l’on a l’impression d’avoir
quittée la veille.
Quelques minutes suffisent à retrouver ses automatismes et à se
sentir chez soi. Les baquets un peu fermes et au maintien parfait
participent à cette impression de faire corps avec une auto vouée
au plaisir de conduite.
Cette légèreté qui se ressent dès le premier coup de volant n’amène
qu’à regretter l’embonpoint pris par la large majorité des
sportives actuelles dont les puissances sont difficiles pour ne pas
dire impossibles à exploiter sur la route.
Il y a également ce freinage à l’attaque franche, dont la fermeté
permet un dosage idéal et incite à taper dans la pédale. En
attendant d’augmenter le rythme, l’A110 GTS se montrerait presque
aussi douce que sa rivale si l’on met de côté son amortissement
figé à basse vitesse.
Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : diablement efficace
La boîte à double embrayage engrène ses sept rapports sans le
moindre à‑coup en mode Normal et la disponibilité du 4 cylindres
turbo qui a à peine plus de 1 200 kg à emmener avec son pilote à
bord s’apprécie au quotidien.
Il se fait forcément un poil plus entendre que la propulsion
silencieuse chinoise, mais demeure discret sur longs trajets et
autorise à espacer davantage ses pauses. Son effet turbo se ressent
un peu avant 2 000 tr/mn, avant de délivrer tout son punch entre 2
500 et 6 000 tr/mn.
A défaut d’émouvoir, ce quatre pattes est diablement efficace et
profite d’une boîte EDC rapide dès le mode Sport et encore plus
percutante sur le programme Track, qui impose alors de jouer avec
les palettes fixes.
Toujours à la traîne en accélération, le Cyberster fait à peu près
illusion jusqu’à 130 km/h, avant de s’effondrer derrière une Alpine
capable de cavaler jusqu’à 275 km/h avec son kit aéro.
Complément d’enquête sur les petites routes exigeantes et bosselées
du Sancerrois. Sur une surface plane, la MG garde sa dignité. Son
positionnement de GT, ses prises de roulis et son poids finissent
certes par se faire sentir dans les changements de cap, mais elle
peut compter sur un châssis équilibré et une direction suffisamment
informative pour donner le change.
Son architecture propulsion engendre un léger déhanché en sortie
qui ajoute une petite pointe d’agilité que l’on ne retrouve pas sur
la version 510 ch. Sur chaussée bosselée en revanche, cela se
dégrade aussi rapidement que le revêtement, à cause d’un
amortissement que MG promet de corriger prochainement.
A l’avant, passe encore, mais la poupe finit vite par subir des
mouvements verticaux exagérés. Ce typage chamallow que l’on croyait
disparu nuit à la précision de conduite, rend la motricité
inexistante et incite tôt à calmer le jeu.
Autre frein : l’autonomie descend en peu de temps avec un pied
droit insistant. A rythme raisonnable, elle redevient cette seule
et délicieuse découvrable permettant d’apprécier les sons de la
nature en roulant.
Alpine A110 GTS vs MG Cyberster : tempéraments opposés
Le changement d’ambiance est si marqué dans l’Alpine qu’elle
donnerait presque envie de chausser ses bottines. Ses commandes si
précises, sa direction communicative, sa légèreté contagieuse ou
encore ce fameux freinage qui incite à peaufiner son dégressif font
l’effet de ce petit diablotin qui vous exhorte à hausser le ton et
à exploiter ses incroyables qualités.
Quelques kilomètres à peine suffisent à voir la MG disparaître du
rétroviseur central. Le grip supérieur des Michelin Pilot Sport 4
par rapport aux Pirelli PZero E de la chinoise et son châssis
autrement plus affûté font défiler le paysage bien plus vite.
L’A110 GTS devient alors un joujou extra, diablement addictif. Son
train avant précis s’engouffre à la corde et gagne encore en
précision en l’accompagnant avec les freins. Elle profite ensuite
de son excellente motricité naturelle pour effacer la sortie d’un
coup d’accélérateur. Son amortissement intransigeant n’offre pas la
subtilité ni le confort de celui d’une A110 R.
Il tabasse un peu et peut engendrer quelques réactions d’ABS sur
les fortes décélérations, mais sa faculté à encaisser les grosses
déformations incite à mettre du rythme. La finesse du châssis et sa
manière de virevolter entre deux enchaînements transforment notre
itinéraire en spéciale de rallye.
Impossible de ne pas faire durer le plaisir en retardant ses
freinages et en augmentant ses vitesses d’entrée avec une auto dont
les consommables n’enregistrent aucun signe de fatigue. Ludique à
souhait, elle s’adonne bien volontiers à quelques jolies
figures.
Un petit coup de volant suivi d’une légère pression sur les freins
permet de déstabiliser gentiment l’arrière, puis d’entretenir la
glisse à l’accélérateur, avec une progressivité inédite avec un
moteur central.
L’action subtile des freins sur la roue arrière intérieure pour
l’empêcher de cirer ne se ressent pas derrière le volant, mais elle
remplit la fonction d’un différentiel autobloquant pour que se
prolonge le plaisir.
La MG dispose d’un système à peu près comparable, mais moins
abouti. En outre, son ESP déconnectable qui se remet au freinage
oblige à déclencher la dérive à l’accélérateur, avant que les puces
savantes ne sonnent la fin de la récréation au bout de quelques
secondes. De toute façon, bien peu de propriétaires de Cyberster se
plieront à ces facéties !
L'avis de Jacques Warnery
Certains diront que l’issue du match est écrite à l’avance
et que la MG Cyberster ne peut rivaliser avec l’A110 GTS. Mais la
MG ne s’en tire pas si mal, avec un agrément loin d’être
négligeable.
A défaut de dynamisme, son concept de roadster électrique offre un
autre ravissement qu’il est intéressant d’aborder. Cela ne change
rien au fait qu’en matière de plaisir pur, il n’y a pas photo
!
Alpine A110 GTS : fiche technique
- Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
- Cylindrée : 1 798 cm3
- Puissance maxi : 300 ch à 6 300 tr/mn
- Couple maxi : 34,7 mkg à 2 400 tr/mn
- Transmission : roues AR, 7 rapports à double embrayage
- Antipatinage : de série (déconnectable + contrôle de trajectoire)
- Autobloquant : non
- Poids annoncé : 1 108 kg
- Rapport poids/puissance : 3,7 kg/ch
- L - l - h : 4 215 - 1 798 - 1 248 mm (avec kit aéro)
- Empattement : 2 420 mm
- Pneus AV & AR : 215/40 & 245/40 R 18
- Réservoir : 45 l
- Prix de base : 79 500 €
- Prix des options/malus : 31 870/5 404 €
- Prix du modèle essayé : 116 774 €
- V. max. : 260 km/h (275 avec kit aéro)
- 0 à 100 km/h : 4’’2
MG Cyberster : fiche technique
- Moteur : électrique synchrone à aimants permanents
- Puissance maxi : 340 ch
- Couple maxi : 48,4 mkg
- Capacité de la batterie : 77 kWh (brut)
- Puissance de recharge : 144 kW
- Transmission : roues AR, 1 rapport avec réducteur
- Antipatinage : de série (déconnectable + contrôle de trajectoire)
- Autobloquant : non
- Poids annoncé : 1 885 kg
- Rapport poids/puissance : 5,5 kg/ch
- L - l - h : 4 535 - 1 913 - 1 329 mm
- Empattement : 2 690 mm
- Pneus AV & AR : 245/45 & 275/40 R 19
- Prix de base : 62 990 €
- Prix des options/malus : 650/0 €
- Prix du modèle essayé : 63 640 €
- V. max. : 195 km/h
- 0 à 100 km/h : 5’’0
Retrouvez notre essai comparatif entre les Alpine A110 GTS et MG Cyberster dans le Sport Auto n°765 du 26/09/2025.


