Ventes : les marques de prestige en pleine forme !

Les constructeurs les plus haut de gamme ont encore vu leurs ventes bondir en 2018. Décryptage.
L'automobile est souvent considérée comme un signe extérieur de
richesse, et peut par certains aspects refléter l'évolution des
écarts de cette fameuse richesse dans la société. Ainsi, alors que
les ventes globales de voitures dans le monde ont légèrement diminué entre 2017 et 2018 (-0,8%),
celles des constructeurs de prestige ont explosé. Les chiffres
confirment la tendance de ces dernières années.
Ferrari, McLaren, Lamborghini, Rolls-Royce et Porsche ont ainsi en commun d'avoir battu leurs
records de ventes annuelles en 2018 et ce, largement. La palme
revient à Lamborghini avec 51% de hausse. La concurrence n'a pas à
rougir avec 43,9% pour McLaren, 22% pour Rolls-Royce, 10% pour
Ferrari et 4% pour Porsche. Sans atteindre des nombres de
livraisons historiques, d'autres marques ont vu leurs ventes
progresser comme Aston Martin (+26%) ou Lotus (+2%). Bugatti a augmenté sa production. Même Morgan a enregistré des bénéfices record.
Bentley fait figure d'exception avec un recul
des livraisons de 5% mais une année 2018 qui reste parmi les
meilleures de la marque en termes de ventes malgré une situation
financière délicate.
SUV et séries limitées
Au cours d'interviews dans des médias internationaux ces
derniers mois, des responsables de certains constructeurs de
prestige ont notamment expliqué que leur clientèle était à la fois
de plus en plus nombreuse et de plus en plus fortunée. Les gammes
des marques se développent ainsi à leurs deux extrémités.
Lamborghini doit une grande partie de sa progression au lancement
de son SUV Urus. Aston Martin, Lotus et Ferrari ont
annoncé leur arrivée prochaine sur ce segment, que Rolls-Royce
vient de rejoindre et qui représente depuis plusieurs années le
plus gros des ventes de Porsche. A l'opposé, offre et demande ne
cessent d'augmenter pour les véhicules les plus exclusifs, ce qui a
notamment poussé Ferrari a lancer sa gamme de séries limitées
Icona pour capitaliser sur le succès de ses
Projets Spéciaux parfois uniques.
Cette dynamique, combinée aux opportunités offertes par la
transformation d'une industrie automobile qui s'électrifie, incite
de nouveaux acteurs à se lancer. Le salon de Genève 2019 en fait une nouvelle
démonstration avec une éclosion de jeunes constructeurs, parfois
dérivés de firmes historiques ou ressuscités, spécialisés dans les
supercars ou voitures de luxe électriques ou hybrides. Citons
Piëch, Roland Gumpert, Rimac, Puritalia, Hispano Suiza, Pininfarina, Italdesign ou encore le nouveau retour de
Lagonda. En-dehors de Genève, le spectre
s'élargit par exemple avec Aspark, Nio et consorts. Certains revendiquent
toutefois une approche "à l'ancienne" et 100% thermique comme
Brabham, Apollo ou Ginetta.
Opportunités et risques
L'expansion du marché des voitures de prestige n'est pas sans
poser quelques problèmes aux constructeurs, à commencer par
l'allongement des délais de livraisons, néfastes pour les ventes
sur ce segment si concurrentiel. Koenigsegg va tenter d'y remédier via son
association avec NEVS, Lamborghini a retardé le lancement de la
variante hybride rechargeable de l'Urus, et Rolls-Royce recrute
pour accélérer la production du Cullinan. Même Caterham, constructeur de niche bien que plus
abordable que ceux cités plus haut, a déjà enregistré des
réservations pour toute sa production sur un an. On remarque
d'ailleurs que certains véhicules sont désormais fréquemment
présentés plus d'un an avant leur commercialisation, et les
réservations ouvertes simultanément.
Cette période charnière apporte autant d'opportunités que de
risques pour les constructeurs. Electrification, réduction
réglementaire des émissions de CO2, nouveaux cycles d'homologation
ou encore Brexit sont autant de facteurs susceptibles de perturber
le développement des marques les plus exclusives. Ces tournants
s'annoncent délicats à prendre, et tout le monde ne verra peut-être
pas la ligne d'arrivée.


