Oliver Bearman : comment il a transformé une promo "casse-gueule" en ticket pour la gloire
"Bombardé" en F1 dans une Ferrari de pointe, Oliver "Ollie" Bearman aurait pu se contenter de savourer cette promotion-éclair tout en évitant la tentation d'en faire de trop pour épater, au risque de se saborder sur l'un des juges de paix du calendrier. Au contraire, il n'a pas eu à forcer son talent pour maximiser ce rendez-vous avec l'histoire. En attendant de le retrouver sur la grille en 2025, avec peut-être un titre F2 en poche d'ici là, découvrez-en plus sur cette nouvelle "pépite" anglaise.
Oliver "Ollie" Bearman. Retenez bien ce nom. Car, à l'image d'un Andrea Kimi Antonelli - son équipier cette saison en F2 au sein de Prema Racing - le jeune Britannique fait partie de ceux qui comptent pour l'avenir de la Formule 1.
Aux yeux de bon nombre d'observateurs et autres fans avertis, cette information relève depuis longtemps de l'évidence, tant le talent et le potentiel de ce gamin d'à peine 18 ans sautent aux yeux depuis plusieurs saisons.
Oliver Bearman : comment il a gagné son ticket pour la F1
A la manière d'un Liam Lawson en 2023,
promu titulaire par AlphaTauri suite à la blessure
à la main de Daniel Ricciardo, il aura fallu un concours de
circonstances inattendu et une appendicite
douloureuse pour Carlos Sainz Jr. avant le Grand Prix d'Arabie saoudite,
pour voir Bearman propulsé de son baquet de F2 à celui de la
Ferrari SF-24.
Informé le vendredi matin à Jeddah, le Britannique devait renoncer
à ses engagements du week-end avec Prema, pourtant bien lancés avec
une pole pour la course longue, pour enfiler la
combinaison écarlate en vue de essais libres 3,
son unique galop d'essai pour apprivoiser son nouveau
pur-sang.
22 petits tours plus tard (plus que n'importe quel
autre pilote en une heure), Bearman s'en sortait avec un
10ème temps à la valeur certes relative mais
représentatif d'une séance de roulage sans encombres. Puis venaient
les qualifications.
Premier exploit du
week-end : le passage de la Q1, qu'il a failli
doubler d'un top 10 sans une petite erreur
dans sa dernière tentative qui le privait d'une potentielle
6ème ou 7ème place pour 0.064 seconde. Malgré tout, 11ème
sur la grille à une demi-seconde de Leclerc (0.530) en Q2, cela
aurait pu être pire pour une première qualification en F1 !
Restait encore le plus gros morceau à croquer : la
course. A l'extinction des feux, Bearman
s'élançait bien et franchissait les pièges du virage 1 et de la
première des 50 boucles à venir, la plus longue
course de sa carrière, sur un tracé juge de paix ne
laissant que peu de répit aux pilotes (Lance Stroll en
sait quelque chose...).
Rapide, constant et incisif, le débutant a mené sa barque sans
broncher au travers d'un peloton remuant et serré, remontant
position après position au prix de quelques dépassements
bien sentis (4 au total, soit le meilleur score du
jour).
Au terme d'une course finalement moins chaotique qu'attendu,
Bearman franchissait la lignée d'arrivée à une brillante
septième place, non-sans avoir serré les dents pour
contenir la charge de George Russell.
P11 au départ, P7 à l'arrivée, 6 points engrangés,
4 dépassements effectués et le titre de "Pilote du
jour" : Oliver Bearman n'aurait pu rêver meilleurs débuts
en F1 dans un contexte stressant et sur l'une des pistes les plus
piégeuses du championnat.
Oliver Bearman : un parcours inhabituel en Karting
Brisons d'emblée la glace sur le fait que Bearman, comme nombre
de ses camarades, a la chance d'être issu d'une famille que
l'on peut qualifier de "très aisée". Son père,
David Bearman, est en effet le PDG du
groupe Aventum, une société spécialisée
dans les assurances dont les actifs bruts émis sous son
contrôle dépassent les 1,5 milliard de
dollars.
Mais tout l'argent et les sponsors du monde
ne font pas un pilote. Et bien qu'il n'a pas dû se ronger les
ongles pour boucler ses budgets, "Ollie" a dû toutefois se
montrer à la hauteur des investissements consentis en
délivrant en piste.
Né en Grande-Bretagne, plus précisément le 8 mai
2005 à Chelmsford (Essex), Bearman enfile ses
premiers gants de pilote à l'échelon du Karting. A l'image de la
France et surtout de l'Italie, l'île de de sa Majesté vibre
au rythme du sport auto avec l'une des scènes
parmi les plus fourmillantes du continent, des acteurs aux
circuits en passant par les compétitions.
Dès l'âge de huit ans, Ollie fait ses débuts en
Honda Cadet, empilant quelques beaux résultats
dans le championnat Super 1 et aussi une
victoire dans les célèbres Kartmasters de
PFI, circuit où se tiendront les prochains mondiaux FIA
Karting.
La suite de sa carrière en Karting aurait pu justement passer par
le haut du panier, les compétitions CIK-FIA. Au
lieu de cela, l'Anglais et son entourage optent pour une
route plus inhabituelle en courant dans les séries
chère à la IAME.
Un choix qui s'avère payant avec deux victoires dans la
Winter Cup, un titre dans les
Euro Series et un sacre prestigieux dans
la IAME International Final du Mans en
2019, l'équivalent du mondial pour les classes à
moteur X30.
Oliver Bearman : la révélation en monoplace
Ses preuves faites en kart, Bearman tâte de la monoplace dès
2020 en s'alignant dans la défunte F4
allemande en parallèle de la F4 italienne. Deux
compétitions qu'il... remporte de manière insolente la saison
suivante, empilant 26 podiums et 17 victoires,
tout en disputant une partie de la saison
GB3 (F3 anglaise), avec un succès en
poche. Sa carrière en monoplace est lancée et,
avec elle, un regain d'attention de la part des hautes
sphères.
Fin 2021, Ferrari lui met en effet le
grappin dessus en l'intégrant à son
académie. Promu en F3 avec Prema, Bearman
monte sur huit podiums, dont une victoire en
course sprint à Spa, et termine 3ème du championnat. Place à la
F2 en 2023 avec une série de 6
podiums et 4 victoires dont un
doublé Sprint-Longue à Bakou, fait rare à ce
niveau.
En parallèle d'une campagne qu'il termine au 6ème
rang, Ollie goûte pour la première fois à la
F1, d'abord au volant d'une ancienne Ferrari à
Fiorano puis dans le baquet de la Haas VF-23 à
Mexico, à Abou Dhabi puis lors des
tests post-saison réservés aux jeunes pilotes.
Oliver Bearman : quid de l'avenir ?
Nous voilà donc à 2024. Et si l'avenir s'annonçait
radieux pour Ollie Bearman, c'est encore plus le cas
depuis sa pige réussie pour la Scuderia.
En attendant d'en savoir plus sur son futur à court terme, il
aura pour mission de confirmer en piste tout le
bien qu'on pense de lui dans le paddock. Cela passera d'emblée par
la troisième manche de la saison F2, en lever du
rideau du Grand Prix d'Australie à Melbourne, où
il retrouvera son volant chez Prema.
L'écurie italienne sera attendue au tournant après deux
premières manches timides. A Sakhir, une monoplace
en-dessous de tout niveau réglages plombait les ambitions du duo
Bearman-Antonelli, le jeune Italien devançant à deux
reprises son équipier avec un point à la clé en course longue.
A Jeddah, Antonelli était seul à défendre les couleurs du
team et s'en tirait avec deux sixièmes
positions, grappillant temps de piste et expérience pour
ses premières sorties en F2 en provenance de la Formula
Regional.
La suite de leur cohabitation, et la
rivalité sous-jacente, fait partie des nombreux
points chauds à suivre dans cette campagne de F2 dont la
grille regorge d'une nouvelle génération de talents pour les années
à venir.
En parallèle, Bearman ne sera pas inactif, que du contraire. Impressionnée par son rythme et ses retours techniques en 2023, Haas l'a en effet enrôlé cette saison pour... six séances d'essais libres. Un tel engagement, poussé par Ferrari, transpire une confiance en hausse et ouvre en grand la possibilité d'une titularisation en F1 à l'horizon 2025...



