Ferrari California (2009-2017) : que vaut-elle sur le marché de l’occasion ?
California… Ce nom renvoie aux sixties, où Ferrari produisait déjà une sportive baptisée ainsi. Depuis 2008, il désigne la « petite » Ferrari, seul coupé-cabriolet de la gamme.
Décriée à sa sortie, en février 2009, la Ferrari California a su trouver sa place et convaincre les plus sceptiques. Il est vrai que cette Ferrari à V8 avant, qui est la première 2 + 2 à toit escamotable du constructeur, a commencé sa carrière en commettant quelques impairs. Passons sur la ligne, un brin massive à l’arrière et torturée au niveau des flancs, qui ne sera pas du goût de tous. Plus objectivement, on pouvait lui reprocher son embonpoint : 1740 kg, c’est lourd pour une auto de seulement 4,56 m ! Quant au V8 4,3 litres, il est le moins puissant de la gamme, avec « seulement » 460 ch.
Ferrari California : la plus sage des Ferrari
Même si la California n’est pas la
priorité de la vieille Europe (ni
conçue pour séduire les plus ardents tifosi),
Ferrari reste à l’écoute de sa clientèle. Et la
marque a su corriger ce qui n’allait pas, en
proposant tout d’abord un pack optionnel (5382 €)
Handling Speciale (suspensions magnétiques,
direction plus directe…), dans l’esprit du HGTE de
la 599 GTB. Mais le constructeur est allé plus
loin lors du restylage d’avril 2012.
Dans les grandes lignes, l’auto a perdu 30
kg et gagné 30 ch (490 ch). Une
équation magique qui donne des ailes à la
California. Ferrari annonce 3’’8 pour passer de
0 à 100 km/h, et un peu plus pour
replier son toit escamotable
(14’’, un record du genre !).
Mais surtout, la Ferrari California a su bétonner
ses points forts, comme sa boîte robotisée à sept
rapports, qui est tout simplement parfaite à
l’usage. Temps de réponse absent, aucune
rupture de charge ni à-coup, cette boîte à
rythme a depuis été généralisée
sur l’ensemble de la gamme.
Quant au V8, qu’il fasse 460 ou
490 ch, il chante juste et fort, à tous les
régimes. Agréable à mener
rapidement, même si son comportement « facile »
n’est pas à proprement parler ultra-sportif, la
Ferrari California est la moins
radicale des Ferrari. Mais c’est précisément ce côté
civilisé qui lui a permis de
séduire une large clientèle. Un « produit » de
conquête facturé près de 187 000 € en neuf après
le restylage du printemps 2014 et
le passage à 560 ch du V8, flanqué depuis de deux
turbos. Une évolution qui fait baisser le
prix de cette première version sur le marché de
l’occasion qui commence à s’afficher sous
la barre des 100000 €.
L’intérieur
Ferrari a fait de gros progrès ces dernières
années, et cela se voit ! Mais des lacunes
subsistent et il s’agit toujours
des mêmes. Cela concerne essentiellement les
habillages en cuir, très vulnérables. Ainsi, nous
vous déconseillons de laisser l’auto
longtemps au soleil, le revêtement du
tableau de bord pouvant gondoler ou se
décoller en se rétractant. De même, le cuir des
sièges peut se fragiliser (surtout les bourrelets
latéraux à l’avant), comme celui qui habille le
volant (le grain se lisse avec le temps). Les
places arrière, trop hautes, sont
symboliques.
Du coup, certains modèles se limitent à deux
vraies places (option gratuite). Enfin, si
l’électronique embarquée ne pose pas de
problème, ce n’est pas le cas des
commodos, des vitres ou
rétroviseurs électriques, qui restent parfois dans
les mains. Vérifiez aussi le
fonctionnement du toit électrique
rétractable (et son étanchéité). Il y a eu des
campagnes de rappel sur ce point
au début. Enfin, ne jamais effectuer le
(dé)capotage si l’auto n’est pas bien à plat (cela
peut fausser la cinématique ou bloquer le circuit).
La carrosserie et la structure
Malgré ce que laisse supposer son poids important, le châssis et la carrosserie de la Ferrari California sont en aluminium (sauf boucliers en plastique). Sur circuit, la structure « grince », signe qu’elle reste perfectible. De même, en cas d’accrochage ou de choc, seul un spécialiste de l’aluminium (ou le réseau) pourra intervenir. Comme pour de nombreuses sportives, le « nez » est à la merci des gravillons. À noter : de la buée peut se former sous la bulle des phares. Enfin, même s’il est résistant, le fond plat (en fibre) est très exposé.
Le moteur
A l’instar des plus nobles « berlinettes » V12,
la Ferrari California reprend la même
architecture (moteur central avant)… sauf qu’elle
abrite un V8 4,3 litres. D’une puissance initiale
de 460 ch au lancement, ce bloc souple à bas
régime et rageur dans les tours
(près de 8000 tr/mn) enivre par sa sonorité
magique. Réputée fiable
(distribution par chaîne), cette mécanique
d’orfèvre ne supporte pas les hauts régimes à
froid (elle peut générer des cliquetis suspects ou des fumées
blanches ou bleues à l’échappement). L’entretien
courant dépend étroitement de la conduite adoptée
(l’écran central indique le kilométrage restant à faire avant la
prochaine révision). Par précaution, l’idéal est de
vidanger une fois par an ou tous les 10
000 km (5W40 ou 10W60).
À ce sujet, Ferrari propose à ses clients en neuf
une extension d’entretien portée à sept
ans afin de court-circuiter la concurrence des
indépendants. Sinon, comptez 1190 € en moyenne
chez un spécialiste (avec contrôle général),
nettement plus dans le réseau. Et tous les
50 000 km, une plus grosse
révision est à faire (1900 € chez un spécialiste).
Bien sûr, il ne doit y avoir aucune fuite suspecte
au niveau du carter. De même, vérifiez
l’étanchéité des collecteurs
d’échappement, ce qui demeure la faiblesse
récurrente.
La transmission
Cette propulsion, dotée de tout l’arsenal
électronique dernier cri (ESP à trois modes,
antipatinage…), laissait le choix des armes. Elle
proposait la traditionnelle boîte « à poigne » à
six rapports (avec grille en « H »), très rare (à
peine 1 % des ventes), et la boîte robotisée (à
double embrayage) à sept rapports. C’était avant le
restylage, car depuis, la Ferrari
California est uniquement proposée avec la
transmission de course. Cela présente un
avantage : contrôler, par ordinateur, le « passé »
de la boîte et vérifier qu’il n’y a pas eu de
mauvaise utilisation (comme l’abus de launch
control, surtout à froid !).
Même si cette boîte est censée durer toute la vie
de la voiture (comme l’embrayage, intégré à
celle-ci), nous vous recommandons de réaliser la
vidange tous les 50 000 km (et beaucoup plus rapidement si
l’auto ne fait que de la ville ou du circuit). Comptez 515€
environ. Pour les rares versions équipées de la
boîte mécanique, tablez sur 5650€ pour un
changement d’embrayage. Enfin, vérifiez l’état des
cardans (il ne doit y avoir aucun jeu, ni bruit
suspect) et la présence de graisse à l’intérieur
d’une jante doit vous alerter (soufflet
déchiré).
Les trains roulants
Malgré un châssis profondément remanié en
2012, la California n’est pas une
pistarde, même si elle peut tourner sur circuit,
avec les conséquences que cela suppose, car
l’auto est lourde (1740 kg). Une
conduite agressive fatigue
prématurément les rotules ou les triangles de
suspension (700 € l’unité pour la partie
supérieure à l’avant, 900 € pour la partie inférieure). De même,
l’état des pneumatiques est révélateur de
l’usage fait de la voiture (des «
plats », des bords abîmés ou des bandes de roulement usées jusqu’à
la corde doivent vous alerter).
Un jeu de pneus complet coûte en
moyenne 2 700 € (dont 1 600 € pour l’arrière). Une
jante abîmée n’a rien d’un détail
anodin (1 660 € pièce à l’avant, 1 800 € pour
l’arrière). De même, le budget « freinage » est
lourd, avec 885 € de plaquettes avant (à changer
tous les 15 000 à 20 000 km). Les disques avant
(carbone/ céramique de série), plus sollicités,
sont facturés 3 070 € pièce (durée de vie de 80
000 km environ). Quant aux amortisseurs, sachez
qu’ils coûtent 1 350 € pièce pour l’avant (un peu
plus en Magnetic Ride). Bref, mis bout à bout, tous ces postes
représentent une petite fortune. De leur état doit
dépendre le prix proposé.
Ferrari California : les coûts d’entretien
Les coûts d’assurance
Les tarifs en occasion
Si certains « magiciens » proposent des California à partir de 70 000 € (méfiance !), le juste prix se situe plutôt dans une fourchette allant de 85 000 à 140 000 €. Pour ce prix, vous aurez obligatoirement une « phase 1 », les modèles restylés étant récents (mi-2012), et rares en occasion (rien sous les 130 000 € !). Enfin, certaines options sont prisées, comme les écussons sur les ailes avant, les étriers de freins de couleur ou la sellerie « Daytona » à gaufrage. Quant à la récente California T, n’espérez rien non plus sous les 140 000 € en France.
Le choix de Sport Auto
Parce que la California n’est pas
particulièrement portée sur les performances, un
rare exemplaire doté d’une boîte mécanique ferait
notre bonheur. Après, l’offre est plus large pour
les autos équipées
de la boîte robotisée. Oublions les modèles 2012,
plus performants, mais rares en
occasion (et hors de prix !). Visez un exemplaire
de 2010-2011 doté du pack optionnel
Handling Speciale, plus incisif (suspension,
direction). Pour 120 000 €, vous pourrez vivre
votre California Dream.




