Ford Mustang GTD : la supercar que Ford recommande… de laisser au garage
Ford conseille aux acheteurs de Mustang GTD de laisser leur supercar neuve au garage pendant 30 jours. Une consigne déroutante liée à la carrosserie, dont les raisons intriguent...
Recevoir les clés d’une Mustang GTD, la plus chère des Mustang de route, et devoir la laisser immobile pendant un mois dans le garage : le scénario paraît presque cruel. Pourtant, c’est exactement ce que Ford recommande aux rares clients qui ont réussi à décrocher un bon de commande pour ce coupé radical affiché à partir de 300 000 €...
Ford et sa consigne de 30 jours pour la Mustang GTD
Le constructeur conseille en effet aux propriétaires de
patienter 30 jours avant de prendre réellement la
route. Il ne s’agit pas d’un problème de moteur ni d’un rappel
caché, mais d’une précaution liée à la carrosserie très spéciale de
la GTD et à sa protection. Tout se joue dans quelques couches de
peinture et un film invisible.
Dans la documentation remise aux acheteurs, Ford indique que la
Mustang GTD ne devrait pas
rouler pendant un mois après la livraison. L’idée est de
laisser la peinture finir sa polymérisation et son dégazage avant
de poser un film de protection de peinture, ou PPF. Les
professionnels de ce type de traitement évoquent d’ailleurs une
attente de 30 à 90 jours selon le type de peinture, l’humidité et
la température ambiante.
Sur la GTD, la recommandation va plus loin : Ford suggère de ne pas
conduire tant que ce PPF n’est pas installé, pour éviter les
impacts de gravillons sur la fibre de carbone nue. La voiture
utilise en effet largement ce matériau pour les ailes, les bas de
caisse ou le diffuseur, et elle est assemblée en partie à la main
avec le partenaire Multimatic plutôt que passée dans un process
industriel classique.
Peinture, fibre de carbone et PPF : un trio délicat
Peindre de grandes pièces en fibre de carbone
est plus délicat que de recouvrir de l’acier ou de l’aluminium.
Après application, la peinture continue de libérer des solvants et
des gaz emprisonnés dans le composite.
Si l’on colle un PPF trop tôt, ces gaz cherchent à s’échapper,
créent des micro-bulles ou des cloques sous le film et peuvent même
arracher le vernis lors d’une éventuelle dépose. Sur une GTD, la
réparation devient vite très onéreuse.
Le PPF, film transparent en polyuréthane, sert justement de
bouclier contre projections et frottements. Ford
insiste sur certaines zones à couvrir en priorité, particulièrement
exposées aux débris renvoyés par les larges Michelin Pilot
Sport Cup 2 : les passages de roue, les bas de caisse, les
ailes arrière et le diffuseur et éléments de bouclier arrière.
Les voitures de grande série, chauffées dans de puissants fours,
arrivent généralement chez le client avec une peinture déjà
parfaitement stabilisée, ce qui limite ce genre de contraintes.
La GTD n’est pas une Mustang ordinaire. Sous le capot, un V8 5,2
litres compressé développe environ 815 ch, avec un
0 à 100 km/h annoncé en 3 s et une vitesse maximale proche de 322
km/h. À ces vitesses, et avec ses pneus semi-slicks, la moindre
séance de roulage peut cribler la carrosserie d’impacts.
Certains acheteurs suivent donc scrupuleusement la consigne,
laissant la voiture dans un garage parfois
climatisé le temps que la peinture se stabilise et qu'un
professionnel planifie la pose du PPF. D’autres, trop impatients,
partent rouler immédiatement ou font poser le film dès la
livraison, en acceptant le risque.
Pour une série limitée autour de 1 000 exemplaires, assortie
d’un prix à plus de 300 000 €, cette règle des 30
jours devient simplement une étape supplémentaire dans une
expérience propriétaire déjà très particulière...


