F1 - Renault décrit ses problèmes

Renault a eu des soucis sur les pistons et un composant électronique cette année, et le développement a été mal anticipé. Le motoriste a appris de ces erreurs.
Cette année, Renault espérait combler l'écart avec Mercedes. Le
motoriste français est finalement resté en retrait, avec Ferrari
qui a pris l'avantage, et il a eu de gros problèmes de fiabilité en
début de saison. Trois soucis majeurs sont apparus dès les premiers
essais: des pistons pas assez fiable, un composant électronique qui
posait problème sur le groupe propulseur et un développement
poursuivi trop tard avec la volonté de se donner plus de temps.
« Nous sommes arrivés aux premiers essais hivernaux en pensant
que nous avions fait un grand bond en avant pendant
l’intersaison, » indique Rémi Taffin, le directeur des
opérations de Renault Sport F1, sur le site du motoriste.
« Nous estimions vraiment avoir fait du bon travail. C’était
le cas dans certains domaines, mais nous avons été pris en défaut
sur trois points. »
« Le premier était un problème significatif de fiabilité sur
les pistons. Nous n’avions pas rencontré de problème particulier
lors de nos essais et toutes les pièces avaient été validées selon
nos procédures habituelles. »
« Deuxièmement, nous avions un souci avec un composant
électronique du Power Unit. Nous n’avons pas tout de suite mis le
doigt dessus et cela a été une source récurrente de
problèmes. »
« Enfin, nous avons pris trop de retard en voulant retarder
nos orientations jusqu’au dernier moment. La spécification du Power
Unit pour la première course a été définie très tard et nous
n’étions tout simplement pas prêts. »
Renault a voulu trop bien faire mais ces erreurs ne devraient plus
se produire : « Nous voulions tellement combler l’écart
que nous nous sommes pris les pieds dans le tapis... » estime
Taffin. « Au bout du compte, cet ensemble de problèmes nous a
permis d’apprendre beaucoup et de nous assurer que nous ne
revivrons pas ce type de situation dans le futur. »
Les problèmes ont été résolus à Barcelone
Avec ce faux départ, Renault a eu besoin de plusieurs courses
pour retrouver une fiabilité acceptable. C'est à partir de
Barcelone qu'elle a été satisfaisante.
« L’Australie n’était pas un début très glorieux et cela nous
a pris jusqu’au Grand Prix d’Espagne pour résoudre la majorité des
problèmes, » précise Taffin. « Les quatre premières
courses étaient décevantes et nous effectuions le travail qui
aurait dû être mené pendant l’hiver. »
« Entre Melbourne et Bahreïn, nous avons travaillé très dur
sur la fiabilité et l’agrément de pilotage. Nous sommes revenus en
bonne forme en Espagne. Puis Monaco a confirmé que nous étions à un
bon niveau. »
« Nous avons amélioré la fiabilité en renforçant nos processus
de validations. Les pièces qui faisaient défaut, comme les pistons,
ont été améliorées ou modifiées lorsque c’était
nécessaire. »
« Nous devions nous assurer que ces composants tiendraient la
distance et nous avons cherché à résoudre les problèmes potentiels
au banc d’essai plutôt que sur la piste. Nous sommes vraiment
retournés aux fondamentaux, en changeant nos méthodes et en
modifiant les pièces défectueuses. »
Pendant plusieurs semaines, Renault ne s'est concentré que sur la
fiabilité, en retardant les évolutions pour la
performance: « Avant de travailler sur la performance,
nous devions vraiment reprendre la main sur la fiabilité, »
déclare Taffin. « Nous avons dû prendre des pénalités pour
pouvoir introduire des évolutions, et cela n’a fait qu’aggraver la
situation. Nous devions en outre utiliser les Power Units jusqu’à
la fin de leur vie. Ils ne fonctionnaient pas très bien lors des
essais libres et cela brouillait un peu plus les cartes. »
« Au cours de la saison, nous avons eu six problèmes majeurs,
trois au début et trois à la fin. Mais il s’agissait de soucis
opérationnels, sans rapport avec la spécification du Power
Unit. »
Préparer 2016 est devenu la priorité
La fiabilité étant assurée, Renault a préféré préparer la saison
2016. C'est pour cela que les nouveautés n'ont été proposées
qu'à Austin et utilisées qu'à Interlagos, même s'il ne s'agissait que de
celles sur le moteur et pas celles sur le
turbo. Le but est surtout de trouver de solutions pour 2016 plus
que de progresser immédiatement. Renault a pu avoir des
informations utiles malgré des performances décevantes.
« Dès lors que nous savions que le Power Unit 2015 était
fiable tout en offrant un bon agrément de pilotage, nous avons
essayé d’introduire des évolutions en vue de 2016, ou de tester de
nouvelles configurations pour emmagasiner un maximum
d’informations, » détaille Taffin. « À partir du cap de
la mi-saison, nous étions déjà plongés dans le développement du
Power Unit 2016 et nous avons eu la possibilité de proposer la
fameuse Spec D lors des dernières courses. »
« Il ne s’agissait que d’un tout petit avant-goût de 2016,
mais c’était important de l’utiliser pour obtenir des informations
et vérifier si nous étions sur la bonne voie. Nous étions
impatients de voir si nos dernières trouvailles étaient
pertinentes. Il s’agissait d’un pas en arrière dans certains
domaines et le gain n’était pas significatif. Mais c’était
indispensable pour continuer à avancer. »
Red Bull a annoncé que Renault utilisera des idées d'Ilmor la saison
prochaine, ce que l'équipe voulait. Les idées du motoriste
indépendant n'ont pas été utilisées cette année mais elles
restent intéressantes: « Nous allons continuer avec eux
l’an prochain ! » confirme Taffin. « Ils ont posé
des idées nouvelles sur la table, comme une chambre de combustion
différente. Nous allons poursuivre cette collaboration en 2016,
tout en continuant à développer beaucoup de choses en
interne. »
« Avec des partenaires du niveau d’Illmor, nous pouvons agir
sur un spectre plus large et profiter de leur riche expérience.
Nous n’avons pas vu tout le bénéfice de ce travail en 2015 pour
plusieurs raisons. Maintenant que les choses sont sous contrôle,
nous suivons le cap fixé. Cela se verra en 2016 et
au-delà. »
Renault a beaucoup appris
La saison 2016 sera importante pour Renault, qui aura désormais
sa propre équipe. Le constructeur a appris des
difficultés qu'il a eues cette année.
« Nous avons terminé l’année avec beaucoup de nouvelles
connaissances et informations, mais nous n’avons malheureusement
pas obtenu les résultats espérés, » rappelle Taffin.
« Nous avons dû faire des ajustements, revenir aux basiques
dans des domaines tels que la fiabilité. Tout ceci nous a permis de
préparer la saison 2016 à court terme et les suivantes à long
terme. »
« Ce n’est pas comme si nous avions tiré un trait sur cette
saison dès son début. Nous sommes maintenant capables d’avoir une
vision à long terme, en sachant que même si le présent est
difficile, cela ira mieux ensuite. »
Renault veut aborder l'année 2016 avec plus de prudence:
« Nous allons essayer de prendre les choses dans l’ordre pour
ne pas reproduire les mêmes erreurs, » détaille Taffin.
« En décembre, la définition "Melbourne" du Power Unit 2016
tournera au banc d’essai. Après le programme d’endurance et la
calibration, nous pourrons attaquer les essais de fin janvier avec
sérénité. »
« La spécification pour la première course a été figée et elle
semble fiable après plusieurs milliers de kilomètres au banc.
Naturellement, il reste encore des détails à régler. Mais il s’agit
de réglages fins et nous sommes vraiment dans une meilleure
situation que l’an passé à même époque. »


