Bentley et le diesel : pourquoi tant de haine ?
Bentley vend désormais un modèle diesel, avec une nouvelle déclinaison du SUV Bentayga fort de 435 ch. Voici les raisons de l’arrivée du carburant nauséabond.
La nouvelle ne provoque même plus l’indignation, tant nous sommes habitués à voir des marques de luxe se convertir au diesel. Porsche a essuyé les plâtres avec le Cayenne en 2009. Rappelons que Jaguar a instauré un pacte avec le diable depuis longtemps et que Maserati a succombé récemment, avec la Quattroporte et la Ghibli. Bentley, lui, se lance par le biais de son "utilitaire" : un SUV de 435 ch, partageant ses dessous avec l’Audi SQ7 (105.500€). A savoir un V8 doté de trois turbos, dont un électrique, produisant un couple maxi faramineux de 91,7 mkg. Le constructeur évoque la puissance, le raffinement et la diversité au sujet de son 4x4 agricole. Il affirme aussi qu’il s’agit du SUV diesel le plus rapide au monde. Passionnant. Mais l’argument principal consiste à avancer une autonomie supérieure à 1 000 km, "permettant de rallier Londres à Bordeaux en un seul plein". C’est certain, les personnes capables de débourser 182.400€ pour leur auto sont très regardantes !
La technologie
En cherchant en savoir plus sur les raisons de cet engouement envers le carburant cancérogène, Bentley évoque dans un premier temps l’avancée technologique, qui est "désormais au niveau suffisant pour répondre aux attentes de la marque". Il insiste en précisant que le "développement technologique est tel qu’il est possible d’offrir la puissance, la performance et le raffinement attendus par la clientèle. Ce moteur tri-turbo permet de retrouver l’expérience de conduite traditionnelle, sans effort et avec une puissance disponible sur toute la plage moteur. En plus, le Bentayga Diesel est l’auto qui émet le moins de CO2 de la gamme, avec seulement 210 g/km."
La vertu
Paradoxalement, est-ce que le carburant qui créera un jour prochain un scandale sanitaire se justifie pour réduire les rejets polluants aux yeux de la règlementation européenne ? "Nous n’avons pas lancé le Bentayga Diesel pour abaisser notre moyenne de CO2 pour l’ensemble de la gamme" rétorque Bentley. "Nous améliorons en permanence nos rejets pour chaque modèle lancé." Quitte à diminuer de moitié la cylindrée sur les V8 biturbo et W12 biturbo, à faible charge... "Nous visons une nouvelle clientèle, qui se soucie davantage de l’autonomie et des rejets polluants". Nous y voilà.
Les jeunes et l’Europe
Bentley explique que le diesel n’intéresse pas le marché américain et asiatique, où ce type de pompes est réservé aux camions. Mais en Europe, ce carburant nocif est vénéré. "Nous tablons sur une très forte demande à travers l’Europe, surtout de la part de jeunes clients, grâce à l’autonomie supplémentaire et au côté pratique. Le diesel attire une jeune génération sur les marchés existants." Le constructeur insiste sur le fait que le diesel ne lui permet pas de toucher de nouveaux marchés, mais seulement une nouvelle clientèle. Les "jeunes" entrepreneurs seront sans doute ravis de leur nouvelle voiture de société. Pour terminer, Bentley ne souhaite pas communiquer sur ses objectifs de ventes et le mix essence/diesel concernant le Bentayga. Le diesel inondera sans doute le marché européen (90 % des ventes), tandis qu’il sera anecdotique partout ailleurs.
Quelques chiffres
Voici quelques données techniques sur le Bentayga convertit au fioul. Rappelons qu’il existe heureusement en W12 biturbo de 608 ch, que nous ne tarderons pas à essayer.
> Moteur : V8 triturbo, 435 ch à 3 750 tr/mn, 91,7 mkg à 1 000 tr/mn
> Transmission : intégrale, boîte 8 autos
> Poids : 2 390 kg
> Performances : 0 à 100 km/h en 4’’8, 270 km/h
> Commercialisation : début 2017
> Prix : 182.400€