Humeur : battre Mercedes, rêve ou réalité ?

Avant ce GP d'Australie, l'hypothèse d'un duel Mercedes/Ferrari trotte dans toutes les têtes. Est-ce crédible ? Parole à l'histoire.
Mercedes peut-elle être battue ? Tout le monde l'espère, dans
l'intérêt du sport. Mais voir d'un coup une écurie ayant signé 32
victoires et 36 pole positions sur 38 possibles en deux ans parait
un peu optimiste.
Avant elle, quelle écurie, archi-dominatrice, a perdu le pouvoir en
si peu de temps, et comment ? Petit retour en arrière.
Red Bull
De 2010 à 2013, Red Bull domine la F1, Vettel engrangeant quatre
titres (pareil pour son équipe) et signant fin 2013 une série
historique de 9 victoires consécutives. Pourtant, en 2014, Red Bull
n'est plus que l'ombre d'elle-même. Son avance d'entre 4 et 8
dixièmes de seconde au tour a totalement disparu. La faute au
nouveau règlement des moteurs hybrides qui a redistribué les cartes
faisant passer le pouvoir des mains de Renault à celles de
Mercedes.
Ferrari
Michael Schumacher a attendu 5 saisons en Rouge pour emporter un
titre, mais ensuite il est devenu dur à arrêter. 2000, 2001, 2002,
2003, 2004 : l'Allemand remporte tout presque. Ferrari est à son
apogée. Mais en 2005, tout s'arrête net, suite à un nouveau
règlement pneumatique. L'interdiction de changer de pneus en course
heurte Bridgestone, et Renault aidé par Michelin mais aussi Alonso
et une excellente voiture devient la référence. Encore une bascule
de performance impressionnante en un hiver.
Williams
Pour battre Williams de 1992 à 1997, il fallait se lever de bonne
heure. Ou s'appeler, en 1994 et 1995, Benetton et Michael
Schumacher. Un coup d'arrêt épisodique (réduction de l'aéro), 1996
et 1997 revoyant Williams retrouver les sommets. En 1998, tout
bascule. Encore un nouveau changement drastique de règlement :
aéro, pneus rainurés... McLaren en profite et prend la succession.
Pour deux ans. Williams, elle, est reléguée à pas loin de la
seconde au tour.
McLaren
De 1988 à 1991, McLaren représente la perfection en F1. Duels
Prost/Senna, saison 1988 exceptionnelle, records en cascade... La
concurrence, parfois proche (comme Ferrari en 1990), parfois
atomisée, est battue. Mais en 1992, Williams met un terme à ce
cycle. Un début de révolte entrevu à quelques reprises courant 1991
quoique encore contenu par McLaren avec un avantage de quelques
dixièmes en fin d'année. Sans grand changement technique dans le
règlement, Williams a mis la main sur une électronique
d'avant-garde. Les monoplaces de Grove sont en 1992 une seconde
plus rapide que les McLaren. Parfois deux secondes. Le V12 Honda
vieillit face au V10 Renault.
Comme Ferrari en 1990 ?
L'histoire prouve que les fins de domination n'ont pas cinquante
explications. Elles reposent toujours ou presque sur un changement
important de règlement ou sur une astuce technique.
En 2016, une de ses conditions est-elle réunie ? Pas vraiment. Rien
côté aéro. Mercedes est à l'abri de ce côté-là. Et même le
changement de dernière minute du format de qualifications n'est pas
de nature à faire vraiment trembler les Allemands. Au pire, la
combinaison de variétés des pneus et de refonte des qualifs risque
de temps en temps de servir de bâtons dans les jantes de l'écurie
championne en titre. Un peu d'imprévu en plus qui peut avoir des
conséquences ponctuelles.
Pour le reste, il faudra donc compter uniquement sur un gain de
performance miracle d'un de ses adversaires, notamment Ferrari.
Comme déjà elle en 1990, face à l'ogre McLaren. Seul un boulot
exceptionnel peut payer pour rattraper les quelques sept dixièmes
d'avance dont Mercedes disposait en 2015 en moyenne. Ou alors
Ferrari doit réussir une saison intelligente et parfaite façon
Schumacher et Benetton en 1995 contre Williams. C'est plus de
côté-là que la bascule peut venir, même si le duo Hamilton/Rosberg
est bien plus fort que l'attelage Hill/Coulthard qui avait tant
flanché en 1995.
Les discours prendront fin dimanche, au terme du premier grand
prix. On verra alors le vrai niveau des progrès de Ferrari. Dans le
paddock, il se dit que Mercedes garderait encore un avantage estimé
à trois dixièmes. Si c'était le cas, la Scuderia aurait quand même
fait un sacré bon en avant.


