La 1ère M3 électrique arrive : comment ce tournant rebat les cartes chez BMW M

Publié le 15 novembre 2025 à 10:30
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BMW M rebat ses cartes entre pression CO₂ et attentes de marchés qui tirent chacun dans leur sens, au moment où la prochaine M3 se prépare en version thermique et électrique. Et à en croire Frank van Meel, c’est bien la plus silencieuse des deux qui pourrait devenir la plus rapide.

Dans les ateliers de BMW M, la feuille de route change. La division sportive réorganise ses projets entre châssis, groupes motopropulseurs et normes CO2 qui serrent la vis. Un nom mythique va incarner ce virage.
Frank van Meel confirme que la prochaine génération de M3 sera proposée en deux déclinaisons, dont une BMW M3 électrique. Objectif : laisser le choix aux marchés tout en gardant l’ADN M. "Nous sommes une entreprise très petite, donc nous ne pouvons pas avoir deux silos différents. Nous sommes trop petits pour ça.
Nous avons des groupes de développement comme l’Ingénierie du Châssis et la Dynamique Véhicule : les mêmes personnes font les deux voitures. Bien sûr, il y a une petite séparation côté groupe motopropulseur, mais le responsable de l’électrification est aussi impliqué dans le moteur à combustion EU7"
, a expliqué Frank van Meel à TopGear. La plus rapide ne serait pas celle qu’on croit.

Une M3 électrique qui veut dépasser la reine thermique

La version 100 % électrique ne sera pas la petite sœur. Le patron de BMW M promet qu’elle sera plus rapide que la M3 thermique, et l’intérêt en coulisse est déjà palpable. "Je pense que le plus amusant, c’est que si vous regardez aussi les fournisseurs, par exemple au Nürburgring, vous pouvez entendre un peu ce qu’ils aiment et n’aiment pas. Ils veulent tous conduire l’électrique parce qu’ils disent, 'c'est dingue !'", a-t-il glissé.
Ce virage s’inscrit dans une stratégie plus large : multiplier les motorisations pour répondre à des attentes très différentes. "C’est en fait de plus en plus difficile. Nous diversifions les chaînes de traction parce que nous voulons avoir l’offre parfaite pour chacun. Nous allons proposer davantage de voitures à l’avenir avec des chaînes de traction différentes, donc nous devons décider ce qui est le plus important : proposer la combustion et l’électrique ou proposer un autre type de voiture ?", a-t-il indiqué. Ce que la marque assume aujourd'hui.

Un marché mondial éclaté qui impose une stratégie à géométrie variable

Reste un puzzle géant : les règles et goûts varient d’un pays à l’autre. "Le monde change très vite et chaque pays est différent. Si vous regardez l’Europe, l’Europe est divisée en nord, sud, est, ouest : dans les pays nordiques, je pense que c’est déjà 90 pour cent électrique, tandis que dans les pays de l’Est c’est 'donnez-moi plus de V8'."
Puis viennent les politiques climatiques. "Au Royaume-Uni vous avez une politique stricte sur le CO2. En France, vous êtes pénalisé pour le CO2 : pour une M2 cette année vous payez 70 000 € sur trois ans en taxe CO2.
L’an prochain ce sera 80 000 €, et l’année suivante 90 000… puis il y a une taxe au poids. Vous avez donc besoin d’un portefeuille large. Et c’est actuellement notre plus gros effort : afin que si un pays change sa réglementation CO2, vous puissiez passer d’une extrémité à l’autre
", détaille le dirigeant.
Pour BMW M, l’équation ressemble à un exercice d’adaptation permanent. "C’est un très grand puzzle Sudoku avec beaucoup de chiffres. Nous essayons d’avoir les bonnes réponses en place", résume Frank van Meel. Et lorsque la question devient personnelle, il ne se dérobe pas. "Ce n’est pas le cas. Pour moi, c’est comme en course, la BOP change tout le temps. Quand vous êtes habitué à cela, vous devez simplement anticiper.
Que feriez-vous si quelqu’un vous pénalise avec plus de poids dans la voiture, ou avec moins de puissance, ou une aérodynamique différente ? Il en va de même pour la réglementation. Que se passe-t-il si le monde change dans une direction ? Quelle serait votre réponse technologique ?
Donc j’aime assez cela, parce que je pense que c’est le plus grand défi pour chaque PDG en ce moment : comprendre comment vous pouvez vous préparer à une situation très incertaine, et répondre à tout changement possible de la demande. Mais si vous attendez que cela change, il est trop tard, parce qu’il vous faut au moins quatre ans pour obtenir les produits"
, conclut-il.

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À propos de l’auteur
Lucas Brenot
Lucas Brenot
J’aime l’automobile pour ce qu’elle apporte concrètement : la sensation de conduite, le plaisir d’un moteur bien réglé, le soin apporté à un intérieur. J’ai grandi avec des voitures autour de moi, et c’est resté une vraie curiosité au quotidien.
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