Ford Focus RS (2009-2010) : que vaut-elle sur le marché de l’occasion ?
La Focus RS Mk II a marqué les esprits. Outre son look, cette traction avant de plus de 300 chevaux s’est distinguée par le punch de son 5 cylindres turbo et la rigueur de son comportement.
Depuis la Capri ou la vénérable Escort, le sigle RS a toujours été synonyme, chez Ford, de sportivité débridée. Cette Ford Focus de seconde génération y a eu droit de début 2009 à fin 2010, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est fidèle à cette philosophie.
Ford Focus RS (2009-2010) : un 5 cylindres 2.5 d’origine Volvo
Une Focus RS, c’est d’abord un sacré
look, métamorphosant totalement la
gentille berline compacte. Bouclier largement
évasé à l’avant flanqué d’une
gueule béante grillagée, capot
ajouré, gros aileron de toit et
échappements façon tuyaux de poêle logés aux
extrémités du diffuseur d’air sont ici livrés
d’office.
Le tout, généralement servi avec une couleur vive.
L’intérieur, assez quelconque, donne
davantage dans la sobriété, en se
contentant de recevoir de beaux sièges Recaro et
d’adopter des manomètres complémentaires en haut
de la planche de bord.
Bien que limitée volontairement à seulement
4 places, cette berline compacte
offre une véritable polyvalence, son vaste coffre
étant accessible par un hayon. Côté moteur, le
constructeur a sérieusement retravaillé le
5 cylindres 2.5 d’origine Volvo qui équipait la
Focus ST.
Ce 5 cylindres, dopé par un gros turbo
Borg Warner capable de souffler jusqu’à
1,4 bar, et développant 305 ch
(voire 350 ch sur RS 500), surprend par sa
souplesse à bas régime, chose
appréciable pour évoluer en ville, mais surtout
par son punch passé le cap des 3 000
tr/mn.
Dans un grognement évocateur, le 5
cylindres pousse vraiment fort jusqu’à
plus de 7 000 tr/mn, vous gratifiant au passage de
chronos qui laissent rêveur : 6’’5 sur le
0 à 100 km/h, 26’’1 pour saluer la borne kilométrique et
248 km/h en vitesse maxi.
Ces valeurs ayant été validées par nos soins.
Précision utile : tout cela se fait sur les
seules roues avant. De quoi faire, à l’époque, de
cette Focus RS, la traction avant la plus
puissante du monde.
Le mieux, c’est qu’elle se montre hyper efficace
avec ça, un auto bloquant hélicoïdal veillant au
grain ! Facturée seulement 34 700 € en neuf, une
belle Focus RS se déniche désormais à des prix
encore plus light (28 000 € environ), même si sa
décote reste limitée en raison d’une
grosse cote d’amour.
La carrosserie et la structure
La Focus RS hérite logiquement de la
structure et de la carrosserie du
modèle de série, en version 3 portes. Excepté les
boucliers, en matériau composite,
l’ensemble est en acier, permettant ainsi une
remise en état au plus juste prix chez n’importe
quel carrossier indépendant.
Les ailes élargies, bien que spécifiques,
se forment en une seule partie. D’origine, la
peinture présente un aspect «
peau d’orange » peu flatteur, le
vernis étant raté. À noter qu’il y a eu en
juillet 2010, à l’initiative de Ford
France, 5 RS Le Mans Classic, peintes aux
couleurs des mythiques GT 40,
victorieuses au Mans.
À la même date, Ford a lancé la RS
500 poussée à 350 ch, un modèle
collector, limité à 500 exemplaires pour l’Europe,
revêtant un film noir mat sur toute la
carrosserie. Ce dernier, très fragile, réclame un
lavage à la main pour ne pas
l’endommager. Enfin, chroniquement, les
vérins du hayon sont à changer.
L’intérieur
Cette Ford Focus RS évoque la grande
diffusion, avec une profusion de
plastiques plus ou moins rigides. Mais malgré
l’insert de faux placages en carbone, qui font
cheap, l’ensemble respire le sport grâce à une
instrumentation complète et de beaux sièges
Recaro, à l’avant et à l’arrière, limitant la
capacité d’accueil à seulement 4 places. Ces
sièges sont, selon les options,
en cuir, ou en tissu et
Alcantara.
Dans tous les cas, les bourrelets latéraux, soumis
aux frottements répétés, ont tendance à s’user
prématurément (siège conducteur surtout).
L’électronique embarquée, bien qu’assez
sommaire, connaît des problèmes :
notamment l’écran central qui affiche le
GPS et la caméra de recul, qui a
tendance à s’éteindre de manière intempestive.
Quant au faisceau qui gère l’ABS,
il est trop court, ce qui peut déclencher, lorsque
les roues sont en butée, un code défaut au niveau
du moteur (souci sans gravité).
Le moteur
Ce 5 cylindres d’origine Volvo est
fiable à l’usage. Mais des soucis ont émaillé ses
débuts. Des dysfonctionnements pas graves dans
l’absolu et a priori réglés sur
les modèles ayant beaucoup roulé.
Ainsi, certains collecteurs d’admission ont
explosé ! Une nouvelle cartographie ou la pose
d’un modèle racing en alu résout ce problème que
Ford n’a jamais pris en charge. Par ailleurs, la
mise à jour de la cartographie
pèche sur les séries CJ, CK et
CL (rappel de Ford). L’échangeur
d’air est sous-dimensionné, ce qui altère les
performances à chaud (en monter un plus gros de
chez Pro Aloy, Airtec…).
Quant à la membrane qui amplifie le son du
moteur, elle se perce facilement (270 € de pièces), le
bloc du reniflard, lui, tend à casser (300 € de
pièces).
À noter aussi, des fuites au niveau du radiateur
d’eau et une vis du downpipe
(descente de turbo au début de la ligne d’échappement) qui peut se
desserrer. Enfin, une plaque
pare-neige peut obstruer l’admission
d’air (la retirer).
Sinon, l’entretien courant se limite à une
révision par an ou tous les 20 000
km (avec vidange et filtres), la distribution par
courroie devant faire l'objet d'un remplacement
tous les 160 000 km ou 8 ans. Le kit est d’environ
270 € avec la pompe à eau.
La transmission
La RS reçoit une boîte à 6
rapports, très bien guidée et
étagée. Des claquements dans la
transmission peuvent survenir (un
resserrage de l’écrou de transmission résout ce problème). De même,
la pédale d’embrayage peut «
coller au fond » (kit à 524 € avec la butée), tandis que
l’émetteur est souvent
défectueux.
Curieusement, les remplacer par des pièces de
Focus ST permet
de corriger ces problèmes. Sinon, il n’existe
aucun souci avec le différentiel
mécanique Quaife (à 6 satellites), pourtant
souvent sollicité pour passer au
sol, sur les seules roues avant, toute la
puissance.
Les trains roulants
Cette traction avant, mesurée par nos soins à
1 478 kg, braque comme une
enclume. Mais elle a le mérite de
ne pas trop faire souffrir les
consommables, signe d’une bonne
gestion du différentiel et d’un
équilibre satisfaisant.
La Focus RS donne dans l’éprouvé, en recourant à
du McPherson avec pivot découplé à
l’avant (RevoKnuckle) et des roues indépendantes à
l’arrière (avec barre antiroulis). Autre bonne
nouvelle : le prix des pièces
d’usure reste très raisonnable.
Comptez autour de 400 € en dehors de la
main-d’œuvre pour une paire de
disques avant, et 230 € pour l’arrière,
le jeu de plaquettes avant coûtant autour de
250 €. Quant aux 4 amortisseurs,
prévoyez 1 000 € de pièces. Pour finir, vérifiez
bien l’état des jantes, assez exposées, mais aussi
les pneus (235/35 R 19), le train
avant étant, par nature, fortement sollicité en
conduite sportive.
Ford Focus RS (2009-2010) : les coûts d’entretien et d’assurance
La Focus RS, en digne Ford, présente l’avantage de coûts d’entretien réduits. Pour parcourir 10 000 km par an en conduite normale, prévoyez 1 300 € environ.

Ford Focus RS (2009-2010) : les tarifs en occasion
S’il est possible de dénicher des Ford Focus RS dès 25 000 €, à ce prix-là, il ne faudra pas être trop exigeant sur l’état général. Pour avoir une belle RS avec moins de kilomètres (50 000 km environ), comptez plutôt 34-35 000 €. Quant à l’exclusive RS 500, c’est un collector recherché, qui s’affiche à 45 000 €... minimum !
Le choix du spécialiste
« Les modèles ayant le plus faible kilométrage ne sont pas forcément les plus intéressants, car ils peuvent toujours prêter le flanc aux soucis de jeunesse. Il faut donc s’assurer que le modèle convoité a été suivi régulièrement par le réseau et a bénéficié des nécessaires mises à jour. Certaines Focus RS ont été optimisées pour faire du track day, et pas toujours dans les règles de l’art. L’idéal est de viser un bel exemplaire, plus habitué à fréquenter la route que les circuits, qui est resté d’origine, et à l’historique clair. » Jean-Luc Bognier, président du club Focus RST Team.
Le choix de Sport Auto
L’essentiel sera de dénicher
un exemplaire fiabilisé, mais qui n’a pas subi de
modifications à outrance et qui n’a pas non plus
été « rincé » sur des circuits. Cela se trouve
encore, à condition d’y mettre le prix (29 000 €
environ).
La Focus RS n’est pas un premier prix de
beauté, mais rares sont les sportives de ce
calibre à en offrir autant pour une somme aussi
raisonnable. Et, en considérant que les
soucis de jeunesse ont été résolus, cette
RS n’a presque plus aucune ombre au
tableau.


