McLaren pourrait bientôt vous interdire la conduite sportive sur route

Publié le 6 décembre 2025 à 08:00
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McLaren prépare un brevet GPS qui réserverait le mode Track de ses supercars aux seuls circuits fermés. Que restera‑t‑il de la conduite sportive sur route ouverte ?

Une supercar de plus de 700 ch livrée à un conducteur très jeune sur une route ouverte, cela peut vite tourner au drame... Les constructeurs le savent, et la multiplication des modèles ultra puissants rend chaque excès plus dangereux pour les autres usagers.

Un brevet McLaren GPS qui réserve le mode piste au circuit

McLaren semble prête à changer les règles du jeu avec un brevet qui s’attaque directement à la façon dont ses futures voitures pourront être exploitées en dehors des circuits. Déposé aux États-Unis, ce système verrouille les réglages les plus extrêmes tant que la voiture ne se trouve pas sur une piste fermée, au point de faire craindre la fin de toute vraie conduite sportive sur route pour les modèles de Woking.
Le constructeur britannique a en effet déposé auprès de l’Office américain des brevets et des marques (USPTO) un brevet McLaren GPS. Le texte décrit un dispositif qui place le "mode de conduite course" derrière une sorte de mur logiciel : tant que le GPS ne détecte pas un environnement considéré comme sécurisé, autrement dit un circuit, l’accès à ce mode reste impossible. Sur route ouverte, la voiture resterait limitée à des programmes de type Sport, tandis que les modes les plus extrêmes, Track ou Race, seraient réservés à la piste.
L’un des arguments avancés dans le brevet concerne les réglages de châssis. En mode piste, la suspension est souvent fortement rabaissée, d’une manière qui peut "ne pas respecter une ou plusieurs normes de sécurité pour une utilisation sur route ouverte", précise le brevet. Officiellement, il ne s’agit pas de transformer une McLaren en citadine mollassonne : les modes homologués pour la route resteraient intacts, loin des performances d’une Honda Prelude récente ou d’une Mitsubishi Mirage, mais le niveau le plus agressif serait désactivé en dehors d’un tracé dédié.

Comment McLaren veut limiter la performance sur route tout en restant sportive

Sur une voiture comme la McLaren 750S, la philosophie actuelle repose déjà sur plusieurs niveaux d’assistance. Le mode Confort vise l’usage quotidien, avec une suspension souple, une direction plus légère et une réponse d’accélérateur adoucie. C’est le réglage pensé pour avaler des kilomètres sans fatigue, sous la pluie ou en ville, tout en gardant un niveau de performance très supérieur à la moyenne du trafic.
Le mode Sport durcit le ton : la direction devient plus précise, l’accélérateur répond plus vivement et la suspension se raffermit sensiblement. Le contrôle de traction se relâche un peu pour autoriser davantage de motricité en sortie de virage, tout en restant présent pour rattraper les plus grosses erreurs. Le mode Track va beaucoup plus loin, transformant l’auto en machine de chronos, souvent en désactivant le contrôle de traction et une partie de la gestion électronique de stabilité, avec une sensibilité maximale de la direction et de l’accélérateur, et une suspension réglée sur sa position la plus basse et la plus ferme. Sur certains modèles, il débloque même un mode Drift, qui facilite les glisses prolongées et les crissements de pneus arrière, une manœuvre clairement à proscrire sur la voie publique.
Le brevet ne se contente pas des grands circuits permanents. Il prévoit aussi le cas des tracés temporaires, comme l’allée de Lord March utilisée pour le Festival of Speed de Goodwood, ou les épreuves d’autocross organisées sur des parkings.
Dans ces situations, le lieu devrait être ajouté à la base de données de la voiture pour que le mode piste soit autorisé. McLaren devrait donc être prévenue en amont de l’événement, le temps de mettre à jour le GPS de chaque auto concernée. Les situations de conduite sportive autorisée mais moins cadrée deviennent alors délicates. Certains rallyes ou courses sur route fermée, où la police encadre des accélérations ponctuellement tolérées, pourraient se heurter à un système qui refuse d’ouvrir totalement les vannes. Une connexion internet défaillante risquerait aussi de priver un propriétaire du plein potentiel de sa voiture, même dans un cadre sécurisé et légal. Dans la pratique, plusieurs sources de frustration apparaissent déjà pour les conducteurs : des circuits temporaires qui ne seraient pas reconnus à temps par le GPS de la voiture, des évènements ponctuels autorisés mais non intégrés à la base de données, une mauvaise couverture réseau rendant inopérants les modes piste au mauvais moment et en toile de fond, la question de l’usage des données de localisation collectées.

Reste aussi le débat sur la vie privée, l’utilisation de la géolocalisation et la responsabilité du constructeur face au comportement de ses clients. Une telle technologie pourrait servir d’argument pour éviter une interdiction pure et simple des voitures très performantes dans le cadre de futures mesures de sécurité routière, et contribuer à limiter les intrusions illégales dans la circulation.
Avec environ 6,14 millions d’accidents de la route et près de 40 000 décès aux États-Unis en une année, selon la National Highway Traffic Safety Administration, l’idée de cantonner le mode Track aux seuls circuits prend une dimension bien concrète. Reste à savoir si les passionnés accepteront qu’une McLaren décide, via son GPS, quand ils ont vraiment le droit de rouler à fond.

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À propos de l’auteur
Lucas Brenot
Lucas Brenot
J’aime l’automobile pour ce qu’elle apporte concrètement : la sensation de conduite, le plaisir d’un moteur bien réglé, le soin apporté à un intérieur. J’ai grandi avec des voitures autour de moi, et c’est resté une vraie curiosité au quotidien.
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