Lamborghini Aventador : gouffre financier ou choix malin en occasion ?

Malgré sa débauche de technologies avant-gardistes, la Lamborghini Aventador fait preuve d’une étonnante fiabilité. En occasion, cette voiture de tous les fantasmes représente-t-elle un gouffre financier ou un choix malin ?

Sport Auto se penche sur la Lamborghini Aventador, commercialisée à partir de 250 000 euros de 2011 à 2022.

Lamborghini Aventador (2011-2022) : présentation

La Miura, sortie en 1966, a posé les bases des supersportives : une gueule d’enfer et un monstrueux V12 placé en position centrale arrière. La Countach qui lui succède apportera ce grain de folie qui sied aux Lamborghini, avec des portes en élytre.
La Diablo, toujours fidèle au V12 (mais placé longitudinalement), perpétue cette tradition et connaît, pour le meilleur, un heureux mariage avec le groupe Volkswagen (1998), qui met la marque sous la tutelle d’Audi.
La Murciélago qui la remplace sera la première bénéficiaire de cette rigueur allemande. Ultime héritière de cette noble lignée, l’Aventador présentée en mars 2011, au Salon de Genève.
Son petit nom est LP 700-4, comme pour mieux défendre son pedigree : V12 6,5 litres en position longitudinale arrière, 700 ch et 4 roues motrices, un héritage de chez Audi, prosélyte du Quattro. Faut-il s’en plaindre ?
Non, car à ce niveau de puissance, passer la cavalerie au sol est une gageure dès que la météo se dégrade. Et en dépit de sa ligne futuriste, croisement entre un avion de chasse furtif et une batmobile, l’Aventador se veut également civilisée, capable de rouler au pas en ville sans chauffer, mais aussi d’abattre les kilomètres sous la pluie.
Un SUV moderne est plus convaincant dans ce périlleux grand écart. Mais question design, ambiance à bord, explosion de décibels et accélérations (0 à 100 km/h en 2,9’’, 350 km/h), l’Aventador demeure un must, qui délivre à très haut débit son lot de sensations fortes.
Des sensations décuplées dès 2012 en roadster encore plus exclusive, et plus encore à partir de 2015, avec la commercialisation de la SV limitée à 600 exemplaires.
Allégé de 50 kg, le V12 atmosphérique de cette SuperVeloce culmine à 750 ch, lui permettant de gagner un dixième sur le 0 à 100 km/h, et 5 km/h en vitesse de pointe. Un shoot d’adrénaline pure à consommer aussi à l’air libre, la SV roadster étant limitée à 500 exemplaires.
À partir 2017, l’Aventador s’est savourée en version restylée S (4 roues directrices, suspensions et aéro modifiée, 740 ch et même SVJ de 770 ch). Mais ça y est, c’est la retraite, l’Aventador a terminé sa carrière en 2022 avec l’ultime Ultimae (coupé et roadster) de 780 ch (à partir de 403 495 € en neuf) !
Si vous décidez de prendre le taureau par les cornes, il vous faudra assumer le regard des badauds, et assurer financièrement : comptez aujourd’hui pas moins de 250 000 € pour une LP 700-4.

Lamborghini Aventador : quelles pannes potentielles à surveiller ?

Intérieur

L’ambiance très futuriste vous téléporte dès l’ouverture des portes en élytres dans l’univers Lamborghini. Chaque détail évoque plus un avion de chasse qu’une voiture, à l’image du loquet qui verrouille le bouton-poussoir de la mise à feu du V12.
La finition de l’Aventador mêle carbone, aluminium, cuir surpiqué et Alcantara. On est dans la haute couture automobile, et il faudra vous assurer du parfait état de chaque élément, et plus encore pour les rares versions roadsters, soumises aux intempéries. Vérifiez l’état du toit en carbone amovible très sensible aux chocs.
Malgré son prix, l’Aventador se réserve des mesquineries, comme l’absence de radar avant et arrière (avec caméra, une option facturée 4 186 € !) vivement conseillée tant la visibilité est exécrable.
D’autres options font la différence sur une occasion, comme le volant en faux daim (718 €), le compartiment moteur habillé de carbone (2 153 €) ou le capot moteur translucide (6 458 € sur le coupé). Enfin, il n’y a aucun souci dans l’habitacle (électrique ou autre).

Carrosserie et structure

Le style de l’Aventador est aussi spectaculaire que sa technique. Sur sa structure monocoque en fibres de carbone sont greffées des extensions en aluminium. Ce sont des berceaux qui supportent les trains roulants et le moteur à l’arrière.
Un choc entraînera le changement d’éléments vitaux. Et en cas de choc encore plus violent, il faudra… jeter la voiture ! Vérifiez les portières qui s’ouvrent vers le haut. L’auto dispose d’un fond plat et d’un extracteur d’air en carbone, très exposés.
Même si un système de levage évite de frotter, l’idéal est de voir sur un pont son état réel. Vérifiez le fonctionnement des appendices mobiles. Enfin, certaines Aventador tournent sur circuit.
Une sortie de piste, dans le bac à gravier, impacte le fond et le bouclier avant. Inspectez l’état des convoyeurs des radiateurs. Les réparer réclame 4 290 € de budget.

Moteur

Sur l’Aventador, le monstrueux V12 6.5 atmosphérique à 48 soupapes de 700 ch (750 ch sur SV) occupe près du tiers de la longueur totale de la voiture. Autant dire que cette cathédrale métallique, montée à la main, est la pièce maîtresse.
La bonne nouvelle, c’est que ce V12 à distribution par chaîne est réputé fiable. Bien sûr, cela implique de l’utiliser correctement (bien le laisser chauffer avant de l’exploiter), et de lui offrir une révision tous les 15 000 km (ou une fois par an).
En se limitant à ce minimum syndical (avec vidange, filtres et inspection), la facture atteint déjà des sommets : comptez 2 460 € environ chez un bon spécialiste, et près de 6 100 € dans le réseau.
Sachez que quelques faiblesses (limitées surtout aux premiers modèles), peuvent concerner les catalyseurs, le tendeur de courroie des accessoires, la sonde de la climatisation et, plus récemment la fixation des canalisations d’essence.
Des problèmes généralement pris en charge par le constructeur si l’auto a toujours été entretenue par le réseau, et si elle est restée d’origine. Sachez qu’un modèle modifié (ligne inox, reprogrammation du boîtier de gestion moteur…), perd d’office sa garantie constructeur, d’où l’importance de viser un exemplaire conforme à l’origine.

Transmission

Cette sportive à transmission intégrale s’en remet à une boîte robotisée à simple embrayage (à 7 rapports). Il en résulte une relative lenteur lors des passages de vitesses, et des à-coups amplifiés en conduite sportive.
Il est conseillé de soulager l’accélérateur pour préserver l’embrayage, qui digère le couple (690 Nm à 5 500 tr/mn). En cas de mauvaise utilisation, il peut partir en fumée en 10 000 km, la limite de 30-40 000 km étant un maximum dans de bonnes conditions. Son remplacement donne à réfléchir. Comptez 5 346 € environ pour le changer (disque, mécanisme, volant moteur et butée).

Trains roulants

Grâce à l’utilisation massive de carbone et d’aluminium, l’Aventador parvient à limiter son poids sous les 1 600 kg, ce qui a le mérite de préserver les trains roulants. Tant mieux, car là encore, tout est à la démesure de cette supercar.
Pour une paire de disques (en carbone céramique de série), comptez 6 035 € par train (et éventuellement 987 € de plaquettes), près de 7 300 € pour les 4 amortisseurs pilotés, et la somme rondelette de 4 800 € pour changer les quatre pneus (en 255/35 R19 pour l’avant, et 335/30 R20 pour l’arrière en taille standard).
Bien sûr, adopter régulièrement une conduite musclée a une incidence directe sur la longévité de ces consommables aux références hors norme. Au moment d’acheter, il vous faudra tenir compte de leur état pour éventuellement revoir à la baisse le prix de l’auto, si l’ensemble est fatigué.
Enfin, chaque jante forgée en magnésium étant très exposée au moindre coup de trottoir (et bien sûr hors de prix), il vous faudra les ausculter une à une attentivement au niveau des flancs, mais aussi vous assurer du bon état des boulons… qui sont en titane.