Cette BMW Série 7 transformée en lance-roquettes affole les réseaux

Une BMW Série 7 E38 de la 114e brigade ukrainienne sème le trouble près de Bakhmout et Kupiansk. Comment cette berline de luxe s'est-elle transformée en arme improvisée au cœur de la guerre ?

Au milieu de la guerre en Ukraine, une berline allemande des années 1990 attire soudain tous les regards. Sur des vidéos tournées près de Bakhmout, on distingue la silhouette d'une BMW Série 7 E38, peinte en gris-vert, qui file sur une route de campagne avant de disparaître hors champ. Pour les passionnés d'auto, ce modèle reste une icône du luxe discret ; sur le front de l'Est, sa présence soulève aussitôt les questions.

Une BMW Série 7 E38 convertie en lance-roquettes

Car cette berline n'a plus rien de classique : l'armée de Ukraine l'a transformée en plateforme de tir, capable de lancer des roquettes contre des positions russes avant de se replier en quelques secondes. Cette adaptation, attribuée à la 114e Brigade de défense territoriale, illustre une tendance forte du conflit : recycler des véhicules civils en armes improvisées. Reste à comprendre comment ce drôle d'attelage fonctionne exactement.
Les images montrent un système de lance-roquettes multiple installé à la place du couvercle de coffre. Une rangée de tubes, alignés d'abord à l'horizontale le long du toit, est relevée au moment du tir pour pointer vers le ciel. La BMW, camouflée en gris-vert, se fond dans le paysage tant que les tubes restent plaqués contre la carrosserie, ce qui complique la détection visuelle par les drones et observateurs adverses.
Une fois la zone de tir choisie, l'équipage déploie des jambes métalliques fixées au châssis pour stabiliser la voiture. Les soldats règlent ensuite l'angle des tubes, parfois à l'aide d'une tablette reliée au système de visée, puis s'éloignent du véhicule avant la salve. Les roquettes, proches des munitions Grad de 122 mm, partent en quelques instants. Sitôt la séquence terminée, la berline replie son dispositif et quitte les lieux à vive allure.

Des véhicules civils militarisés par l'armée ukrainienne

Ce type de bricolage n'est pas isolé. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les forces ukrainiennes ont monté des roquettes ou des canons automatiques sur des pick-up, des fourgonnettes et d'autres voitures civiles pour offrir un appui-feu mobile à l'infanterie. Une BMW Série 6 cabriolet avait déjà été transformée en 2022 en plateforme pour mitrailleuse lourde, avec l'arme installée dans le coffre ouvert face à l'arrière. On retrouve ce principe sur plusieurs plateformes improvisées : des pick-up équipés de lanceurs de roquettes à courte portée, des véhicules légers de type "Mini-Grad" inspirés du système soviétique BM-21 et des voitures de tourisme adaptées pour transporter des mortiers ou mitrailleuses. Pour la 114e Brigade de défense territoriale, la BMW E38 offre surtout la vitesse et un profil bas. Contrairement aux lance-roquettes lourds montés sur camions blindés, ce MLRS maison n'est pas protégé, ni aussi précis, mais il peut se rapprocher discrètement de la ligne de front, tirer une courte salve puis quitter la zone avant que les radars de contre-batterie russes ne localisent la position. Des observations l'associent aussi à des combats autour de Kupiansk, où l'armée ukrainienne a mené des contre-attaques.
Sur les réseaux sociaux, la voiture intrigue autant qu'elle fascine. Des internautes comparent la scène à des films comme Mad Max ou à des jeux vidéo, saluant le contraste entre une berline allemande de standing et un lanceur de roquettes soviétique recyclé. D'autres soulignent que la BMW E38 reste pour beaucoup l'une des plus belles grandes routières jamais produites, ce qui renforce l'effet de décalage en la voyant secouer sous le recul d'une roquette de 122 mm.

Cette exposition virale fait de la berline un symbole des véhicules civils militarisés, déjà fréquents au Moyen-Orient ou en Afrique mais plus rarement associés à des modèles de luxe européens. Pour les observateurs de la guerre, la voiture illustre une évolution où toute plateforme motorisée peut devenir support d'armes, qu'il s'agisse de roquettes, de drones ou de systèmes de communication, dès lors que des unités disposent des compétences nécessaires pour les adapter sur le terrain.