Renault 5 Alpine Turbo (1981-1984) : que vaut-elle sur le marché de l'occasion ?
Lancée dans la lignée directe de la R5 Alpine atmosphérique, la R5 Alpine Turbo est l’une des premières GTI françaises à adopter un turbocompresseur. Moins mythique que la R5 Turbo à moteur central, elle reste une sportive injustement sous-estimée.
Alors que l’Alpine A290, première citadine sportive électrique de la marque dieppoise, fait son entrée sur le marché en 2025, nombreux sont ceux qui se replongent dans l’histoire des petites bombinettes badgées Alpine. Avant l’ère du tout électrique, il y avait une autre A290, en quelque sorte : la R5 Alpine Turbo. C'est la version musclée de la citadine au losange, lancée en 1981.
Renault 5 Alpine Turbo : une GTI à turbo née en 1981
En 1981, Renault greffe un turbo Garrett T3 au moteur 1.4 Cléon-Fonte de la R5 Alpine. Il en résulte une nouvelle puissance portée à 110 ch pour seulement 850 kg, le tout envoyé aux roues avant via une boîte manuelle 5 rapports. Le couple grimpe à 157 Nm, soit près de 20 % de plus que l’Alpine atmo et la vitesse de pointe atteint 186 km/h.
À l’époque, c’était une petite bombe. Encore aujourd’hui, elle procure de vraies sensations, typiques du turbo "à l’ancienne" avec son fameux coup de pied à mi-régime.
L’intérieur
L’ambiance est résolument sportive, et très « années 80 ». On retrouve une sellerie semi-baquet spécifique Alpine, des compteurs à fond rouge, un manomètre de pression de turbo et un volant 3 branches badgé Alpine. La présentation est sobre, mais fonctionnelle. Pas d’ABS, pas de direction assistée, pas d’airbags. Ici, tout repose sur le pilote.
L’ergonomie reste correcte mais les matériaux ont mal vieilli. Les plastiques peuvent se craqueler et la sellerie d’origine est souvent fatiguée, voire déchirée. Attention aussi à l’état de la moquette, qui peut être abîmée par l’humidité.
La carrosserie
Basée sur une Renault 5 classique, l’Alpine Turbo se distingue par ses élargisseurs d’ailes, ses pare-chocs spécifiques, ses jantes de 13 pouces à ailettes et ses stickers « Turbo ». Malgré une allure sobre comparée à la R5 Turbo, elle reste immédiatement reconnaissable. Hélas, la corrosion est le plus grand ennemi de cette génération : passages de roues, planchers, longerons, bas de caisse… tout doit être inspecté minutieusement. Méfiez-vous également des modèles ayant subi une peinture à l’économie ou des restaurations douteuses. Les pièces de carrosserie spécifiques se font rares et chères.
Le moteur
Le bloc 1.4 turbocompressé (type 840-30) est globalement fiable s’il est entretenu rigoureusement. Le turbo Garrett T3, s’il est d’origine, peut accuser son âge. Le carburateur Weber double corps est délicat à régler et demande une vraie expertise. L’absence d’intercooler rend le moteur sensible aux fortes charges thermiques.
Les surchauffes sont à éviter absolument. Vérifiez l’absence de fumées, les démarrages à froid ainsi que la réponse du turbo. Un moteur bien réglé offre une belle montée en régime et une sonorité plaisante. Elle mêle souffle du turbo et grondement mécanique.
La transmission et les trains roulants
La boîte 5 manuelle est agréable mais peut paraître un peu floue comparée à une 205 GTI. L’embrayage est robuste, mais les synchros peuvent fatiguer avec le temps.
Côté trains roulants, la R5 Alpine Turbo repose sur une suspension classique à ressorts hélicoïdaux. Les amortisseurs, rotules, silentblocs sont souvent en fin de vie. La direction non assistée est directe mais peut sembler lourde en ville. Sur route sinueuse, le comportement est vif, mais demande une conduite engagée.
Ne passer surtout pas à côté de l'essai routier avant de vous lancer. Une Alpine Turbo en bonne santé doit être ferme, précise et ne pas tirer d’un côté.
Les coûts d’entretien et d’assurance
L’entretien courant reste accessible, avec des pièces mécaniques de base encore disponibles, notamment chez les spécialistes Renault classiques.
En revanche, les pièces spécifiques à l’Alpine Turbo (turbo, carburateur, collecteur, boîte, sellerie, habillages intérieurs) sont plus rares et donc plus chères.
Une révision simple coûte environ 400 à 600 € mais un moteur à refaire peut grimper à 4 000-5 000 €. L’assurance est raisonnable si vous optez pour une formule collection, avec des tarifs entre 350 et 700 € par an selon le profil et la compagnie.
Renault 5 Alpine Turbo : les tarifs en occasion
Longtemps délaissée, la R5 Alpine Turbo voit sa cote grimper. Les modèles roulants et en bon état se négocient entre 16 000 et 20 000 €, tandis que les exemplaires restaurés ou d’origine, peu kilométrés, peuvent atteindre 20 000 à 25 000 €. Les modèles avec historique limpide, sellerie d’origine en bon état et peinture conforme sont les plus recherchés. Prenez garde, les occasions ne sont pas nombreuses sur le marché et il faudra parfois patienter ou fouiller les marchés étrangers (Espagne, Belgique) pour trouver un bel exemplaire.
Le verdict de Sport Auto
Faut-il craquer pour une R5 Alpine Turbo ? Si vous aimez les sportives à sensations, sans assistance électronique, au comportement joueur à souhait, la réponse est clairement oui. À condition, bien entendu, de vérifier minutieusement la corrosion, l’état du turbo et la conformité du modèle. Plus rare qu’une 205 GTI, elle offre un rapport prix/plaisir/conduite très intéressant, à condition d’acheter en connaissance de cause.