Les pilotes WRC s’unissent et créent la WoRDA
Les pilotes du Championnat du monde des Rallyes (WRC) ont créé la WoRDA, une association inspirée par leurs collègues en Formule 1. De quoi s'agit-il ?
Les pilotes du championnat du monde des rallyes se sont à leur tour unis, afin d’émettre leurs pensées sur les décisions prises (ou non prises) par la FIA.
Récemment, le Code Sportif International a ajouté quelques lignes dans sa réglementation. Notamment l’article 12.2.1.l, pour « toute mauvaise conduite », soit « l’utilisation générale d’un langage (écrit ou oral), d’un geste et/ou signe offensant, insultant, grossier, impoli ou abusif, dont on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’ils soient considérés comme grossiers, impolis, offensants, humiliants ou comme étant déplacés, - aux violences physiques (coup de coude, coup de poing, coup de pied, coup de tête, etc.), - à l’incitation à commettre l’une des actions susmentionnées ».
La FIA face aux pilotes
Déjà la saison dernière, en Formule 1, certains pilotes avaient été sanctionnés après avoir juré à la radio ou en conférence. Ceux-ci avaient écopé d’une amende et parfois même de travaux d’intérêt général, suscitant des réactions de toutes part, que ce soit des personnes du monde du sport automobile ou des fans.
La GPDA (Grand Prix Drivers Association), née en 1961, avait alors publié un communiqué sur les réseaux sociaux en novembre dernier à l’intention des parties présentes autour de la catégorie reine et des fans. Dedans, les pilotes soulevaient des interrogations quant à l’utilisation des sommes récoltées par les amendes et relevaient que les pilotes ne devaient pas être traités comme des enfants, le respect se devant être mutuel.
Le nouvel article du Code Sportif est valable dans les diverses catégories du sport automobiles. Le WRC fait donc également l’objet de ces possibles pénalités imposées, à savoir des amendes à cinq chiffres mais aussi éventuellement le retrait de points au championnat. Il faut donc être prudent à tout moment, à l’intérieur comme à l’extérieur de la voiture…
Les pilotes WRC créent la WoRDA
Seulement voilà, après la dernière spéciale du Rallye de Suède, le pilote français Adrien Fourmeaux a laissé échapper un gros mot au micro. La FIA lui a donc adressé une amende de 10 000€.
Peut-être était-ce le pas de trop pour les pilotes, puisque 15 jours après la deuxième manche de la saison est apparu un compte Instagram et, avec lui, un communiqué signé par 33 pilotes sous le nom « WoRDA » (World Rally Drivers Alliance), inspiré par celui de la GPDA de leurs collègues de Formule 1.
Dans ce dernier, les pilotes WRC appellent à « une communication et un engagement direct entre le Président de la FIA et les membres de WoRDA afin de trouver une solution mutuellement acceptable et urgente ».
Tout comme leurs confrères, les pilotes se questionnent sur les sommes « exorbitantes » assénées, « grandement disproportionnées quant aux revenus et au budget en Rallye ».
Les pilotes de Formule 1 ne sont donc visiblement pas les seuls à se demander où va cet argent. Ceux du WRC attestent même qu’« il est certain que les impressions négatives entourant ces sanctions l’emportent de loin sur l’impact de toute erreur linguistique ».
Sébastien Ogier, Thierry Neuville ou encore Kalle Rovanperä dénoncent par ailleurs la « croissance alarmante dans la sévérité des sanctions imposées pour des erreurs de langages mineures, isolées et non intentionnelles », jusqu’à atteindre un « niveau inacceptable ».
La WoRDA sur le long terme
Pour le futur, nous pouvons imaginer une trajectoire similaire à la GPDA pour la WoRDA. En ce sens, une lutte pour l’amélioration de la sécurité des pilotes, des spectateurs mais aussi plus généralement une amélioration du sport, avec une communication entre les différents partis de la FIA et les membres de cette nouvelle alliance.
S’unir pour avoir plus de poids dans les décisions que prend la FIA est indispensable. Les pilotes connaissent leur sujet, étant les principaux intéressés quant aux changements de règlements et aux pénalités infligées. Ils peuvent ainsi faire valoir leurs droits et donner leur avis, dans un but d’amélioration de leur sport, mais aussi d’autres championnats automobiles, quitte à protester lors d’un week-end de Grand Prix, comme à Spa en 1969 ou au Nürburing en 1970 en Formule 1. Il serait donc judicieux de les écouter.
Ne pas permettre aux pilotes, avec tant d’adrénaline, de s’exprimer naturellement enlève du charme à la discipline en plus de leur demander un effort supplémentaire.
Les 33 signataires et membres du communiqué font d’ailleurs part de cela : « nous ne sommes pas tous des professionnels à temps plein, et pourtant nous faisons tous face aux mêmes conditions extrêmes avec la même passion implacable. […] nous nous poussons à la limite – contre les éléments, contre le temps, et contre nos propres limites ».
Un point important à ne pas négliger dans ces discussions autour de ces ajouts dans le Code Sportif International est également le temps de disponibilité demandé à ces pilotes. Comme très bien expliqué dans leur publication : « des smartphones des spectateurs jusqu’aux caméras officielles du WRC, on attend de nous d’être disponible à tout moment – avant, pendant et après la compétition, du lever jusqu’au coucher du soleil ».
En sollicitant autant les pilotes, et après un niveau extrême de concentration, d’adrénaline et de risques encourus, il faut s’attendre à des réactions naturelles, qui plus est à chaud. Vouloir les museler risque de les restreindre dans leurs performances et, si l’on ose aller plus loin, sur le long terme, essouffler leur passion.
Vers une révolution ?
A travers leur communiqué, les pilotes WRC ont tenu a rappeler que « les compétiteurs doivent supporter la décision du référant et que ce principe n’était pas remis en question ». D’autant plus que désormais, parler négativement publiquement du corps de la FIA pourrait également les exposer à des sanctions.
Tout ce que l’on peut espérer de ces alliances de pilotes se positionnant fermement face aux choix de la Fédération Internationale de l’Automobile, est que cela marche. La FIA doit se rendre compte de l’absurdité de certains règlements et de l’aspect négatif que cela amène au sport, retirant de la passion et de l’attirance chez beaucoup de fans. Peut-être que ceux-ci ont également un coup à jouer dans ces discussions, faisant déjà beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux.
Assistera-t-on à un renversement ou ces efforts resteront-ils vains ? L’avenir nous le dira.