Ferrari 360 Modena (1999-2005) : que vaut-elle sur le marché de l’occasion ?
Ces dernières années, nous assistons à une véritable flambée des prix sur le marché et rares sont les Ferrari "abordables". C’était encore le cas de la 360 Modena, mais la réalité du marché est en train de la rattraper…
Même si Enzo Ferrari n’a jamais été un partisan du moteur central arrière, il faut avouer que cette architecture répartit idéalement les masses. Parfaite sur une sportive compacte, elle s’est largement imposée. Ainsi, en parallèle des grosses GT à moteur V12 avant, la petite Ferrari 360 Modena est devenue, du côté de Maranello, un classique.
Ferrari 360 Modena : un V8 de 400 chevaux
Voilà le début d’une sublime lignée, qui
donnera naissance à une véritable dynastie adulée
des amateurs, à l’exception de la controversée
348. Pour succéder à la
convaincante F355, Ferrari dévoile la 360
Modena en mars 1999 au Salon de Genève. Elle est
commercialisée dans la foulée. On trouve toujours
un V8 en position centrale
arrière (un 3.5 de 400 ch), mais l’auto passe un
cap sur de nombreux points. Outre
son patronyme, qui abandonne le célèbre
F, la Modena fait l’impasse sur
la traditionnelle calandre avant, au profit d’un
nez garni de deux gros naseaux latéraux.
Elle troque ses phares escamotables contre des
optiques apparentes. Voilà pour la forme. Pour le
fond, outre une hausse sensible de la qualité
perçue, tant décriée avec raison
sur les productions antérieures, la
Modena étrenne une structure et
une carrosserie tout en aluminium, un
matériau aussi léger que rigide.
L’électronique s’empare de la belle
italienne, qui innove en recevant une boîte
F1 (développée par Magneti-Marelli) déjà testée
sur les F355.
Avec des passages de vitesses limités à
150 millisecondes, on assiste à une
révolution pour l’époque, à tel point que près de
75 % des Modena s'équiperont de cette
transmission… qui est depuis devenue la norme chez
le constructeur. Déclinée en Spider en
2000, la Modena achèvera sa
carrière en beauté en proposant à partir de
2004 une version Stradale, produite à seulement
1 288 exemplaires (sur un total de 17 663
exemplaires). Allégée de 110 kg (grâce notamment à
la monte de freins en carbonecéramique, une première sur une auto
de série), mais aussi plus puissante de 25 ch,
cette Stradale demeure un cas à part, ses
prix peuvent désormais atteindre jusqu'à
450 000 €, voire plus. C'est la
raison pour laquelle, nous l'avons
exclue de ce dossier. Rassurez-vous, les
Modena « normales » sont plus
raisonnables, un coupé équipé de la boîte
F1 pouvant se dégoter dès 60 000
€.
L’intérieur
Par rapport à la F355, la
Modena a bien progressé, mais la
finition reste bien en deçà des standards
allemands ou anglais de l’époque. Les
plastiques, victimes d’une
réaction chimique, deviennent
collants (comptez 1 004 € de pièces, hors
main-d’œuvre). Les peintures intérieures se
désagrègent (prévoyez 3140 € de budget de remise en état !). Des
phénomènes qui concernent les
coupés, et plus encore les
spiders négligés qui sont restés trop longtemps au
soleil. Quant à l’électronique
embarquée, elle n’est pas toujours
irréprochable, ce qui impose de vérifier le bon
fonctionnement de chaque élément.
Certains équipements prisés justifient un
surcoût, comme la sublime sellerie
Daytona (cuir perforé) ou encore le set de bagages
sur-mesure.
La carrosserie et la structure
La Modena a bénéficié d’un gros
travail en soufflerie (fond plat, extracteur
d’air…), ce qui lui permet d’échapper à la pose de
disgracieux ailerons. Hormis les
boucliers, qui sont en composite, la
structure et les éléments de
carrosserie sont intégralement en
aluminium. Aucun risque de
corrosion donc, et cet alliage combine
légèreté et rigidité.
Mais attention : le moindre accrochage devra être
remis en état chez un « homme de l’art », peu de
carrossiers sachant réparer
l’aluminium. D’origine, une
Modena présente bien, avec des
ajustages rigoureux et des
peintures de qualité, offrant un bel effet de
profondeur.
Il est fréquent que l’avant, très exposé aux
gravillons, nécessite un voile de
peinture. Autre souci récurrent : la
présence de buée dans les phares,
signe d’une étanchéité imparfaite (mais sans
gravité). Dernier point : le logo Ferrari, peint
sur des petites plaques émaillées fixées sur les
ailes avant, est une option
sympathique et recherchée.
Le moteur
Comme sur toutes les Ferrari, le
moteur est bien sûr la pièce maîtresse. Bonne
nouvelle : ce V8 3,5 litres à
carter sec, doté de bielles en titane, est réputé
fiable. En revanche, il est adepte des hauts
régimes (400 ch à 8500 tr/mn). Mauvaise
nouvelle : c’est vrai, à condition de lui
prodiguer un entretien suivi dans le
réseau ou chez des spécialistes
réputés, à commencer par le remplacement de la
courroie de distribution, à faire tous les
4 ans ou 50 000 km, y compris si l’auto
ne roule pas. Même s’il n’est plus utile ici de
déposer comme jadis le moteur,
cette opération vitale reste onéreuse (comptez 3
620 € environ chez un spécialiste, beaucoup plus chez Ferrari).
En outre, une révision est à faire tous
les ans ou 10 000 km, ce qui reste
raisonnable. Il faut la faire chez un indépendant
(265 € environ, près de 1 245 € chez Ferrari). Enfin, outre
l’obligation de mettre des
fluides de qualité, il est
indispensable de mettre la
mécanique al dente avant de la
solliciter !
La transmission
La boîte F1, signée MagnetiMarelli,
équipe 75 % des Modena… mais c’est le maillon
faible de l’auto ! Outre une gestion
perfectible (à-coups, lenteur des passages,
rugosité), à des années-lumière de la perfection
affichée aujourd’hui, cette boîte a tendance à
user prématurément l’embrayage. Encore plus pour
les modèles habitués à la ville ou aux sorties
circuit. La longévité de ce
dernier va de 20 000 à 30 000 km en moyenne. Son
remplacement s'effectue à un prix
élevé (4 680 € minimum chez un spécialiste, plus
de 6 275 € chez Pozzi).
Bon à savoir : son taux d’usure peut se mesurer
sur un banc en dix minutes. De même, la pompe qui
alimente cette boîte a tendance à
se gripper. Ce qui empêche tout passage de
vitesses (comptez 2 095 € de remplacement !). Préférez sans
hésiter un modèle équipé de la bonne
vieille boîte classique. Elle est
sublime avec son levier en
aluminium, et magique à faire
glisser dans sa grille en H. Moins
contraignants en entretien, il y
a fort à parier que ces exemplaires de
puristes soient les plus
recherchés !
Les trains roulants
Cette propulsion est annoncée par
Ferrari à 1 390 kg à sec. Autant dire qu’avec les
pleins, et une personne à bord,
on frôle les 1 600 kg. Ce qui n’est pas
anodin pour l’usure des
consommables, tels les pneus, ou les freins. Pour
les pneus, prévoyez 1 042 € pour
remplacer un train. C'est une opération à
faire tous les 20 000 km au mieux. Soyez vigilant,
car certains modèles peu kilométrés possèdent
encore leurs pneus d’origine. Ils
présentent bien, mais ils ont plus de dix ans et
sont complètement secs. Les freins
acier, endurants, restent
raisonnables à remplacer (315 € la paire de
disques + 3 heures de main-d’œuvre par train). Cependant, le coût
des plaquettes est élevé (385 € + 2h30 de
main-d’œuvre).
Des prix presque low cost comparés aux disques en
céramique de la Stradale (13 640
€ les 4 !). Enfin, les modèles qui participent aux
sorties sur circuit fatiguent prématurément les
roulements (2 610€ les 4 avec la main-d’œuvre).
Comme sur toutes les sportives de ce calibre, les
jantes sont très vulnérables et chères à remettre
en état !
Ferrari 360 Modena : les coûts
d’entretien
Les coûts d’assurance
Les tarifs en occasion
Il est possible de dénicher des Ferrari
360 Modena coupé F1 dès 55 000 €. La
moyenne du marché se situe plutôt dans la grande
fourchette entre 65 000-100 000 €. Bien-sûr, le
prix varie selon l’état (comptez 5 000 € de
plus pour le Spider). Le prix peut même
tripler si vous optez pour les
modèles Stradale. Mais attention
: le marché est très « évolutif », avec une tendance
perpétuelle à la hausse !
Le choix de Sport Auto
Peu importe la version, l’essentiel est de privilégier le rapport prix-prestations. Choisissez un exemplaire impeccable, une première ou seconde main d’origine française. Il faut que l’historique soit limpide, un carnet à jour rangé dans sa pochette en cuir. Il ne faut pas oublier la trousse à outils et le double des clés.




