Fin du moteur thermique en 2035 : l'Union européenne abandonne le projet !
Bruxelles recule sur l’interdiction des nouvelles voitures thermiques en 2035 et offre une nouvelle marge de manœuvre aux constructeurs.
On l’annonçait comme la date de mort programmée du moteur thermique en Europe. L’échéance de 2035, censée signer la fin des ventes de voitures essence et diesel neuves, vient pourtant de basculer : l’Union européenne a décidé d’assouplir en profondeur sa trajectoire.
Interdiction des voitures thermiques en 2035 : le projet initial
Au lieu d’une interdiction des voitures thermiques en
2035, la Commission européenne propose un nouveau cadre
qui laisse vivre les moteurs à combustion, tout en gardant des
objectifs climatiques serrés. Le signal envoyé à l’industrie et aux
automobilistes est très différent.
À l’origine, la législation issue du Pacte vert prévoyait une
réduction de 100 % des émissions de CO₂ à
l’échappement pour les voitures neuves en 2035 par rapport
à 2021. Concrètement, seuls les véhicules zéro émission,
principalement électriques ou à hydrogène, pouvaient encore être
vendus. Les États membres devaient adapter leurs infrastructures de
recharge, tandis que les constructeurs étaient poussés à investir
massivement dans l’électrique.
Cette ligne dure a rencontré une opposition croissante de la part
de plusieurs gouvernements et des industriels. L’Allemagne et
l’Italie ont pesé lourd pour obtenir un assouplissement, quand la
France continuait de défendre la fin des moteurs thermiques en
s’appuyant sur une hausse de 26 % des ventes de voitures
électriques en 2025.
Le chancelier allemand Friedrich Merz résumait le décalage avec le
terrain : "La réalité, c’est qu’il y aura encore des millions
de voitures à moteur thermique dans le monde en 2035, 2040 et
2050.", a-t-il déclaré.
Ce que change le recul de l’UE pour les moteurs à combustion
Le 16 décembre 2025, la Commission a acté un
virage : les constructeurs devront atteindre à partir de 2035 une
réduction de 90 % des émissions de CO₂ par rapport
à 2021, et non plus 100 % : "À partir de 2035, les
constructeurs automobiles devront se conformer à un objectif de
réduction de 90 % des émissions à l’échappement, les 10 % restants
devant être compensés par l’utilisation d’acier bas carbone produit
dans l’Union, ou par le recours aux e-carburants et aux
biocarburants.", a indiqué la Commission européenne.
Aucun nouveau calendrier n’est fixé pour une interdiction totale du
thermique. En pratique, plusieurs types de véhicules pourront donc
encore être vendus après 2035, tant que la flotte globale respecte
les 90 % et que les 10 % restants sont compensés : voitures à
moteur à combustion interne "pures" en volumes limités ; hybrides
légers et hybrides rechargeables (PHEV) ; électriques à
prolongateur d’autonomie (range extenders) et les véhicules 100 %
électriques ou à hydrogène, toujours encouragés.
Un cadre suffisamment souple pour laisser cohabiter différentes
philosophies, y compris celles qui placent l’émotion de conduite au
centre du projet. Les objectifs intermédiaires de 2030 seront
lissés sur la période 2030-2032 via un système de
"banking & borrowing", et un gel de dix ans des nouvelles règles
pour les véhicules doit offrir de la visibilité aux groupes
automobiles.
Ce recul arrive après une année de réunions de haut niveau entre
Bruxelles et les grands groupes comme BMW, Volkswagen, Mercedes,
Renault, Stellantis ou Ford.
Face à la demande d’électriques jugée décevante, à des prix élevés
et à la concurrence de modèles chinois meilleur marché, l’industrie
a mis la pression.
Pour les automobilistes européens, ce nouveau
cadre signifie que les moteurs thermiques ne disparaîtront pas en
2035, mais qu’ils deviendront plus rares, plus chers à homologuer
et fortement dépendants de carburants plus propres.
La Commission renforce en parallèle les "super crédits" pour les
petites voitures électriques abordables produites en Europe et crée
une catégorie M1E pour simplifier la vie des citadines de moins de
4,2 mètres. Le paquet législatif doit encore être examiné par le
Parlement européen et le Conseil en 2026...


