Officiel : l'écurie Renault de retour en 2016

En 2016, Renault s'engagera à nouveau en tant qu'écurie complète. Cinq ans après la cession d'Enstone, le constructeur français rachète Lotus F1 Team.
Renault vient de décider le neuvième mouvement stratégique de son implication historique en formule 1. Débuts en 1977 ; retrait en tant qu'écurie fin 1985 puis en tant que motoriste fin 1986 ; retour avec Williams en 1989 ; éloignement de 1998 à 2001 ; renaissance de l'écurie d'usine en 2002 ; effondrement post-Crashgate de l'édifice en 2010 ; concentration ensuite sur son coeur de métier avec Red Bull et sur la révolution des moteurs hybrides de 2014.
Son 301e GP à Melbourne
En 2016, donc, Renault reprendra à nouveau la forme d'une écurie
d'usine pour seulement la troisième fois de son histoire, et
prendra part à Melbourne, le 20 mars prochain, à son 301e GP.
Carlos Ghosn, son Président, a enfin pris sa décision, après des
mois d'attente et de dures négociations avec Bernie Ecclestone au
sujet de revenus financiers en hausse. Au dernier salon de
Francfort, il avait déclaré que Renault n'avait désormais que deux
options : "quitter la Formule 1 ou gérer notre propre écurie. Nous
avons été clairs avec Red Bull en disant de ne plus compter sur
nous en tant que fournisseur de moteurs. Nous avons déjà alerté les
autorités de la Formule 1 en leur disant de ne plus compter sur
nous en tant que fournisseur de moteurs. C’est fini. »
Fin septembre, Renault signait une lettre d'intention de rachat de
l'écurie Lotus alors devant le tribunal de commerce de Londres en
vue d'une liquidation proche. La date limite était fixée au 7
décembre. Quatre jours avant la cruciale échéance, Renault a donc
confirmé la transaction. Sans cela, Lotus disparaissait.
Un an de plus avec Red Bull...TAG ?
En plus de la décision finale de gérer désormais sa propre
écurie, Renault conservera aussi, en parallèle, sa relation avec
Red Bull. Même si rien n'a été annoncé ce jeudi soir. C'est en fait
le résultat d'une constatation et d'une espérance. La constatation
est qu'il serait peut-être hasardeux de se couper d'une écurie de
premier plan comme Red Bull et d'une source de retour sur
investissement financier. Le tout face à Mercedes et ses trois
clients, ou encore Ferrari et ses trois partenaires. L'espérance
est aussi de profiter pendant un an d'un travail de développement
technique et de retour d'informations avec Red Bull, alors que le
châssis Lotus/Renault risque d'être peu compétitif et que remettre
Enstone à niveau prendra du temps.
Le Power Unit Renault de Milton Keynes sera badgé normalement TAG,
en rapport avec l'horloger suisse TAG-Heuer. Ce serait un sacré
clin d'oeil doublé d'une ambiguïté censée narguer McLaren et Ron
Dennis. En effet, Red Bull vient de piquer le sponsor historique de
montres de McLaren. Il avait été intégré en 1985 au tentaculaire
groupe TAG des Ojjeh, avant d'être revendu à LVMH. Il n'y a donc
plus de lien entre l'actionnaire de McLaren et Heuer mais il reste
en arrière plan l'évocation du moteur de McLaren, le Porsche Turbo
V6 1,5 litre, entre 1983 et 1987, qui s'appelait... TAG (tout
court) !
Renault utilisera 2016 comme une année de transition, avec
notamment deux pilotes payants - Maldonado et Palmer, également
tous les deux champions de GP2 en 2010 et 2014 - imposés par les
contrats en cours avec Lotus et indéboulonnables à moins de sortir
des dizaines de millions ou d'entamer un bras de fer juridique. La
vraie nouvelle aventure 100% Renault débutera elle en 2017, avec sa
vraie identité, sa vraie ambition et ses vrais pilotes : un jeune
français associé à un pilote confirmé étranger, nous dit-on.
Les premiers essais dans 2 mois et demi
On ne sait pas encore grand chose de l'organisation et du
fonctionnement précis de l'écurie.
Tout restera-t-il à Enstone ? Y aura-t-il une relocalisation
partielle en France à Viry ? Au contraire, une partie de Viry
sera-t-elle ramenée à Enstone ? Qui en sera le patron opérationnel
? Comment seront réparties les tâches de pouvoir entre Cyril
Abiteboul, Frédéric Vasseur et Alain Prost ? D'autres informations
suivront début janvier 2016. On attend notamment de savoir quelle
place il y aura pour un pilote français (Ocon, Vergne, Gasly), au
moins dans un rôle de troisième pilote.
On sait depuis plusieurs mois que Bob Bell, ex-Mercedes et
ex-Renault (déjà), en est charge de la direction technique, et que
Renault a recruté en septembre dernier un ancien responsable de la
division Motorosport de Mercedes-Benz, Axel Wendorff, dont la
mission est de remettre Viry dans le droit chemin. L'avenir de
Renault passe par des progrès notables de son moteur, cause de
nombreux troubles depuis 2014.
Côté Enstone, il faudra accélérer la finition du châssis 2016, dont
personne ne sait à quelle phase il est en exactement. Les premiers
essais débutent dans deux mois et demi à Barcelone !
La F1 peut souffler !
Quoi qu'il en soit, Renault revient à la F1 dans une situation
périlleuse. Une décision courageuse, inscrite dans la durée, sur 9
ans, jusqu'en 2024. C'est bien le plus important même si le visage
2016 de Renault ne ressemblera pas tout à fait à ce dont les fans
français auraient pu rêver. On est loin de Mercedes en 2010 avec
Michael Schumacher et Rosberg, mais la France sauve in extremis sa
présence en F1, après avoir bien failli le perdre. Avec des moyens
politiques et financiers moindres.
Alors que dans un passé proche, Jaguar, BMW ou encore Toyota ont
claqué la porte, - et même Honda avant de revenir comme motoriste-,
Renault a assuré l'essentiel : sa survie en F1. Et évite par la
même occasion une crise sans précédent à ce sport. Mais mieux
encore, elle a de la visibilité devant elle et le soutien de Carlos
Ghosn pour retrouver le premier plan et les succès.
A voir ce qu'il est maintenant possible d'en faire dans une
situation, en plus, où la F1 n'est sûre de rien : ni de sa
stabilité ni de ses règlements châssis 2017 ou moteurs 2018. Dans
la tempête, il est déjà bien de s'être mis au sec.
Retrouvez le communiqué en son entier et la déclaration
de Carlos Ghosn : "J'ai décidé que la place de Renault était en
formule 1 en 2016. Les derniers éléments venant des actionnaires de
la F1 m'ont donné la confiance nécessaire pour accepter ce nouveau
challenge. Notre ambition est de gagner même si cela prendra du
temps."


