Quel avenir pour les Hypercars aux 24 Heures du Mans ?

Le retrait d'Aston Martin fait de Toyota le seul constructeur pour le début des Hypercars aux 24 Heures du Mans. Le règlement LMDh pourrait changer la donne.
La suspension du programme d'Aston Martin dans la
catégorie Hypercar, qui va succéder aux LMP1 à partir de la saison
2020-2021 du WEC, fait planer le doute sur l'avenir de cette
catégorie en endurance et aux 24 Heures du Mans. Toyota, le seul
autre grand constructeur engagé pour la saison 2020-2021, a assuré
que le projet de son Hypercar, basée sur la Toyota GR Super Sport, est maintenu malgré le
retrait d'Aston Martin.
« Cela ne change rien pour nous, hormis le fait que ce que
nous imaginions pour la saison prochaine a changé, » a déclaré
Pascal Vasselon, le directeur technique de Toyota, à Motorsport
Week. « Nous devons voir qui sera sur la grille, et il n'y a
rien d'autre à dire. C'est triste, évidemment. »
Quels seront les constructeurs engagés en Hypercar ? Peugeot va
faire son retour en endurance mais le
constructeur est attendu en 2022. Si ce retour se concrétise pour
la saison 2022-2023 du WEC, cela signifie que les Peugeot ne
reviendront au Mans qu'en 2023. Il y a un an, plusieurs
constructeurs ont participé aux discussions ou exprimé un intérêt
pour l'Hypercar, comme McLaren, Ferrari, Alpine et Lamborghini. Aucun d'entre eux ne s'est
finalement engagé. A part Toyota, les seuls projets sont ceux
de Glickenhaus, un constructeur avec un faible volume, et de
ByKolles, une équipe privée.
Gérard Neveu, directeur général du WEC, a déclaré à Racer qu'il est
« trop tôt pour dire » de quoi l'avenir de la catégorie
Hypercar sera fait. « Nous avons appris la décision d'Aston
Martin il y a quelques jours, » a-t-il
précisé. « Nous savons que certains projets
avancent, comme ceux de Glickenhaus et ByKolles, mais il est
vraiment trop tôt. » Neveu estime que la « première
priorité est la convergence » entre les règlements de l'ACO,
organisateur des 24 Heures du Mans, et l'IMSA, le principal
championnat d'endurance aux Etats-Unis. Une convergence qui passera
par une nouvelle règlementation, nommée LMDh.
Le LMDh, la réponse adéquate ?
Quelques semaines avant l'annonce d'Aston Martin, l'ACO et
l'IMSA ont pris les devant en associant la création du LMDh. Cette
réglementation permettra à un même prototype de participer aux
épreuves du WEC, dès la saison 2021-2022, et de l'IMSA, à partir de
2022. Les LMDh (pour Le Mans, Daytona et hybride) pourront
donc être alignées aux 24 Heures du Mans, aux 24 Heures de Daytona,
aux 12 Heures de Sebring et à Petit Le Mans.
Les détails du règlement LMDh doivent encore être finalisés mais
les grandes lignes sont déjà connues. Les châssis seront basés sur
ceux des quatre constructeurs en LMP2, Dallara, Ligier, Multimatic
et Oreca, et les équipes devront utiliser un système hybride
commun, qui récupèrera l'énergie sur les freins arrières. Les
équipes pourront choisir leur moteur. Le but est de permettre
à ces voitures de se mesurer aux Hypercars pour la victoire au
classement général.
Les équipes et les constructeurs doivent maintenant choisir entre
Hypercar et LMDh. Peugeot, qui a perdu son partenaire Rebellion, pourrait
transformer son projet Hypercar en une LMDh. Lamborghini a
également exprimé son intérêt pour cette nouvelle
règlementation.
Pour Toyota, un passage au règlement LMDh n'est « pas vraiment
possible » selon Vasselon, puisque des pièces sont déjà en
production : « Un retour en arrière est impossible, »
précise le Français. Vasselon estime même que la philosophie
du LMDh n'est « pas intéressante » pour un grand
constructeur comme Toyota, qui fabrique ses propres châssis et
utilise ses technologies hybrides.
Le WEC mise énormément sur le LMDh
Le WEC voit la convergence entre les règlements de l'ACO et de
l'IMSA comme une nécessité. Seulement trois prototypes, les deux
Toyota et la Rebellion-Gibson, étaient engagés en LMP1 aux 6 Heures
d'Austin, la dernière manche disputée. Il n'y a que six prototypes
LMP1 dans la liste des engagés pour les 24 Heures du Mans
2020, le plus faible nombre jamais vu. Gérard Neveu estime que
la réglementation LMPDh est la meilleure réponse pour augmenter le
nombre d'engagés dans la principale catégorie d'endurance.
« Comment assurer l'avenir ? » s'interroge Gérard Neveu.
« Il passe par la convergence. Nous croyons en cette direction
depuis longtemps. Nous devons répondre à la convergence et assurer
l'avenir. Nous espérons que ce sera bien fait, la prochaine étape
sera de gérer la période entre maintenant et le début de la
convergence, en septembre 2021. »
L'ACO et l'IMSA devront trouver le bon équilibre entre les
Hypercars et le LMDh, notamment pour contenter Toyota.
Actuellement, le WEC impose des lests importants aux Toyota, ce qui
a permis à Rebellion de s'imposer deux fois. « Nous devons nous
adapter et faire en sorte que l'Hypercar et le LMDh fonctionnent
ensemble, et trouver une compatibilité, » confirme Neveu.
Il pense qu'un compromis peut être trouvé : « Il faut discuter
avec les partenaires et les équipes avec humilité, » estime-t-il.
« Toyota participera aux discussions. Nous devons trouver le
meilleur compromis. Ce n'est pas la situation idéale, mais ce n'est
pas la pire. Quand on peut définir l'avenir, on peut trouver des
solutions à long terme. Nous allons chercher la meilleure
solution. »
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