Top 5 des bons et mauvais arguments de Red Bull
Balayée en 2014, étrillée lors du premier grand prix 2015, Red Bull a vivement critiqué Renault et menacé de quitter la F1. Que penser de cette stratégie ?
Les raisons POUR :
1. Le règlement est trop restrictif.
Avec les limitations sur l'utilisation des souffleries, celle sur les capacités du CFD, des interdictions à tout va dans le domaine de l'aérodynamique et un moteur qu'il est possible de développer uniquement des limites acceptables, il est quasiment impossible à Red Bull, et même aux autres, de combler l'écart que Mercedes a pris depuis le début de ce nouveau règlement. On ne rattrape pas un an de retard avec des bouts de ficelle. Donc autant quitter la F1 que de perdre sans pouvoir lutter.
2. Red Bull a fait son temps.
Arrivée en 2005, Red Bull avait un vrai projet : faire différent en pleine ère froide des grands constructeurs. La marque autrichienne est arrivée avec son sens de la dérision, avec des filles dénudées et un marketing moderne... Pour en arriver au sommet de la F1, avec une domination de 2010 à 2013. Remporter quatre doublés en seulement 10 ans de F1, voilà qui restera un exploit. Maintenant, Red Bull ne peut plus gagner. Pire, elle n'a plus d'idées novatrices, ce rôle lui ayant été chipé par Mercedes, bien plus fort sur le front des nouveaux médias sociaux. Elle n'est même plus fun ni provocatrice.
3. Son châssis mérite mieux.
Adrian Newey n'a pas pris autant de distance que cela avec la F1. Il est le maître d'oeuvre de la RB11, dont Red Bull annonce qu'elle est une demi-seconde plus rapide que celle l'an passé. Malgré des restrictions dans le règlement, notamment sur l'aileron avant. De nombreux témoins confirment que le châssis est une belle réussite technique, mais pas au niveau de celui de la Mercedes. Avec un moteur plus performant, c'est sûr, cela irait tout de même bien mieux.
4. Audi attend dans l'ombre.
Une revente de Red Bull permettrait l'arrivée d'un gros bras de la F1. En l'occurrence Audi. Mercedes contre Ferrari, Honda, Renault et qui sait Audi : voilà une affiche très appétissante pour 2017 !
5. Renault veut aller voir ailleurs.
Le motoriste français, titré avec Red Bull de 2010 à 2013, a manqué le passage au V6 hybride. Sa culture hybride n'était pas assez développée, le budget n'a pas été suffisant, et elle n'avait pas un partenaire assez proche d'elle pour mettre au point un package cohérent. Personne ne se cache chez Renault : la puissance totale n'est pas encore disponible, le couple moteur n'est pas optimal, l'efficacité énergétique doit être améliorée... Il y a de nombreux problèmes à résoudre. Constatant que les tentatives de rapprochement cet hiver ont échoué, Renault pense donc maintenant à autre chose : refaire une écurie complète.
Quand Red Bull dominait, Horner se moquait de l'intérêt de la F1
Les raisons CONTRE :
1. Red Bull est mauvais perdant.
Ce n'est pas nouveau, l'écurie anglo-autrichienne a une psychologie très particulière. Assez égoïste, plutôt arrogante, pas très ouverte sur les autres, maladroite dans les relations humaines. On l'a déjà remarqué même quand l'association avec Renault marchait. Les dirigeants de l'écurie sont les premiers à blâmer ses partenaires, comme personne ne l'a jamais fait dans l'histoire (même entre Williams et BMW). En revanche, côté auto-critiques, on repassera.
2. Red Bull n'a qu'à faire mieux.
Certes Mercedes a massacré tout le monde en Australie, mais Red Bull n'a pas fini premier des "autres". Au contraire : Williams et Ferrari étaient devant eux et même... une Sauber. Soit une équipe criblée de dettes, mise au tribunal, et qui a pris deux pilotes payants. Avec, en plus, une Force India dans la boîte de vitesses de Ricciardo à l'arrivée. Rien de bien fantastique donc. Il y a sans doute, avant de quitter la F1, un peu de ménage à faire.
3. Renault a tendu la main.
Red Bull a refusé toutes les propositions de Renault pour une mise en commun de nombreux départements et moyens. Visiblement, l'écurie veut garder la main mise et ne fait pas confiance à son partenaire. Aujourd'hui, c'est aussi un peu la conséquence - cela n'explique pas tout - d'un début 2015 raté.
4. Red Bull se moquait du sport quand elle gagnait.
C'est un peu fort de café de réclamer aujourd'hui pour elle-même ce qu'elle refusait hier pour les autres. Pendant 4 ans, Red Bull s'est plaint, à juste titre, des bâtons qu'on lui a mis dans les roues (aéro, moteur, mapping, diffuseur...), et maintenant elle nous explique que le sport a besoin d'une remise à niveau de tout le monde. Si la FIA n'avait pas visé juste, Vettel aurait peut-être gagné tous les GP pendant 4 ans... Cela n'aurait pas gêné le bon Samaritain Horner...
5. On ne peut pas arrêter Mercedes.
Même si la FIA voulait d'un coup retirer tout l'avantage que Mercedes a, elle aurait du mal à le faire. Elle ne touchera pas aux Power Unit, puisque c'est son bébé et qu'en plus, ce n'est que la deuxième année d'une révolution en phase avec l'industrie automobile mondiale et qui a coûté des centaines de millions d'euros en développement. Côté châssis, tout est presque déjà figé et Mercedes n'a pas un secret en particulier. Plus rien à voir avec les Mass Dumper de Renault, les anti-patinages, les freins directionnels, les suspensions actives... Rappelons à Monsieur Horner que la FIA a tout de même interdit en milieu de saison 2014 les suspensions interconnectées (FRIC) qui était une force de la W05. Mercedes a autant gagné derrière.
Conclusion :
Red Bull a à la fois raison et tort. Oui, les règlements sont à la fois trop compliqués et trop restrictifs. Ce qui amène à une impasse. Il manque à la F1 cette liberté qui lui donnait son éclat. Mais plus généralement, le comportement de l'écurie austro-anglaise est puéril. Si ils veulent partir, qu'ils partent ! Demander officiellement d'handicaper Mercedes ou de réduire à néant le fruit de son travail et de son investissement est déplacé. Surtout pour une écurie qui a aligné 4 titres et 9 victoires de suite fin 2013...