Sébastien Loeb, l'interview pré-Dakar 2026 : "Avec Al-Attiyah, on se battra jusqu'au bout"

Publié le 9 décembre 2025 à 15:30
Mis à jour le 9 décembre 2025 à 16:38
Sébastien Loeb, l'interview pré-Dakar 2026 : "Avec Al-Attiyah, on se battra jusqu'au bout"

Développement du Sandrider, nouvel équipier, ambiance dans le team, parcours et ambitions sportives : Sébastien Loeb s'est confié à Sport Auto en prélude à son retour sur les dunes et pistes du Dakar 2026. Enfin la victoire au général pour le champion français ?

Le compte à rebours est lancé pour Sébastien Loeb. Le 3 janvier 2026, le nonuple Champion du monde WRC s'élancera pour sa dixième participation au Dakar. À quelques semaines du départ de la 48ème édition du roi des rallyes-raids, Sport Auto a rencontré le pilote du Dacia Sandrider. Morceaux choisis d'une interview en deux parties, dont la première est à savourer ici.

Sport Auto : Quel bilan tirez-vous de votre premier saison avec Dacia en Mondial des rallyes-raids ?

Sébastien Loeb : A titre personnel, le bilan est plutôt mitigé parce que le Dakar puis le Rallye d'Abou Dhabi se sont mal passés. Globalement, la voiture est performante mais la réglementation technique fait que tout le monde est proche en performance, cela reste très serré.
Le début de saison avait été marqué par des petits problèmes de jeunesse avec la Dacia, principalement au niveau de la gestion électronique des ventilateurs, mais aussi un peu de fragilité sur certaines pièces, comme les trains roulants, les triangles, etc.
Heureusement, tout ça a été résolu sur les dernières courses. Après le Dakar et Abou Dhabi, on a aligné trois podiums [dont une victoire au Maroc, ndlr.] pour faire une belle fin de saison. Par rapport à l'an dernier, où on était arrivé sur le Dakar moins bien préparés, on se sent davantage en confiance. Reste à mettre tous les éléments bout à bout.

Votre navigateur Fabian Lurquin a laissé place à Edouard Boulanger. Comment s’est passée cette transition ?

Je pense que nos soucis du début de saison étaient surtout liés à un manque de chance, à des mauvais concours de circonstances. Il n'y avait rien à incriminer à Fabian, mais il en a fait les frais. On s'entendait très bien dans la voiture, mais la réussite nous boudait en termes de résultats.
Alors quand Nasser [Al-Attiyah, ndlr.] a fait savoir qu'il voulait changer de copilote, on a discuté avec Dacia et Fabian et on s'est mis d'accord pour faire évoluer les équipages. On a décidé de changer quelque chose en espérant que ça fonctionne mieux. C'était une décision commune. Il n'y a aucun problème à ce sujet-là, on reste en très bons termes avec Fabian.

Comment décrivez-vous la "méthode Boulanger" par rapport à celle de Lurquin que vous pratiquiez depuis 2022 ?

Le rôle du copilote reste le même : décrire une case de roadbook, faire un décompte de la distance, être le plus précis possible, mais sans forcément donner le maximum d'informations. Là où Fabian m'en donnait beaucoup, Edouard fait davantage le tri, m'en donne moins.
Parfois, ça met permet d'avoir le cerveau un peu plus libre. Parfois, il me manque certaines infos sur des cases particulières. Je dirais aussi que'Edouard est un poil plus posé. Il dégage un peu plus de sérénité dans la voiture.
Cela me donne plus de temps pour me concentrer sur l'attaque sans me préoccuper du reste. Mais que ce soit Lurquin ou Boulanger, ils sont deux très bons copilotes, sans d'énormes différences.

Édouard Boulanger a décroché son deuxième titre mondial des Navigateurs d’affilée en 2025. Est-ce un motif en plus pour lui mettre gentiment la pression ?

Pas plus que ça. C'est plutôt lui qui a fait le bon choix en changeant de pilote au moment où la tendance s'inversait. En début de saison, ça se passait plutôt bien avec Nasser, puis il est venu avec moi, et ça allait mieux. Qui sait, c'est peut-être lui le joker gagnant ! On verra bien sur le Dakar...

Le temps d'adaptation était-il suffisant pour votre duo avant d'aborder le Dakar ?

Dès le début, on s'est dit qu'on avait pas besoin de temps d'adaptation. On est tous les deux Français, on parle la même langue, il a son expérience en navigation rallye-raid, et moi celle du pilotage. Il n'y a aucune raison qu'il ne ne fournisse pas les bonnes infos pour que j'aille au bon endroit.
Mais cela ne veut pas dire que tout est ok pour autant. On doit encore peaufiner certains détails,
comme se caler sur les distances, la façon de les annoncer. Edouard a tendance à les anticiper un peu avec la vitesse, là où j'aime quand elles sont réelles. Mis à part des petits calages comme ça, la compréhension a été bonne dès le début.

En quoi votre Dacia Sandrider sera-t-il différent en 2026 pour aborder le Dakar ?

Le plus compliqué a été de résoudre les problèmes électroniques de ventilateur. Outre la fragilité de certains composants, l'un de nos premiers axes de développement a été de limiter les crevaisons. Sur ma précédente voiture produite par Prodrive [le Hunter BRX que Sport Auto passe à la loupe ici, ndlr.], je crevais beaucoup au niveau des roues arrière.
Il a fallu comprendre pourquoi et comment faire les choses différemment. Et ces analyses nous ont été bien utiles pour avancer dans la compréhension du problème avec la Dacia. Il y a eu un gros travail sur les échappements, qui chauffaient pas mal les roues, mais aussi les amortisseurs, pour essayer de soulager le pneu sur les impacts de pierres, etc.

Dacia comptera un quatrième équipage sur le parcours en 2026. En quoi l’arrivée de Lucas Moraes et Dennis Zenz sera bénéfique pour l’équipe dans sa quête de gros résultats ?

Au niveau de nos ambitions, avoir une quatrième voiture ne changera pas grand-chose. Ils deviennent des rivaux de plus dans l'équipe. Un avantage dans le rallye-raid est qu'on ne se met pas des coups de roue à chaque spéciale.
Cela peut arriver que des tensions se créent sur le parcours si une voiture rattrape une autre, mais c'est plutôt rare. Au final, chacun fait son truc.
Certes, une voiture en plus rend l'équipe plus forte, et permet d'avoir davantage de retours d'expérience.
Pour ce qui est de la course, tant qu'on est tous en position de jouer la victoire, il n'y a pas d'histoire de stratégie. Mais si une voiture se retrouve perdue ou en difficulté, malheureusement pour elle, il faudra rouler pour soutenir les autres.
Ce n'est pas forcément ce qu'on préfère, mais ça fait partie d'un rallye comme le Dakar. C'est d'ailleurs comme ça que
[Carlos] Sainz a gagné il y a deux ans, avec ses deux équipiers qui partaient derrière lui à chaque spéciale, prêts à le secourir en cas de crevaison. C'était vraiment une assistance instantanée qui le suivait durant tout le parcours. Mais, parfois, il faut pouvoir compter là-dessus, sans quoi il n'aurait pas gagné !

Entre vos podiums mais aussi plusieurs déconvenues, la victoire au Dakar continue de vous échapper. Est-elle devenue une obsession ?

Je reste les pieds sur terre. Une victoire au Dakar est le résultat d'une succession de paramètres. La réussite en fait partie. J'ai perdu des rallyes par ma faute, d'autres à cause d'un manque de chance. Ce serait magnifique de le gagner cette année, mais on est nombreux à la vouloir cette victoire, et il y a qu'une seule place au sommet du podium.

Quel est votre avis initial sur le parcours dévoilé du Dakar 2026 ?

Honnêtement, je n'ai pas encore regardé, ça ne me parle pas trop. De toute façon, les spéciales ont des parcours secrets, c'est difficile d'être bien renseigné à l'avance. J'ai vu qu'on n'ira pas dans 'l'Empty quarter' [l'une des nouveautés du parcours dont Sport Auto vous parle ici, ndlr.].
Par contre, les dunes les plus compliquées n'y sont pas forcément, ils peuvent très bien trouver des grosses spéciales de sable sans aller là-bas. Pour le reste, il y aura plus de pistes, mais j'espère pas trop de cailloux, rapport aux risques de crevaison sur ce genre de parcours.

Imaginons le scénario suivant : vous et Nasser Al-Attiyah êtes au coude à coude pour la victoire. Vous laissera-t-on libres de lutter jusqu’au bout ?

Si c'est le cas avec Nasser [Al-Attiyah], on se battra jusqu'au bout. Si on a encore la moindre chance, on ne la lâchera pas.

Nos marques populaires Voir tout

Sport Auto