Mate Rimac aux commandes de Bugatti : qu’est-ce que ça changerait ?

Publié le 4 avril 2025 à 13:30
Mis à jour le 4 avril 2025 à 15:41
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Mate Rimac, PDG de Bugatti Rimac, envisagerait de racheter les parts de Porsche. Mais qu’est-ce que cela changerait vraiment ? L'analyse de Sport Auto.

Mate Rimac, actuel PDG de l’entité Bugatti Rimac, aurait proposé de racheter les parts de Porsche dans la coentreprise. Si l’opération se concrétise, le croate prendrait seul les rênes de la prestigieuse marque française. Mais une question demeure : que signifierait concrètement cette prise de contrôle exclusive pour l’avenir de Bugatti ?

Un repositionnement stratégique en coulisses ?

Aujourd’hui, Bugatti Rimac est détenue à 55% par Rimac Group, dirigé par Mate Rimac, et à 45% par Porsche. Pourtant, c’est déjà le fondateur croate qui en assure la direction opérationnelle. Officiellement, il n’est donc pas question d’un bouleversement immédiat du management. Mais dans les faits, une sortie de Porsche modifierait en profondeur l’équilibre stratégique de l’entreprise.
Sans Porsche à ses côtés, Rimac gagnerait une liberté totale pour orienter Bugatti comme il l’entend. Choix technologiques, rythme de développement, synergies industrielles… Ce contrôle intégral pourrait notamment accélérer l’hybridation des futurs modèles. Ou au contraire pousser plus radicalement vers le 100% électrique, selon la vision du dirigeant.
Depuis la création de la coentreprise en 2021, Bugatti a entamé une mue discrète mais déterminante. Le lancement de la Tourbillon, premier modèle conçu sous l’ère Rimac, a déjà montré un virage clair. Design futuriste, motorisation hybride V16, et intégration de solutions techniques issues de l’univers des hypercars électriques.

Une indépendance industrielle à réorganiser

Avec Mate Rimac seul aux commandes, cette transformation pourrait s’amplifier. Le patron croate est reconnu pour ses innovations dans l’électrification haute performance. La Rimac Nevera en est notamment la vitrine. On peut donc s’attendre à une Bugatti de plus en plus tournée vers la technologie de rupture, au risque peut-être de s’éloigner des codes traditionnels du luxe à la française.
L’autre enjeu majeur est d’ordre industriel. Actuellement, Porsche assure un rôle de partenaire technologique et de passerelle avec le groupe Volkswagen. En cas de retrait, Rimac devra compenser cette perte d’appui en termes de logistique, de plateforme technique ou de ressources humaines. Le soutien de Bugatti Engineering (filiale de Volkswagen) est d’ailleurs prévu jusqu’à fin 2024.
Et après ? Si Rimac ne parvient pas à nouer de nouvelles alliances ou à internaliser davantage de compétences, cela pourrait peser sur les délais et les coûts de développement. Enfin, l’impact serait aussi symbolique. Bugatti, fondée en Alsace en 1909, incarne un certain art de vivre automobile à la française. Celui-ci est fait de raffinement mécanique et d’exclusivité. Son ancrage historique à Molsheim et ses codes stylistiques sont autant d’éléments que Porsche contribuait à préserver.

Faut-il avoir peur pour l’histoire de Bugatti ?

Mate Rimac, en s’imposant comme seul capitaine à bord, pourrait renforcer la vision d’un luxe technologique et disruptif. Mais cette orientation pourrait aussi déstabiliser certains clients fidèles, attachés à une certaine tradition du luxe automobile. Si Mate Rimac réussit son pari et devient l’unique propriétaire de Bugatti Rimac, la marque française pourrait entamer un nouveau chapitre de son histoire.
Plus indépendant, plus technologique, mais aussi plus exposé aux choix personnels d’un seul homme. Cette transition poserait une question cruciale : Bugatti peut-elle évoluer sans se trahir ? Toutefois, rappelons qu’avec 55% des parts, le PDG croate est déjà presque seul décisionnaire. Son son égide, la marque alsacienne a révélé une seule nouveauté : la Tourbillon.
Bien qu’elle marque l’arrivée d’une motorisation hybride, elle reste relativement fidèle à son ADN. Autant dire qu’il n’y a pour le moment, pas de réelle raison de s’inquiéter. Mais laisser les pleins pouvoirs à un seul homme est toujours un pari risqué. Espérons que les clients et passionnés sauront lui donner envie de rester sur la même lancée.

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À propos de l’auteur
Hugo Quintal
Hugo Quintal
Passionné d'automobile depuis le plus jeune âge, je me suis spécialisé dans le journalisme auto lors de mes études. Mon truc à moi ? Les nouveautés, les technologies, la performance... Des passions dans la passion que j'ai découvertes en essayant tout ce qui roule sur cette planète. Quand je n'écris pas et que je ne suis pas derrière un volant... Je suis sur l'eau, en Kite ou en Wakeboard.
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