Essai - Aston Martin Vanquish Volante : le plus beau cabriolet du moment ?
Dire de l'Aston Martin Vanquish Volante qu’elle est une magnifique découvrable, peut-être la plus belle du moment, serait réducteur. Pas parce que c’est faux, mais ce serait omettre qu’elle est surtout une extraordinaire machine pour rompre l’ordinaire...
Elle n’est que carbone, aluminium, cuir et mécanique enjouée.
Elle est surtout le cabriolet le plus abouti qu’Aston Martin ait
jamais produit. Ça tombe bien, c’est aussi le plus puissant. Sur
les routes de Sardaigne, la Vanquish Coupé m’avait
enthousiasmé, mais le terrain de jeu (routes défoncées, voies
étroites, météo capricieuse) me laissait comme un goût de trop peu
en bouche.
Aujourd’hui, toutes les étoiles sont alignées. Les routes à l’ouest
de Tarragone alternent entre les départementales étroites grimpant
à l’assaut de plateaux ocres et des portions courbes tellement
rapides qu’on aurait envie de troquer l’anneau de Mortefontaine
pour elles.
Bref, actuellement, tout est parfait, à commencer par la monture.
Grise, intérieur cuir fauve rehaussé de parements en carbone dont
les reflets mordorés étincellent une fois la capote rabattue.
Inutile de préciser que l’étêtage ne sacrifie pas les lignes
superbes de la Vanquish. « Gorgeous », disent nos hôtes.
C’est ça : la Volante est voluptueuse. Aux traits néo-rétro de la
12Cilindri, l’anglaise répond bestiale élégance ou élégante
bestialité. A vous de voir l’antonymie préférée. Une chose est sûre
: lorsque déboule dans vos rétros sa calandre énorme, 30 % plus
large que celle de la précédente Vanquish, le trouillomètre grimpe
de plusieurs niveaux.
La Volante est rare (production limitée à 1 000 exemplaires par an)
et la Volante est donc chère : 420 500 €, hors broutilles de
personnalisation et malus qui ne tarderont pas à faire débuter la
facture par un « 6 ». C’est ainsi bien un joyau dont il est
question.
Du pareil au mieux
L’écart de poids entre le coupé et le cabriolet s’établirait à
une petite centaine de kilos. Cela se ressent-il ? Non, et pour
cause : le V12 5.2 biturbo est toujours cette force de la nature
que rien ne semble pouvoir contrarier.
Il y a, sur le marché, des moteurs plus enjoués, plus brutaux, plus
pointus, mais ceux arrivant à combiner noblesse mécanique, sonorité
envoûtante, allonge extraordinaire et couple à arracher les
fondations du château de Versailles sont beaucoup plus rares.
Les deux rangées de 6 cylindres sont positionnées 4 cm plus au
centre que dans la DBS et cela a son importance. L’échappement est
fait d’acier inoxydable mais les silencieux peuvent être en titane,
moyennant finance.
Le V12 est accouplé à une boîte automatique à 8 rapports. «
Accouplé » et pas « accolé » puisque la transmission, avec son
autobloquant piloté, est rejetée derrière. La liaison entre les
deux essieux est assumée par un arbre en carbone, comme il est de
coutume chez Aston. 1-7-5-11-3-9-6-12-2-8-4-10 : voici la
combinaison gagnante de l’allumage.
Coupé et cabriolet partagent exactement la même cartographie moteur
et, de facto, les mêmes valeurs. 835 ch à 6 500 tr/mn (rupteur vers
7 200 tr/mn), près de 102 mkg dès 2 500 tr/mn : en dépit de ces
chiffres himalayesques, les performances revendiquées sont
modestes.
Avec son 0 à 100 km/h en 3’’4, la Vanquish Volante ne ferait pas
mieux qu’une BMW M3 CS Touring (3’’2 vérifiés), certes bien aidée
par ses quatre roues motrices mais quasi 300 ch moins
puissante.
Une arnaque, l’anglaise ?
Vous savez déjà le peu de crédit que nous accordons à ces
valeurs, notre priorité ayant toujours été les sensations derrière
le volant. Accélérer fort, c’est bien ; le faire en filant la
banane, c’est mieux. Une Porsche Taycan Turbo GT exécutera l’Aston
Martin à la moindre relance.
Pourtant, je peux vous assurer que vous jouerez des coudes pour
occuper l’une des deux places de l’anglaise. Pile au régime de
couple maxi, première perturbation de la vue. Avec une motricité
étonnante, la Vanquish vient de raccourcir les distances.
Ce n’est que l’amuse-bouche. Vers 5 000 tr/mn, là où les moteurs
turbocompressés commencent à tirer la langue, le 5.2 repart de plus
belle. Heureusement, l’avalanche de mètres-kilos est sur le point
d’être circonscrite. Que dalle !
La poussée est strictement identique jusqu’à la zone rouge. Le V12
de la 12Cilindri est plus mélodieux ? Probablement mais, en matière
de force brute, il n’offre pas cette sensation de tumultueux
torrent. Félicitations : vous voilà réincarné en gardon pris dans
les tourbillons de la Vésubie.
a transmission arrive-t-elle à suivre ce déferlement ? Moins bien
que la double embrayage de Ferrari. Aston Martin nous annonce avoir
retravaillé la gestion électronique depuis l’essai du coupé et
c’est vrai que les rapports, pas plus rapides pour autant,
paraissent moins récalcitrants à passer.
On loue surtout les grandes oreilles en carbone, solidaires du
volant, tellement simples à tripoter. Cantonner la Volante à de la
parade entre deux palaces serait une monumentale erreur et voici
pourquoi.
Hyper GT
Depuis le lancement de la Vantage, on sait que Gaydon a pris à
bras le corps un secteur dans lequel il n’excellait pas jusqu’alors
: les trains roulants. En s’offrant les services de Bilstein et de
leurs amortisseurs adaptatifs DTX, leurs autos sont enfin à la
hauteur de leur prétention. Ainsi que le rabâche un éminent
confrère, mieux vaut une suspension réglée qu’une suspension
réglable.
Lorsqu’elle est les deux, comme c’est le cas sur cette Vanquish, on
se régale. De découvrable parfaitement ouatée mais dynamique en
mode GT, la Volante se mue en missile téléguidé une fois le
programme Sport+ sélectionné.
Cerise sur le gâteau : alors que le réglage le plus extrême de
l’amortissement transforme une 911 en planche de fakir, il est ici
synonyme de confort préservé. O.K., mais en quoi cela fait-il de ce
joyau de la couronne un engin à part ?
Parce que le reste de la copie frise le plus que parfait. Le train
avant, avec ses doubles triangles, est suffisamment réactif et
précis pour ne pas craindre les surbraquages. Le virage se referme
? Pas grave : le poids du V12 passe presque inaperçu.
Le virage se referme, bis ? Toujours pas grave : le différentiel
piloté, dont le passage de l’ouverture à la fermeture ne prend pas
plus d’un dixième de seconde, permet d’exploiter au maximum le grip
hallucinant des Pirelli PZero PZ4 sur mesure (marquage AML).
Remettre les idées en place
A ce stade, où il n’est question que d’efficacité et de
propension à violemment remettre les idées en place, d’aucuns
penseront que la Vanquish Volante est une magnifique aristocrate,
parfaitement éduquée. Or la princesse est du genre rebelle.
Nous en avons un aperçu en appuyant trois secondes sur le bouton
ESP. Une fois en Sport, les virgules en sortie de courbe sont
récurrentes, mais comme l’autobloquant n’est pas débordé par les
événements, il n’y a aucun crime de lèse-majesté.
L’équilibre, si cher à Aston Martin (51 % du poids derrière), est,
avec la fougue mécanique et la plastique irréprochable de la
Volante, le dernier numéro d’un tiercé gagnant. Il me semble même
plus probant que dans la Vantage, pourtant moins lourde, mais dont
le train arrière réagissait plus violemment sur les hautes
fréquences.
Paradoxalement, la Vanquish est plus simple à cerner bien que, sur
goudron très tourmenté, l’amortissement s’avoue parfois vaincu,
avec une détente mal jugulée. Pour les plus téméraires (je ne le
fus pas), il est également possible de faire totalement sommeiller
le contrôle de stabilité et de s’en remettre à l’antipatinage, que
la molette centrale permet de moduler sur neuf niveaux.
Le coupé avait déjà dessiné les contours de l’hyper GT made in
Gaydon. Le cabriolet les affine. Face à la tenue de route parfois
scabreuse de la DBS Superleggera (de l’avis même des responsables
Aston Martin), la Volante rectifie le tir de la plus belle des
manières.
Sur le plan mécanique, avec un V12 biturbo qui figure aujourd’hui
au classement des cinq meilleurs moteurs du monde. Sur le plan
dynamique, avec une suspension pilotée qui répond sans rougir aux
fleurons du segment (barre antiroulis avant et ressorts arrière
sont durcis de 7 % par rapport au coupé).
Sur le plan sécuritaire, avec des freins carbone-céramique (27 kg
plus légers que leurs homologues en acier) qui se montrent toujours
présents et délivrent un mordant constant. Pour résumer : la
Vanquish Volante est le meilleur cabriolet dont j’ai eu la chance
de prendre le volant. Rien que ça…
L'avis de Sylvain Vétaux : 5/5
Découper le toit d’une voiture suppose en principe de faire quelques concessions avec nos exigences en matière de sportivité. En principe, une auto plus lourde est moins rigide et n’est jamais accueillie avec nos louanges. Mais la Vanquish Volante nous a prouvé que les principes, de temps en temps, c’était bien de s’asseoir dessus.
Aston Martin Vanquish Volante : sa fiche technique
- Moteur : V12, biturbo, 48 S
- Cylindrée : 5,2 litres
- Puissance maxi : 835 ch à 6 500 tr/mn
- Couple maxi : 101,9 mkg à 2 500 tr/mn
- Transmission : roues AR, 8 rapports auto
- Antipatinage/autobloquant : de série déconnectable + contrôle de traction paramétrable/de série piloté
- Poids annoncé : 1 880 kg (à sec, avec options Light)
- L - l - h : 4 850 - 2 044 - 1 296 mm
- Empattement : 2 885 mm
- Pneus AV & AR : 275/35 & 325/30 ZR 21
- Réservoir : 82 l
- Prix de base : 420 504 €
- Prix des options/malus : NC/70 000 €
- Prix du modèle essayé : 490 504 € (hors options, malus inclus)
- V. max. : 345 km/h
- 0 à 100 km/h : 3’’4
Retrouvez notre essai de l'Aston Martin Vanquish Volante dans le Sport Auto n°764 du 29/08/2025.


