F1 - Ecclestone, la fin d'un règne historique
Bernie Ecclestone n'est plus le grand patron de la F1. Retour sur son parcours et son influence, alors qu'une nouvelle ère s'ouvre pour le championnat.
Pendant plus de 40 ans, Bernie Ecclestone a contrôlé les principales décisions en Formule 1. Pilote, patron d'équipe, gestionnaire des droits commerciaux... L'Anglais a eu tous les rôles. Liberty Media, le nouveau propriétaire des droits commerciaux, a pourtant décidé de l'écarter. Ecclestone a perdu son poste de directeur exécutif de la FOM et il est désormais Président honoraire, un poste avec beaucoup moins de pouvoir. Chase Carey, déjà Président, reprend ses responsabilités.
Bernie Ecclestone a fait son arrivée dans le sport automobile à la fin des années 1940. Il a brièvement été pilote mais après plusieurs accidents à Brands Hatch, il a rangé son casque et il s'est reconverti dans l'immobilier, où son sens des affaires a commencé à parler. En 1957, il est revenu en F1 comme manager de Stuart Lewis-Evans. Il a même tenté de se qualifier au Grand Prix de Monaco et au Grand Prix de Grande-Bretagne en 1958. Il n'y est pas parvenu la première fois et il n'a pas pris le départ la seconde.
En coulisses, Bernie Ecclestone a commencé à prendre du pouvoir. Il a pris en main la carrière de Jochen Rindt, dont il est devenu très proche, et il l'a aidé à atteindre la F1. Son décès à Monza en 1970 l'a beaucoup affecté et il a voulu changer de rôle. En 1971, Ecclestone a donc pris les reines de l'équipe Brabham. En 1974, il a créé la FOCA, l'association des constructeurs, avec d'autres patrons d'équipe. C'est avec la FOCA que sa main-mise sur la F1 a commencé. Il a obtenu le droit de négocier les contrats avec les diffuseurs. Il a ainsi contribué à faire grandir la popularité de la Formule 1 et il a commencé à s'enrichir. Fin 1987, il a revendue Brabham, qu'il avait menée au titre avec Nelson Piquet en 1981 et 1983, pour se consacrer totalement à son rôle de gestionnaire commercial.
A la tête de la FOM, Ecclestone a géré les discussions avec les circuits, les diffuseurs et les sponsors. Toutes les décisions passaient par lui. En 2000, Ecclestone a revendu les droits commerciaux à Leo Kirch. Après que le groupe de médias se soit effondré, les droits ont été repris par CVC Capital. A chaque fois, Ecclestone est resté en place. Qui pouvait mieux connaître le milieu que lui ?
« La Formule 1 n’aurait pas cette puissance internationale dans l’énorme contribution de Bernie Ecclestone depuis plus d’un demi-siècle, » a déclaré Zak Brown, le directeur exécutif de McLaren, après l'annonce de son éviction. « En fait, je n’imagine aucune autre personne avec autant d’influence pour faire grandir un sport mondial. »
La F1 est devenue un spectacle mondial et Ecclestone a eu un rôle central pour faire grandir sa popularité. Le championnat a pris une telle ampleur que Liberty considère qu'il ne peut plus être gérée par un seul homme. Le groupe a donc décidé de mettre en place une structure différente.
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L'expérience d'Ecclestone sera mise à profit
Liberty a choisi plusieurs dirigeants. Chase Carey aura le rôle central mais il sera épaulé par Ross Brawn pour la partie sportive et par Sean Bratches pour le marketing. Bernie Ecclestone sera désormais consultant. Chase Carey a souligné son importance dans l'histoire de la F1.
« Soyons clairs, ce respect était sincère, » a assuré Chase Carey sur Sky Sports News. « Bernie mérite un immense respect pour l’entreprise qu’il a construite au cours des dernières décennies, elle vient d’être vendue pour huit milliards de dollars, donc tout le monde a la preuve ultime de la valeur ce de qu'il a créé. »
L'expérience d'Ecclestone sera mise à profit : « Il a une connaissance unique de ce milieu, il le comprend probablement mieux que quiconque, ses conseils seront inestimables, » estime Carey. « Il m’a déjà beaucoup aidé et je compte sur ses conseils à l’avenir. »
Chase Carey a conscience que ce nouveau rôle peut être difficile à assumer pour Bernie Ecclestone : « Bernie a dirigé cette entreprise dans la plus grande partie de sa vie d’adulte, » rappelle Carey. « Je comprends que le changement puisse être difficile pour lui. Mais j’espère que nous continuerons sous une forme gratifiante pour lui. Je veux qu’il vive ça bien. Il fera toujours partie de la famille de la Formule 1, il sera toujours bienvenu, et je vais essayer de faire en sorte qu’il se sente toujours membre de ce que je vais créer. »
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Faire entrer la F1 dans l'ère digitale
Même si Liberty souligne l'importance de Bernie Ecclestone dans l'histoire de la F1, les nouveaux dirigeants sont surtout tournés vers l'avenir. Liberty a fixé des objectifs ambitieux : séduire un nouveau public, sur de nouveaux marchés comme les Etats-Unis et mettre en place de mode de diffusion, tout en assurant la base historique de la F1, notamment sur les circuits européens.
Chase Carey et Sean Bratches ont peu d'expérience du sport automobile. Les deux hommes viennent du monde des médias, signe de cette nouvelle approche. Leur mission sera de séduire un nouveau public, alors que l'audience de la F1 est en baisse est vieillissante. Pour y parvenir, ils misent sur le numérique.
Bernie Ecclestone était étranger aux réseaux sociaux. Il a plusieurs fois assuré qu'il n'en voyait pas l'intérêt, même si la F1 est devenue de plus en plus active sur Twitter et Facebook depuis quelques années. Pour Liberty, ces réseaux sociaux devraient être au coeur d'une nouvelle stratégie.
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« Au cours de la prochaine décennie, je m’attends à un fonctionnement plus libre et plus tourné vers les spectateurs en Formule 1, et nous pensons qu'une nouvelle génération de passionnés de Formule 1 arriver, et que cela va se faire par le numérique, les réseaux sociaux, les jeux vidéos, etc, » indique Zak Brown. « La participation des supporters est importante aujourd’hui, et il est évident que les personnes de Liberty Media pensent à ça. »
La Formule 1 entre dans une nouvelle ère et les premiers changements devraient se voir dès cette année.