Europe : des gros moteurs thermiques en vente jusqu'en 2040, vraiment ?
Les gros moteurs thermiques pourraient rester en vente en Europe jusqu’en 2040… voire au-delà. Mais comment ?
Alors que l’interdiction des moteurs à combustion semblait actée pour 2035, Bruxelles revoit discrètement sa copie. Les blocs thermiques pourraient continuer à vivre bien après cette date. Et même jusqu’en 2040.
Bruxelles rebat les cartes sur la fin du thermique
Le virage électrique de l’Union européenne pourrait être moins abrupt que prévu. En cause : un assouplissement majeur des règles d’émissions pour les constructeurs, permettant aux moteurs thermiques de rester dans les catalogues au-delà de 2035, et potentiellement jusqu’en 2040, voire plus.
Ce revirement a été confirmé par Manfred Weber, président du Parti populaire européen (PPE), à l’issue d’une réunion tenue cette semaine à Bruxelles. Jusqu’ici, le calendrier en Europe imposait une réduction de 100% des émissions de CO₂ sur toutes les voitures neuves immatriculées à partir de 2035. Désormais, cette exigence est abaissée à 90%, ce qui ouvre la porte à la poursuite de la vente de véhicules à moteurs thermiques. Notamment hybrides.
Cette nouvelle donne change la perspective des constructeurs automobiles, en leur redonnant une marge de manœuvre significative. En conservant une part d’émissions permise en Europe, les marques peuvent continuer à proposer des hybrides rechargeables. Ou des électriques à prolongateurs d’autonomie thermiques.
« Tous les moteurs actuellement fabriqués en Allemagne peuvent donc continuer à être produits et vendus », a confirmé Manfred Weber.
Une interdiction trop précipitée en Europe ?
L’annonce officielle de la Commission européenne est attendue pour le 16 décembre. C’est-à-dire, demain. Mais les grandes lignes sont déjà posées. Plus qu’un simple report, il s’agit d’un changement de cap politique. Notamment sous la pression des industriels et des partis conservateurs de l’Europe.
Ce recul partiel est aussi l’aveu d’un calendrier initial trop ambitieux. Mal accueilli par la majorité des marques automobiles. À l’exception de Volvo ou Polestar, rares sont les constructeurs qui avaient véritablement intégré la fin du thermique en 2035 dans leur stratégie produit.
L’abandon de l’objectif de 100% de réduction en 2040 est encore plus symbolique. L’Union européenne admet que la transition devra être progressive. Cela permettra aux industriels de préserver des filières entières. Notamment en Allemagne et en Italie... Là où les moteurs thermiques restent un pilier économique et technologique.
L’Europe représente un marché de référence à l’échelle mondiale. Ce changement d’orientation aura donc un impact bien au-delà des frontières de l’UE. En continuant à produire des moteurs thermiques pour l’Europe, les constructeurs conservent des économies d’échelle. Ce qui bénéficiera aussi aux marchés d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est, où l’électrification massive reste hors de portée pour le moment.
En parallèle, ce maintien permettrait de sauver des centaines de milliers d’emplois, que ce soit dans la fabrication de moteurs, les réseaux de sous-traitance ou l’ingénierie mécanique.
Alors que l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en Europe à l’horizon 2035 semblait gravée dans le marbre, l’UE revoit sa copie. Cette flexibilisation des objectifs donne un nouveau souffle aux blocs essence et Diesel.



