Promise à la casse, cette Peugeot 106 Rallye vaut aujourd’hui bien plus qu’on ne l’imagine
Achetée 450 £ et condamnée à la casse, cette Peugeot 106 Rallye a été entièrement remise sur pied par son propriétaire.
Dans les années 2000, beaucoup de petites sportives françaises finissaient broyées sans état d’âme. La Peugeot 106 Rallye, héritière dépouillée de la 205 Rallye, n’y échappait pas. Légère, bruyante, souvent trafiquée, elle valait parfois à peine le prix d’un scooter d’occasion. L’une d’elles, achetée 450 £ outre-Manche, aurait pu suivre ce destin...
Peugeot 106 Rallye : un achat de 450 £ qui devait finir à la benne
© Autocar
Dave Partridge assume : "J'aime la patine. Je préfère les voitures qui portent leur âge."
Quatorze ans plus tard, cette 106 blanche de 1995 attire les
collectionneurs les plus avertis. Entre-temps, son propriétaire
britannique Dave Partridge l’a entièrement retapée, alors qu’un
carrossier lui conseillait de l’abandonner. Ce sauvetage raconte
aussi la folie actuelle autour de ces petites youngtimers
françaises...
Dave Partridge se souvient parfaitement de son achat : "Je l'ai
achetée il y a 14 ans pour 450 £ avec l'objectif de faire du sprint
et de la course de côte dans la catégorie jusqu'à 1300 cm3",
raconte-t-il à nos confrères de Autocar.
Pour rester dans l’esprit Groupe N, il a rénové la voiture et monté
des suspensions Bilstein Tarmac. Puis le règlement
a changé, ouvrant la classe jusqu’à 1,6 litre, et la 106 Rallye n’a
jamais vu un départ de course : "Quand je l'ai achetée, elle
avait des vitres teintées, des LED dans les gicleurs de lave-glace
et un énorme aileron à l'arrière. C'était une spéciale de boy
racer. Rien de tout cela ne me dérangeait. J'étais plus intéressé
par le fait qu'elle avait encore son moteur et sa boîte d'origine.
Ce sont des choses qu'on ne peut pas acheter", explique-t-il.
La 106 affichait déjà 160 000 miles au compteur, soit plus de 257
000km.
Peugeot 106 Rallye : la rouille, le carrossier et la renaissance
Sous la peinture blanche, la réalité est moins flatteuse. "Le problème avec ces voitures, c'est qu'elles ne sont que de l'acier peint en dessous", résume Dave Partridge. Il sait qu’elle est rouillée et confie la caisse à un spécialiste pour la reconstruire. "Le type à qui je l'ai envoyée pour la refaire m'a dit que je devais la mettre à la casse. Heureusement, il s'y est tenu et a tout réglé. C'est maintenant comme une voiture neuve en dessous", poursuit-il. La peinture reste dans son jus, avec toit cloqué et autocollants rouges et jaunes passés au blanc. Dave Partridge assume : "J'aime la patine. Je préfère les voitures qui portent leur âge." Il tient à conserver l’authenticité de cette Peugeot 106 Rallye, jusqu’à remplacer de simples antibrouillards adaptables par les aérations d’origine : "Elles n'ont été fabriquées que pour les Rallye Série 1 comme la mienne et il m'a fallu neuf ans pour les trouver." L’intérieur, lui, est resté presque neuf. Lancée en 1993 avec un 1,3 litre de 100 ch pour 810 kg, la 106 Rallye visait les pilotes de Groupe N. Ce cocktail léger séduit encore les collectionneurs : l’exemplaire de Dave Partridge, acheté 450 £, vaut aujourd’hui 12 000 £, soit environ 14 000 €.
Longtemps considérée comme une simple petite sportive jetable, la Peugeot 106 Rallye incarne aujourd’hui un pan révolu de l’automobile française : léger, brut et sans filtre. Le parcours de cet exemplaire illustre à la fois la ténacité de son propriétaire et la relecture tardive de ces autos trop souvent sacrifiées. À force de patience, de respect de l’origine et d’un soupçon d’obstination, une voiture promise à la casse est devenue un objet de collection convoité. Une leçon discrète mais éloquente sur la valeur du temps, et sur ces sportives modestes qui n’avaient pas besoin de chiffres extravagants pour marquer leur époque.


