Essai - Bentley Continental GTC Azure (2025) : prestation réussie ?
Le "soft power", ou pouvoir de convaincre par la manière douce, est un art en relations internationales… et chez Bentley, qui en apporte la parfaite illustration au volant de la Continental GTC Azure.
Faut-il regretter le W12 à ce point ? Bonne question. Sur le
principe et sur la forme, oui, puisqu’il était synonyme d’un
panache et d’une opulence qui collaient parfaitement à l’image de
Bentley. Dans les faits, en
revanche, ce n’est pas si certain.
Le V8 qui le remplace est aussi performant et moins pesant, donc
plus convaincant en matière de répartition des masses et d’agilité
du comportement. A nuancer avec l’adjonction de l’hybridation, qui
ajoute 150 kg sur la balance, au bas mot.
Il faut rappeler que les Bentley coupé et cabriolet sont désormais
hybrides, contrairement à la version Speed du Bentayga, 100 %
thermique. On se prend à rêver du même traitement de faveur pour la
Continental.
Rien n’est moins sûr et, d’ici là, deux niveaux de puissance sont
proposés sur les GT et GTC : 782 ch cumulés pour la Speed qui
domine la gamme, et un total de 680 ch pour la version classique,
ici en finition Azure.
Autant dire qu’il est rigoureusement impossible de parler d’entrée
de gamme. Il s’agit plutôt d’une variante, dans cette constellation
qui confine au sur mesure. Et tant qu’à faire dans l’exclusivité,
direction les grands espaces du Montana, aux Etats-Unis, pour la
tester sur un terrain de jeu à la hauteur de ses capacités.
Subtilités
Soyons honnêtes, les différences avec la Continental GTC Speed ne sautent
pas aux yeux dès les premiers tours de roues. Loin de là. Pour
mémoire, l’écart de puissance provient principalement des réglages
du V8 biturbo de 4 litres, en configuration 519 ch dans l’Azure
contre 600 ch sous le capot de la Speed ; les capacités du moteur
électrique étant identiques dans les deux cas, avec une puissance
de 190 ch et un couple de 45,9 mkg.
Avec le même poids d’âne mort avoué, c’est‑à‑dire la bagatelle de 2
636 kg. Rien que ça. Pour rappel, la précédente GTC 100 % thermique
pesait 2 470 kg. En clair, bien que Bentley soit passé maître dans
l’art de faire pivoter et freiner des enclumes, ça commence à faire
beaucoup.
Mais avant de partir à la chasse aux virages dans ce paysage
grandiose qu’est le Montana, la Continental GTC, mue par la fée
électricité, donne l’impression de glisser sur le goudron. On
profite de cette mer d’huile pour encore plus apprécier son confort
royal. Pas le genre de luxe tapageur qui tente d’en mettre plein la
vue pour pas trop cher ni les LED ultraviolettes de la piste techno
du Macumba, au contraire.
e vrai faste. Celui des placages massifs tels qu’on n’en fait plus,
des cuirs fins mais au maintien exemplaire et des chromes lourds
comme des couverts en argent. Une somme interminable de détails qui
creusent un fossé avec des habitacles interchangeables, comme ceux
des Mercedes-AMG SL, par exemple. L’Azure ne vous donne pas juste
l’impression de nager dans le luxe, elle l’incarne, c’est tout à
fait différent.
Au quart de tour
On passe aux choses sérieuses en tournant la molette des modes
de conduite sur la position Sport pour démarrer le 4 litres… qui ne
se fait pas prier pour décamper, mais reste relativement discret
sur le plan sonore.
En écrasant la pédale de droite sans retenue, la Continental GTC s’élance avec
une vigueur continue. Et une motricité sans égale. Il faut rappeler
que le 0 à 100 km/h est annoncé en 3’’9 seulement, et le 0 à 160
km/h en 8’’2, pour une vitesse maxi prévue à 270 km/h, loin des
pointes supersoniques habituelles de chez Bentley, mais largement
suffisante pour un cabriolet, même si vous êtes pressé.
A l’usage, l’Azure ne manque jamais de puissance ni de couple, mais
ses relances paraissent un poil moins énergiques que celles de la
version Speed. Le 4 litres s’avère également moins communicatif à
l’oreille.
Quant au comportement routier, on sent que le cabriolet est plus
lourd, donc moins dynamique, que le Coupé et que les réglages sont
plus soft que la version Speed. Ce qui ne l’empêche pas d’enchaîner
les virages sans se désunir.
Avec le coup de main de la technologie pour veiller au grain :
transmission intégrale à vectorisation du couple, roues arrière
directrices et suspension pneumatique nouvelle génération. La
différence de cette dernière avec le modèle précédent est
d’ailleurs notable. Non seulement en matière de régulation des
mouvements de caisse, mais aussi concernant le filtrage.
La direction est également réussie, même si l’on se serait passé de
sa consistance variable en fonction des modes de conduite, qui
brouille le toucher de route pour pas grand-chose. En revanche, le
confort de roulement ne souffre d’aucune critique.
Il suffit de repasser en mode Normal pour que l’Azure recouvre un
filtrage de tapis volant. Ce qui n’était pas gagné, étant donné les
22 pouces livrés de série. Le freinage, pour sa part, apporte
totale satisfaction avec une capacité de décélération et une
stabilité impériales. Bien qu’il faille se familiariser avec la
consistance de la pédale.
Rappelons que Bentley propose des disques en carbone -céramique en
option (au diamètre impressionnant de 440 mm à l’avant). Mais
au-delà des capacités mesurables, cette escapade dans les grands
espaces américains dévoile des facultés de voyage hors du commun.
Avec des parfums inimitables. Au point que l’Azure dépasse
totalement son statut de simple cabriolet.
C’est un art de vivre, qui repose sur une élégance assumée et un
goût certain pour les traditions, sans être passéiste. Une subtile
alliance entre un raffinement extrême et une sorte de retenue, où
le cosy s’impose comme une philosophie : cuir Nappa surpiqué,
doublure de capote en Alcantara, placage de bois précieux et
panneau central rotatif – optionnel mais conseillé.
Rien de plus tentant que de se faire des nœuds au cerveau pour
sélectionner la parfaite combinaison entre les 80 couleurs du
programme Mulliner, les 5 teintes de capote et les 15 nuances de
cuir. Et surtout… ne jamais sous-estimer le pouvoir d’une virée au
grand air, de jour ou, mieux, de nuit, même sous un ciel gris, avec
une musique bien choisie.
L'avis de Laurent Chevalier
Même si l’on regrette que la Continental GTC ne soit pas disponible en 100 % thermique, comme le Bentayga Speed, il faut reconnaître que Bentley offre une prestation absolument remarquable. D’autant que ce premier niveau de puissance de la gamme convient parfaitement à l’exercice du cabriolet.
Bentley Continental GTC Azure : en mesures
- Moteurs : V8, biturbo, 32 S + 1 électrique
- Cylindrée : 3 996 cm3
- Puissance thermique maxi : 519 ch à 6 250 tr/mn
- Couple thermique maxi : 78,5 mkg à 2 300 tr/mn
- Puissance électrique maxi : 190 ch
- Couple électrique maxi : 45,9 mkg
- Capacité de la batterie brute/nette : 25,9 kWh/NC
- Autonomie électrique : 82 km
- Puissance cumulée : 680 ch
- Couple cumulé : 94,8 mkg
- Transmission : intégrale, 8 rapports à double embrayage
- Antipatinage/autobloquant : de série déconnectable/central + torque vectoring
- Poids annoncé : 2 636 kg
- L - l - h : 4 895 - 1 966 - 1 392 mm
- Empattement : 2 848 mm
- Pneus AV & AR : 275/35 & 315/30 ZR 22
- Prix de base : 271 680 €
- Prix des options/malus : 52 675/18 000 € (malus au poids)
- Prix du modèle essayé : 324 355 € (malus compris)
- V. max. : 270 km/h
- 0 à 100 km/h : 3’’9
- 0 à 160 km/h : 8’’2
Retrouvez notre essai de la Bentley Continental GTC Azure dans le Sport Auto n°766 du 31/10/2025.


