F1 - Renault répond à Red Bull

Cytil Abiteboul estime que Red Bull a poussé Renault à faire trop de changements. Le directeur général du motoriste a des objectifs mesurés.
Ces derniers mois, Red Bull a poussé Renault à faire un
développement énorme sur son groupe propulseur. Le Grand Prix
d'Australie a cependant été très décevant et l'équipe a émis
de fortes critiques envers le
motoriste. Cyril Abiteboul estime que Renault est allé
trop loin dans le développement de certaines pièces, sous la
pression de Red Bull, et que chacun des deux partenaires devrait se
concentrer sur son savoir-faire.
« Nous (...) avons été (trop loin), car Red Bull nous entraîne dans
une course effrénée au développement, » souligne le directeur
général de Renault Sport F1 dans L'Equipe. « Nous devons nous
poser des questions sur la manière dont nous avons procédé avec
eux, en oubliant nos méthodes traditionnelles. Cela fait
trente-sept ans que nous fabriquons des moteurs de F1. Nous savons
faire. »
« Il faut aller de l'avant. Jusqu'à maintenant, nous les avons
beaucoup suivis, beaucoup écoutés. Peut-être aujourd'hui se
rendent-ils compte qu'il y a des univers différents entre châssis
et moteur et que chacun doit faire son travail. »
Il espère des progrès, mais pas une victoire à la régulière :
« L'an dernier, si je vous avais dit à Melbourne qu'on
gagnerait trois courses, vous auriez rigolé. Mais elles ont
existé. Aurons-nous des victoires au mérite ? La réponse
est non. Mais la performance peut revenir aussi vite
qu'elle nous a quittés. Mais se bagarrer d'égal à égal
avec Mercedes, ce n'est pas pour tout de suite. »
Les derniers changements ont coûté cher
Renault reste certain de ses progrès et Abiteboul pense que
ce sont les derniers développements, pas été assez aboutis, qui ont
posé problème. Une solution pourrait arriver rapidement.
« La performance est liée à plusieurs facteurs : le
châssis, le pilote et le moteur, » rappelle-t-il. « Cet
ensemble a rétrogradé par rapport à Mercedes. Les chronos le
montrent. »
« J'ai pourtant la conviction que notre moteur a progressé.
Mais nous avons un problème de mise au point qui nous empêche
d'exploiter la performance qui est dedans. »
« Nous avons été agressifs cet hiver. Nous avons réalisé des
développements de dernière-minute qui ont court-circuité les
processus habituels de validation, notamment au banc d'essai. Et
ces derniers ajouts ont posé problème à Melbourne. C'est vers eux
que nos regards vont se tourner (...) pour revenir plus forts à
Sepang. »
Renault travaille sur la maniabilité
Red Bull a surtout mis en cause la difficulté à exploiter le
groupe propulseur, avec un manque de souplesse et de maniabilité.
C'est précisément ce qui a été touché par les derniers changements
apportés par Renault.
« C'est ce que j'évoque lorsque je parle d'un problème de
réglages, » confirme Abiteboul. « Cette souplesse viendra
lorsque nous aurons réussi à corriger les erreurs. Les moteurs
turbo sont délicats à mettre au point, surtout lorsqu'on leur
ajoute tous ces périphériques électriques (les systèmes de
récupération d'énergie). »
« Cette technologie est très sensible, et une petite
modification peut provoquer d'immenses bouleversements. Nos
changements de dernière-minute ont eu un impact phénoménal sur la
souplesse, cette "drivability" (maniabilité) dont parlent les
pilotes. »
Pour corriger ses soucis, Renault va d'abord se concentrer sur les
réglages de moteur avant d'utiliser des jetons de changements. Le
constructeur français en a plus que ses rivaux.
« On va d'abord étudier tout ce qui est
modifiable facilement : les cartographies, les
logiciels, » précise Abiteboul. « Même certaines pièces
matérielles peuvent être changées pour la Malaisie. Mais il
faudra sans doute consommer des jetons. Si cela peut
nous permettre de retrouver de la performance, il ne
faudra pas hésiter à le faire. »


