Supertest - Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : sur route ou piste, même combat !
A mi-chemin entre une S et une Turbo, la Porsche 911 GTS se montre aussi à l’aise sur route que sur piste. Et pourrait faire grincer des dents chez les propriétaires de GT3. Sport Auto la teste sur circuit !
C'est à travers le blason « GTS » que Porsche a décidé de se
fâcher avec une partie de sa clientèle. Depuis l’année dernière,
c’est officiel : une
911 peut être hybride. Ces trois lettres qui jusqu’à présent
étaient synonymes de sportivité exacerbée, mais sans tomber du côté
piste, sont désormais un badge auquel est accolée l’appellation «
T-Hybrid », désormais dans le ventre de la nouvelle 911 S sur Sport
Auto passe ici sous la loupe.
En aval de la baie de pare-brise, un accu de 400 V, d’une capacité
de 1,9 kWh et pesant 27 kg, vient en complément d’un module
lithium-fer-phosphate fournissant en 12 volts ce qui doit l’être.
Cette pile haute tension permet de se priver de la courroie du
compresseur de la clim, qui est géré électriquement.
Elle récupère de l’énergie lors des décélérations mais également
par le turbo à assistance électrique. « Le », et non plus « les »,
car la GTS inaugure un nouveau 3,6 l, le 3 l servant à alimenter
les 911 d’entrée de gamme.
Pour résumer, au catalogue 911, vous avez du 3 l biturbo (Carrera,
T et S), du 3,6 l monoturbo (GTS), du 3,7 l biturbo (Turbo) au
souffle inépuisable ou de l’extraordinaire 4 l atmosphérique (GT3
RS et S/T).
Plus complet, tu meurs ! Manquerait plus qu’une version 100 %
électrique. Le plus tard sera le mieux… Qui dit hybridation dit
surpoids. Et pas qu’un peu. Porsche table sur 1 595 kg, notre
balance indique 101 kg de rab.
C’est 68 kg de plus que la précédente GTS (992 phase 1). Avec moi
et mon baise-en-ville à bord, la GTS dépasse allègrement les 1 800
kg… Pour une GT 2 roues motrices de seulement 4,55 m de long, c’est
trop. Mais cela se ressent-il ? Non, et c’est perturbant.
La T-Hybrid se comporte exactement comme on l’espère et nous y
reviendrons, mais avant de goûter aux joies de la piste, cap plein
nord, à Mortefontaine, où les conditions ne peuvent pas être
meilleures (16 °C, légère dépression, pas de vent).
Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : relative paresse au démarrage
Le premier départ arrêté (Launch Control activable quel que soit
le mode de conduite) est décevant : 3”6 pour le 0 à 100 km/h. Je
retente l’exercice dans la ligne droite opposée (côté aire plane)
avec plus de succès. 3”4, c’est mieux, mais les gens de
Porsche grincent des dents.
Et pour cause : c’est le chrono que nous avions enregistré avec la
précédente version, alors que le constructeur annonce 3”0 tout rond
pour cet exercice. Cette relative paresse au démarrage s’explique
en raison de deux facteurs.
Les pneus Goodyear Eagle F1 SuperSport R de notre modèle ont déjà
subi les affres d’une conduite dynamique, la partie extérieure de
la bande de roulement flirtant avec le témoin. Et cet état passable
des gommes arrière justifie que, lorsqu’on relâche les freins, une
perte de motricité se fasse sentir, le Launch Control n’officiant
pas comme escompté.
S’ensuit un subtil déhanché avant que les pneus de 315 mm de large
ne reprennent leurs esprits et n’affolent le radar. Le 1 000 m D.A.
est pulvérisé en 20”5, soit un gain de 4 dixièmes par rapport à la
précédente GTS. C’est le chrono d’une GT3 RS de 2015, de 230 kg
plus légère.
La GTS 2025 pousse fort et longtemps, le mille étant expédié à une
vitesse de 260 km/h. Avec son turbo à assistance électrique, qui
annihile tout temps de réponse, les reprises (2”3 de 100 à 140
km/h) sont des catapultages.
A l’issue de la séance de mesures, c’est le syndrome du verre
d’eau. D’aucuns le verront à moitié vide, avec des accélérations à
peine plus véloces qu’avant. D’autres se réjouiront qu’il soit à
moitié plein, avec une propension à tenir tête à des engins plus
radicaux et bien plus sveltes.
Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : pas de tout repos
Comme la GTS est une S plus sportive, elle est plus raide. La
suspension pilotée PASM, si probante sur la version Targa avec une
véritable tendance à absorber, n’est pas de tout repos et réveille
ici de vieilles douleurs. La garde au sol est minorée de 10 mm avec
le châssis sport.
Sur les grands axes, rien d’alarmant, la 911 restant une machine à
voyager vite et bien qui a toujours si peu de concurrentes, même si
les saignées sur l’A20 percutent dans les lombaires. La position de
conduite, basse, n’est pas handicapante, et les assises offrent
suffisamment de moelleux pour ne pas craindre le tour de reins
entre deux stations‑service.
La présentation n’est pas guillerette mais l’ergonomie est
agréable, y compris en ce qui concerne la navigation dans les
nombreuses fonctions de l’écran tactile. Ajoutez à ce tableau une
boîte PDK à 8 vitesses qui, en mode Normal, anticipe exagérément la
montée des rapports et vous obtenez une grand tourisme disciplinée
mais nerveuse quand le besoin s’en fait sentir.
Toutefois, l’autoroute distillant un plaisir de conduite très
relatif, c’est sur réseau secondaire que la GTS joue un répertoire
plus plaisant. Son 3,6 l (l’alésage passe de 91 à 97 mm et la
course augmente de 76,4 à 81 mm) développe à lui seul 485 ch, soit
5 petits chevaux de plus que la 992 GTS phase 1.
Les 541 ch ne sont atteints que grâce aux 15 ch du moteur
électrique du turbo et aux 54 ch de celui coincé entre le flat 6 et
la transmission. Ce dernier est plutôt compact (286 mm de diamètre
pour une profondeur de 55 mm) et délivre, dès le ralenti du boxer,
15,3 mkg en sus.
Plus volubile que le 3 l, ce moteur s’accommode de toutes les
demandes mais se montre très à l’aise dans la seconde partie du
compte-tours. S’il ne rivalise pas, tant en caractère qu’en
stridence, avec le 4 l des GT3, sa capacité à reprendre au-delà de
4 000 tr/mn interpelle pour une mécanique turbo.
L’hybridation voulue par Porsche, bien qu’elle ne permette en aucun
cas d’échapper au malus écologique et ne soit pour l’instant
toujours pas synonyme de conduite silencieuse en 911, me paraît
pertinente. Je m’explique : elle est entièrement tournée vers la
performance, rien d’autre.
Non seulement de l’énergie est renvoyée dans les accus pendant les
phases de freinage (classique), mais même lorsque l’accélérateur
est sollicité, la jauge de recharge apparaît en vert. Normal : le
turbo s’enclenche, mais le moteur électrique monté sur son axe
profite de la rotation des turbines pour générer de
l’électricité.
Au-delà d’un certain angle de pédale, la batterie se vide, mais
comme il suffit de rouler normalement pour la remplir fissa, la GTS
ne se retrouve jamais à court d’électrons pour amuser son
conducteur. Et affoler les chronos, même si, pour des raisons
d’électronique capricieuse (voir encadré), Christophe Tinseau n’a
pas pu réaliser le temps escompté.
C’est donc avec un PSM (Porsche Stability Management) qui fait des
siennes et tempère les ardeurs de notre pilote qu’il a fallu
composer. Le chrono n’est par conséquent pas représentatif du
potentiel de l’auto qui, en dépit de ce garde-fou castrateur, se
montre plus véloce que l’ancienne GTS. Et de l’avis de notre maître
ès glisse, avec des gommes neuves et sans ce pépin électronique,
l’auto aurait pu taquiner une GT4 RS.
Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : ça paraît simple
C’est à mon tour de voir comment cette 911 d’un nouveau genre se
comporte sur piste. Première indication : à l’exception d’un
toucher de pédale de frein moins naturel qu’avant, on n’a pas le
sentiment d’être dans une hybride. Mais dans une 911, si.
La direction (2,5 tours d’une butée à l’autre) est toujours aussi
rigoureuse et rassurante. Tourner la petite molette des programmes
sur le volant ne trouble pas cette bonne impression. Même quand le
mode Normal est sélectionné, la GTS renseigne parfaitement sur ce
qui se passe sous les roues. Le train avant n’a pas ce pouvoir
tranchant de la GT3 (la GTS conserve des MacPherson), mais chaque
impulsion des mains est suivie instantanément d’effet.
L’avant est costaud et précis, la poupe est joviale. De série, la
GTS bénéficie des roues arrière directrices. Lorsque le braquage
opposé intervient, il n’y a pas de sensation perturbante :
l’arrière pivote comme sur un transfert de charge,
naturellement.
Le grip est sans faille, malgré des pneus très usés. Sauf lorsque
Christophe me réexplique le mode de fonctionnement d’une 911. Une
fois toutes les aides en sommeil (et en faisant attention de ne pas
aller trop vite pour ne pas réactiver ce PSM récalcitrant), la GTS
part dans de longues glisses.
« C’est tellement simple », affirme notre ami. « Ça
paraît simple », rectifié-je. Le PTV+ garantit une belle fumée
blanche homogène, à gauche comme à droite. Sur piste, la suspension
durcie à son maximum verrouille plongée et roulis.
Le cabrage, lui, demeure un peu sensible en sortie des virages
lents, mais le défaut génétique des 911, à savoir la perte de
pouvoir directionnel, n’est qu’un lointain souvenir. Une GTS, sans
les problèmes que nous avons rencontrés, serait-elle en mesure de
tenir tête à une GT3 sur piste ?
Bien emmenée, c’est probable, car ce nouveau 3.6 délivre une
allonge étonnante pour un bloc turbocompressé, au point de se faire
souvent surprendre par le rupteur (7 500 tr/mn). Il n’a pas le
caractère « direct du droit » du 3.7 biturbo, mais séduit
par sa sonorité moins feutrée et sa propension à se sentir à l’aise
dans la seconde moitié du compte-tours.
Comportement, mécanique, mise en confiance immédiate : la GTS n’est
pas une 911 édulcorée, et son système hybride, qui pèse sur la
balance, passe inaperçu volant en mains. Seul l’étagement, toujours
trop long, de la PDK à huit vitesses vient un peu ternir ce
tableau.
L'avis de Sylvain Vétaux : 5/5
Objectivement, l’hybridation sur cette 911 ne sert aucun but
précis. La GTS était déjà suffisamment performante par le passé, et
l’arrivée de l’électricité ne lui permet pas d’échapper au
matraquage fiscal.
Mais subjectivement, il est impossible de se lasser de ce
comportement mêlant dynamisme, agilité et précision. Le nouveau
flat 6 délivre punch et allonge, et le souci électronique que nous
avons rencontré n’altère nullement la bonne impression
générale.
Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : fiche technique
- Moteur : flat 6 hybride, turbo, 24 S + 1 électrique
- Position : AR porte-à-faux, transversale
- Cylindrée : 3 591 cm3
- Alésage x course : 97 x 81 mm
- Rapport volumétrique : NC
- Régime maxi : 7 500 tr/mn
- Puissance maxi thermique : 485 ch à 6 500 tr/mn
- Puissance au litre : 150,3 ch/l
- ouple maxi thermique : 58,5 mkg à 1 950 tr/mn
- Couple au litre : 17,3 mkg/l
- Puissance maxi électrique : 56 ch
- Couple maxi électrique : 15,3 mkg
- Capacité de la batterie : 1,9 kWh
- Puissance cumulée : 541 ch à 6 500 tr/mn
- Couple cumulé : 62,2 mkg à 2 300 tr/mn
- Transmission : roues AR, 8 rapports à double embrayage
- Autobloquant : AR piloté PTV+ Antipatinage : de série déconnectable
- Suspension AV/AR : pseudo-MacPherson, barre antiroulis, amortisseurs pilotés/essieu multibras, barre antiroulis, amortisseurs pilotés
- Direction : crémaillère, assistance électromécanique
- Tours de volant/diamètre de braquage : 2,5/10,9 m
- Freins AV/AR : disques percés ventilés (408 mm, étriers 6 pistons/380 mm, étriers 4 pistons)
- Antiblocage : de série
- Poids constructeur/contrôlé : 1 595/1 696 kg
- Répartition AV/AR : 37/63 %
- Rapport poids/puissance : 3,1 kg/ch
- L - l - h : 4 553 - 1 852 - 1 292 mm
- Empattement : 2 450 mm
- Voies AV/AR : 1 595/1 557 mm
- Réservoir : 63 l (84 l en option sur modèle essayé)
- Roues AV & AR : 8,5 x 20 & 11 x 21
- Pneus AV & AR : 245/35 ZR 20 & 315/30 ZR 21
- Prix de base : 174 900 €
- Options/malus : 29 053/70 000 €
- Prix du modèle essayé : 273 953 € (malus compris)
Porsche 911 Carrera GTS (992.2) : performances en piste ?

Retrouvez notre Supertest de la Porsche 911 Carrera GTS (992.2) dans le Sport Auto n°763 du 25/07/2025.


