Reportage : on teste la Ferrari F355 GTS de Michael Schumacher ! (+ vidéo)

Sport Auto a eu le privilège de tester la Ferrari F355 GTS anciennement possédée par Michael Schumacher, le temps d'un reportage au soleil de la Belgique. "Moteur, action !"

Au volant de la Ferrari F355 GTS de "Schumi"

Mettet, au sud de la Belgique. En ce début de matinée estivale, le soleil pointe déjà généreusement le bout de ses rayons alors que nous prenons la direction du Circuit Jules Tacheny.
Cette piste, moins connue que Zolder ou Spa, déroule son étroit ruban de bitume sur 2.3 kilomètres au coeur des verts pâturages de la région de Namur. Le terrain de jeu idéal, dont la technicité requiert rythme et concentration, pour une journée-découverte au volant d'un modèle un peu particulier.
Vous avez bien lu... On ne parle pas ici de voiture de course, bien que son pedigree sente bon la vitesse et la gomme chauffée, mais d'une Italienne comme on n'en fait plus avec son V8 3.5 litres atmo de 380 ch et sa boite manuelle de 6 rapports. En un mot : la Ferrari F355 GTS ou "Targa".
Celle que nous prenons en main dans la vidéo ci-dessous n'est ni rouge, ni blanche, encore moins jaune. Elle est bleue. Mais pas n'importe quel bleu. Une livrée "Bleu Le Mans" demandée expressément par un certain... Michael Schumacher en 1996. Remontons donc le temps et les souvenirs en compagnie de Ziv Knoll, son heureux propriétaire depuis 2004.

Une Ferrari préparée spécialement pour Schumacher

"Cette F355 est la première voiture de fonction que Michael Schumacher a reçue de Ferrari", raconte ce grand passionné d'automobiles à Sport Auto. "Souvenons-nous qu'en 1996, la Scuderia sort d’une longue traversée du désert en Formule 1 et a commencé à bâtir sa 'dream team' autour de Schumacher, attendu comme le messie. Cette voiture est donc née à un moment charnière. Sa symbolique est très forte."
"Tout dans cette voiture m'a plu", poursuit celui qui officie aussi comme journaliste spécialisé. "J'ai pu l'acheter en 2004 lors d'une vente au Grand Prix Historique de Monaco. Rien qu'en m'asseyant dedans, je me suis dit 'cette voiture est à moi'. Le coup de foudre a été immédiat."
"Elle m'a été vendue dans un état impeccable, avec à peine 21 000 km au compteur", précise-t-il. "J’ai aussi reçu le carnet d’entretien, qui fut donné à Schumacher avec la première inscription de son agent de l'époque Willi Weber. Mais aussi une lettre de 'Cavallari Monaco' attestant que la voiture avait été entretenue durant deux ans pour Schumacher, qui signa aussi l’arrière du siège-conducteur."
Mais le caractère unique de cette Ferrari ne réside pas que dans ses accessoires. "Ce qui m’avait frappé, ce sont ses voies arrière, plus larges que sur une F355 classique", raconte Ziv Knoll.
"En grattant un peu, j’ai appris que Schumacher avait tourné à Fiorano avec un 'mulet', en réalité une GTB rouge. A l’issue de ces tests, il avait donné des instructions aux ingénieurs de Ferrari."
"D’abord pour obtenir une version Targa, la GTS, avec une boite de vitesse manuelle, ce qui est plutôt logique, un moteur très affuté, sa compression est d’ailleurs assez exceptionnelle pour une F355, avec une couleur spéciale. Et c’est Luca di Montezemolo en personne [le président de Ferrari à l'époque, ndlr.] qui lui a remis les clés."

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Mais pourquoi Schumacher a-t-il opté pour une F355 ?

Une marque comme Ferrari n'étant pas avare en modèles prestigieux, opter pour un aux contours relativement modestes comme la F355 peut étonner.
Au-delà d'une certaine logique commerciale, qui de mieux qu'un pilote-vedette pour promouvoir une nouvelle gamme, Ziv Knoll nous éclaire sur les motivations de celui qui n'était "que" double champion du monde de F1.
"N’oublions pas que la F355 était la descendante de la 348, considérée un peu comme un 'canard boiteux' à l’époque", explique-t-il. "Il y avait donc une volonté de tourner la page en créant une lignée plus séduisante, inspirée par différents clins d'oeil de la célèbre Dino 246 GT des années 1960-70."
"Son format lui offre aussi une excellente répartition des masses. Grâce à cela, mais aussi sa légèreté [seulement 1 350 kilos à vide, ndlr.] et un bloc d’un peu moins de 400 chevaux, le rapport poids-puissance est idéal, ce qui la rend très efficace sur circuit. Et comme disait Colin Chapman [le fondateur de Lotus, ndlr.], 'Light is right' ['la légèreté, c’est la clé', ndlr.], ce qui a plu à Schumacher."

Michael Schumacher : "Cette Ferrari était mon premier amour"

En guise de conclusion à notre entretien, la question nous brûle les lèvres : Michael Schumacher savait-il ce qu'était devenue sa première Ferrari de fonction ? "J'ai eu l'occasion de lui dire en personne", lance Ziv Knoll, l'oeil pétillant.
"C’était un moment un peu magique au Grand Prix de Belgique 2012. Je l’ai croisé dans le paddock de Spa-Francorchamps. Il marchait d’un pas décidé, du genre à ne pas vouloir être dérangé. Je me suis quand même lancé avec une phrase, ‘Michael, I own your first Ferrari’ ["Michael, je possède ta première Ferrari", ndlr.]."
"Ca a suffi pour qu’il s’arrête net et on s’est mis à discuter. Il s’en souvenait très bien, il adorait cette voiture. J’ai blagué sur le fait qu’elle était en meilleur état qu’à l’époque où je l’avais achetée à Monaco, ce qui l’a fait beaucoup rire. Puis il m’a dit 'This car was my first love' ['cette voiture était mon premier amour'.ndlr.], ce qui n'a que modérément plu à son épouse Corinna [rires, ndlr.] !"
"En quelques minutes, j’ai eu la chance de voir un Schumacher plus ouvert", se remémore-t-il. "Il avait cette réputation d’être assez distant dans l'univers de la F1, mais c’était tout l’inverse dans le privé. Le fait de lui rappeler le bon souvenir de cette voiture a fait tomber toutes les barrières. Un beau moment..."

Découvrez ici notre reportage exclusif au volant de la Ferrari F355 GTS de Michael Schumacher, aussi disponible sur la chaîne Dailymotion de Sport Auto.