Lotus Esprit V8 : peut-on faire de bonnes affaires en occasion ?

Publié le 25 avril 2025 à 10:00
Lotus Esprit V8 : peut-on faire de bonnes affaires en occasion ?

Toutes les Lotus ne sont pas des petites sportives ultra-légères, radicales et spartiates. La preuve avec l'Esprit qui a su finir sa carrière en beauté avec l’ultime version V8. Que vaut-elle aujourd'hui en occasion ?

Sport Auto s'attarde sur la Lotus Esprit V8, commercialisée à partir de 50 000 euros de 1996 à 2003.

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : présentation

En marge des Seven ou des Elan, Lotus a également cherché à séduire la clientèle du grand tourisme. Si les éphémères Excel, Eclat et Elite sont tombées dans l’oubli, ce n’est pas le cas de l’Esprit, lancée en 1976.
Cette GT stricte 2 places dispose d’une mécanique en position centrale arrière. Il s’agit d’abord d’un modeste 4 cylindres 2.0 de 160 ch. C’est peu, mais avec son châssis-poutre très rigide et sa carrosserie en composite, gage de légèreté, l’Esprit S1 offre un équilibre et un comportement routier exceptionnels.
Le moteur étant le maillon faible, Lotus n’aura de cesse d’améliorer ce point, même si cela se soldera souvent par la greffe, sur des blocs issus de la grande série, d’un turbo et d’une culasse retravaillée.
Ainsi, en 1995, Lotus tire 286 ch du 4 cylindres 2,2 litres, permettant à l’Esprit S4S de franchir la barre des 300 km/h ! Voilà qui est remarquable, mais aussi brillant soit-il, ce bloc reste un 4 cylindres et n’affiche pas la noblesse des moteurs proposés par la concurrence.
Il aurait été logique que Lotus noue un partenariat auprès d’un grand constructeur, comme BMW ou Jaguar par exemple, pour exploiter un 6 ou 8 cylindres. Mais contre toute attente, la petite officine va développer son propre V8, le premier moteur signé Lotus depuis 1972 !
Ce V8 à carter sec, ouvert à 90°, se voit coiffé par deux turbos. D’une cylindrée réduite à 3,5 litres, ce bloc alu n’excédant pas 220 kg offre 354 ch, permettant à l’Esprit V8 de revendiquer un rendement digne d’une Ferrari.
Produite à seulement 1 486 exemplaires de 1996 à 2003, cette ultime Esprit commence à intéresser les amateurs éclairés, comme l’atteste la hausse croissante de sa cote. Comptez désormais au minimum 50 000 € !

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : quelles pannes à surveiller ?

Carrosserie et structure

A l’instar de nombreuses autres Lotus de cette époque, l’Esprit repose sur un châssispoutre léger et rigide, une pièce maîtresse sur laquelle est fixée la carrosserie en polyester, composée de deux éléments.
Cela met à l’abri de problèmes de corrosion, mais avec le temps, et sous l’effet de la chaleur, ce matériau peut travailler et onduler, notamment au niveau du compartiment arrière. Le capot moteur, imposant et donc très lourd, fatigue prématurément les vérins.
Si la peinture polylustrée à la main offre un bel effet de profondeur, les justages entre les panneaux de carrosserie font parfois trop artisanaux, avec des jours importants. Sachez que l’Esprit utilise quelques éléments issus de la grande série.
C’est le cas des rétroviseurs d’origine Citroën CX, mais aussi des feux, provenant de la Toyota Celica, excepté sur l’exclusive version Final Edition, qui reçoit des jantes spécifiques et des feux ronds. Enfin, vérifiez bien l’état de la jupe avant, très vulnérable.

Transmission

L’Esprit V8 adopte une boîte à 5 rapports. Celle-ci, bien guidée et étagée, est d’origine Renault, puisqu’il s’agit de celle de l’Alpine A610 Turbo. Elle est donc facile à trouver et abordable, mais les synchros des premier et second rapports sont réputés fragiles.
Une vidange est recommandée tous les trois ans ou 60 000 km. A propos d’huile, il n’est pas rare que des suintements apparaissent vers l’entrée du sélecteur.
Quant à l’embrayage bidisque, il peut tenir jusqu’à 100 000 km. Son remplacement coûte près de 2 850 € chez un spécialiste. Cela donne la parfaite occasion pour remplacer les joints de la boîte.

Intérieur

L’Esprit V8 est sportif dans l’âme : position de conduite très basse et détails sympathiques, tel le volant Momo à trois branches ou le pommeau du levier de vitesses en aluminium. Mais malgré la présence de commodos issus de chez Peugeot et Opel, c’est aussi une GT haut de gamme, avec une dotation de série sans lacune.
Il y a eu quelques séries limitées, la V8 GT (204 ex.), plus sport que luxe avec ses gros freins et des jantes en magnésium, et la version anniversaire Final Edition. Jusqu’en 2000, l’instrumentation est archicomplète.
Elle s’est simplifiée après. Si l’Esprit propose des matériaux de bonne facture, elle peine à cacher sa conception artisanale. Les assemblages manquent de rigueur, ce qui génère des bruits de frottement sur mauvais revêtement.
Le toit ouvrant vitré, présent sur quelques exemplaires, laisse passer les UV et génère trop de chaleur dans l’habitacle, ce qui peut dans les régions chaudes ternir le cuir et craqueler le revêtement de la planche de bord. Côté électricité, excepté le coupe-circuit qui peut faire des siennes, tout fonctionne parfaitement.

Moteur

Ce V8 doté de pièces spécifiques Lotus est une vraie folie pour un aussi petit constructeur ! Ce concentré de technologie réclame un entretien suivi pour bien fonctionner, notamment un respect des temps de chauffe et de refroidissement des deux turbos.
Outre une huile de synthèse de qualité, de type 10W50, à changer tous les ans dans la limite d’un an ou 10 000 km – ce qui vous coûtera environ 698 € chez un indépendant –, il faudra vous assurer du parfait fonctionnement du circuit de refroidissement.
Le moteur étant encapsulé à l’arrière, il est mal aéré. D’ailleurs, il est recommandé de remplacer le liquide de refroidissement tous les trois ans au maximum, dans la limite de 60 000 km, en même temps qu’une grosse révision nécessitant de changer tous les filtres.
La distribution est assurée par deux courroies, à remplacer avec les pompes à eau tous les cinq ans, dans la limite de 90 000 km. Un bon professionnel peut faire cela sans sortir le moteur, mais il y a beaucoup de main-d’œuvre.
Comptez 2 050 € chez un indépendant et nettement plus chez Lotus. Sachez que le constructeur a diligenté un rappel sur les modèles produits jusqu’en 2000, qui pouvaient rencontrer un souci de suintement d’eau. De nombreux moteurs ont alors été changés sous garantie.

Trains roulants

L’Esprit V8 a deux gros atouts pour elle : un équilibre des masses remarquable et un poids assez contenu, de l’ordre de 1 380 kg. Des vertus qui lui permettent d’user de façon homogène ses périssables, du moins en usage routier.
Les pneus, en 235/40 ZR17 à l’avant et 285/35 ZR18 à l’arrière, réclament près de 512 € par train, à changer tous les 20 000 km environ. Pour les freins, la longévité est bien meilleure, mais les pièces sont chères : comptez 609 € pour un simple jeu de plaquettes et 695 € pour une paire de disques.
Au-delà de ces aspects et des grands classiques à inspecter, comme les jantes, vérifiez tous les serrages, le bon état des bagues et des joints, et assurez-vous que la géométrie des trains soit optimale.
Une usure anormale des pneus doit vous alerter. Idéalement, il faut mettre la voiture sur un pont pour voir les soubassements, très exposés. Pour information, un demitrain avant comporte plus de 2 260 € de pièces diverses, tandis qu’une ligne d’échappement coûte plus de 5 355 €.

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : ses plus ?

  • Ligne
  • Exclusivité
  • Moteur
  • Comportement
  • Performances
  • Plaisir de conduite
  • Prix d’achat

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : ses moins ?

  • Entretien pointu
  • Détails de finition
  • Peu de bons spécialistes

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : combien coûte-t-elle ?

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : quels coûts d'entretien ?

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : combien coûte son assurance ?

Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) : en mesures

Retrouvez notre fiche occasion sur la Lotus Esprit V8 (1996 - 2003) dans le Sport Auto Hors-Série n°75 du 13/11/2024.

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