F1 - Comprendre 2018 : Le halo

Sport Auto passe en revue les changements de la saison 2018. Le halo fait son arrivée pour mieux protéger les pilotes : il peut soutenir un bus à double étage.
Plusieurs accidents, notamment ceux qui ont provoqués les décès
de Henry Surtees en F2 en 2009 et de Justin Wilson en IndyCar en
2015, ont poussé la FIA à étudier des solutions pour mieux protéger
la tête du pilote, l'un des points faibles de la sécurité des
monoplaces.
Plusieurs dispositifs ont été testées. Dès 2011, la fédération
évaluait une bulle, finalement abandonnée. Trois solutions ont été
testées en F1 en 2016 et 2017. Le halo, trois tubes reliés au
dessus de la tête du pilote, l'Aeroscreen, un pare-brise développé par Red
Bull, et le Shield, une bulle placée devant le pilote.
C'est finalement le halo qui a été retenu.
Comment fonctionne le halo
Le halo n'est peut-être pas la solution la plus esthétique, mais
les études de la FIA montrent que c'est le système le plus
efficace. Des simulations ont été faits avec une dizaine de
concepts, en reprenant les circonstances de 21 accidents survenus
depuis les années 1990. Des variantes de ces accidents, en
modifiant l'angle du choc, ont également été analysées.
Le halo a obtenu les meilleures résultats. Sur les 21 cas
d'accidents, le halo aurait apporté une meilleure sécurité avec
certitude dans 16 cas. Pour quatre autres, son apport aurait été
potentiellement positif. Il n'y a qu'un cas où la FIA estime que le
halo aurait eu une influence totalement neutre.
L'ajout d'une protection de la tête du pilote a forcément des
conséquences sur la visibilité. Malgré le montant central, le halo
apporte le meilleur compromis. L'Aeroscreen et le Shield pouvait
provoquer une distorsion de l'environnement du pilote. Des
problématiques apparaissaient, notamment si la surface se
salissait.
- La FIA répond aux doutes sur le halo
Le halo peut soutenir un bus à impériale
Le halo va s'intégrer avec d'autres systèmes de protection
: « Le halo n'est que le dernier des éléments pour
protéger la tête du pilote, » explique James Allison, le directeur
technique de Mercedes, dans une vidéo réalisée par l'équipe. « Il y
a évidemment eu les casques, mais aussi des protections sur les
mains, l'appuie-tête, la taille du cockpit. »
Le halo a été créé pour soutenir des charges très élevées. Les
équipes ont dû travailler sur l'ensemble de la rigidité du châssis
: « Il supporte des forces très élevées, » souligne
Allison. « Nous avons renforcé le châssis pour qu'il
puisse supporter environ le poids d'un bus à étage londonien et
pour qu'il soit assez fort pour protéger la tête du
pilote. »
Le halo peut supporter une charge frontale de 116kN depuis le
sommet et de 46kN depuis l'avant, et une charge latérale de 93kN
sur le côté et de 83kN sur l'avant.
Ce n'est qu'en juillet 2017 que la FIA a imposé le halo. En
septembre, les équipes attendaient encore le détail du règlement, ce
qui a compliqué le développement des monoplaces : « Il y
avait beaucoup de détails règlementaires à clarifier. Il fallait
les règlements techniques et sportifs pour le mettre en oeuvre.
Des conséquences sur les monoplaces
Le système a des influences multiples sur le comportement des
monoplaces. Les équipes ont surtout dû prendre en compte son poids.
Elles ont cherché à alléger d'autres éléments de la monoplace pour
pouvoir rester sous le poids minimum. Elles peuvent ainsi placer
des lests pour jouer sur la répartition des masses.
« Ce n'est pas un élément léger, » précise
Allison. « Ce sont plusieurs kilos de titane qu'il faut
mettre sur la voiture. Les changements sur l'ensemble de la voiture
font qu'elle va rester sous le poids minimum. »
L'aérodynamique est également touchée. L'écoulement des flux vers
la boîte à air, qui sert à refroidire le moteur, et vers l'aileron
arrière sont modifiés. Pour limiter l'influence du halo, les
équipes pourront y placer des éléments aérodynamiques.
« Il y a un défi aérodynamique substantiel, » estime
Alisson. « Le halo de base est une pièce identique pour
toutes les équipes et ce tube est assez mauvais pour
l'aérodynamique. Nous avons le droit de le modifier pour en avoir
un par équipe. Nous avons une certaine marge pour limiter son effet
sur l'aérodynamique. »
« Le but est que le halo n'affecte pas le moteur. Il ne faut
pas qu'il modifie le comportement de l'aileron arrière. »
Une esthétique critiquée
Le halo va profondément modifier l'apparence des monoplaces. La
FIA et les équipes vont continuer à travailler sur le système pour
le rendre plus discret. La nouvelle génération de monoplaces,
prévue pour 2021, pourrait marquer une évolution majeure.
« C'est la première de génération de protection de la tête qui
est située au dessus du pilote, » rappelle
Allison. « C'est la première mais ce ne sera pas la
dernière. Rien n'est figé très longtemps en F1. Nous essaierons de
l'améliorer, pour améliorer la sécurité, mais aussi
l'esthétique. »
« Il faut s'y habituer et nous sommes dans ce processus. Je
pense que c'est la même chose pour tout le monde. Je pense que nous
pouvons le rendre plus beau sur la voiture au cours des prochaines
saisons. Il ne fait aucun doute que la sécurité du pilote est
l'élément primordial. Nous aussi aussi un désir affirmé d'avoir des
voitures dont l'image transmet ce qu'est la course et nous allons
continuer à développer ce concept. »
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