F1 - Les ravitaillements pourraient bien revenir

Jean Todt, Président de la FIA, veut étudier le retour des ravitaillements. Pat Symonds, directeur technique de Williams, les juge nuisibles pour le spectacle.
L'an dernier, le Groupe Stratégique a annoncé le retour des ravitaillements en 2017, afin de
bénéficier de monoplaces plus légères et d'améliorer les
performances. Les équipes s'y sont vite opposées puis qu'ils feraient augmenter
les coûts et que l'histoire de la F1 montre qu'ils nuisent au spectacle. L'idée a logiquement été
rejetée.
Jean Todt, le Président de la FIA, n'a cependant pas abandonné
l'idée d'un retour des ravitaillements. Il souhaite que la question
soit à nouveau discutée.
« Oui, c'est vrai, » a confirmé Todt à l'AUTOSPORT Show.
« Si vous avez des doutes sur quelque chose, et honnêtement
personnellement j'ai un doute, discutons-en dans la réunion du
groupe de travail, nous verrons si c'est bien ou pas d'avoir les
ravitaillements. »
« Vous connaissez la raison de l'interdiction des
ravitaillements ? C'était le coût du transport du tuyau de
ravitaillement. Maintenant nous sommes plutôt dans une ère moderne
où nous savons comment ça marche. »
Les coûts en débat, le spectacle moins
Pour Jean Todt, la question des coûts n'est pas un véritable
argument. Il pense qu'ils sont désormais facilement contrôlables.
Il faut surtout déterminer l'intérêt des ravitaillements pour le
spectacle.
« On parle d'environ 50 000 euros par an, » assure Todt.
« Si c'est bien pour le spectacle, je suis en faveur de
réduire les coûts mais ce n'est pas un élément clé dans les coûts
globaux de la Formule 1. »
Pour Pat Symonds, il est évident que les ravitaillements sont
mauvais pour le spectacle. Pour lui, il est préférable que les
arrêts soient déterminés par un élément incertain, comme l'usure
des pneus, plutôt que par un élément calculable avec précision,
comme la consommation.
« (Les ravitaillements) enlèvent le spectacle de la course, et
l'incertitude de la course, » a souligné le directeur
technique de Williams durant l'AUTOSPORT Show selon
Motorsport.com.
« Je pense que ça mène à des courses qui sont anticipées, ce
que je veux dire, c'est qu'on peut déterminer une stratégie, et
nous prenons la voie la plus tactique en course. »
« En d'autres mots, (actuellement) nous déterminons nos arrêts
sur ce que les pneus font, ce qui ne sera pas nécessairement ce qui
est prévu, et sur ce qui se passe avec la concurrence. »
« Dès qu'on a les ravitaillements, on anticipe les
choses : si vous mettez du carburant pour aller jusqu'au 24ème
tour, vous vous arrêtez au 24ème tour. On ne peut évidemment pas
aller plus loin que ça, et si on s'arrête avant ça, la pénalité est
beaucoup trop forte. »
Il rappelle que l'interdiction des ravitaillements a amélioré le
spectacle : « Je pense qu'il y a quelques années, après
l'interdiction des ravitaillements, nous avons vu des courses bien
meilleures, » précise Symonds. « Donc je pense que c'est
vraiment un pas en arrière. »
Il ne pense pas que le gain de vitesse avec moins de carburant est
visible à l'oeil nu : « Par exemple, dans les deuxièmes
séances d'essais, nous commençons à rouler avec peu de carburant et
nous finissons avec beaucoup de carburant, vous ne voyez pas
vraiment la différence, » déclare -t-il.
Les ravitaillements pourraient également nuire à l'image voulue par
les constructeurs, en mettant l'accent sur une consommation
élevée.
« Les constructeurs viennent de dépenser des centaines de
millions sur ces nouveaux groupes propulseurs hybrides, » a
expliqué Claire Williams, team manager adjoint de Williams.
« Ils ont plus utiles pour l'industrie automobile, et pour les
débats sur l'efficacité sur la route que nous devons avoir dans la
société actuelle. »
« Ramener les ravitaillements, et donner à nouveau à la F1
l'image d'un sport qui utilise énormément de carburant, va
complètement à l'encontre de ce message. Donc je suis fermement
opposée aux ravitaillements. »


