Essai - Nouvelle Skoda Octavia RS : que vaut son badge "RS" ?

Si les badges RS pullulent, tous ne se valent pas. La preuve avec la nouvelle Skoda Octavia RS. La sage berline est-elle une Audi S4 rebadgée ou une Volkswagen Golf GTI rallongée ?
La dernière Skoda essayée dans Sport Auto était déjà une Octavia RS (en break Combi) en 2018. Il est vrai que la gamme tchèque préfère communiquer sur la polyvalence, l’habitabilité et l’efficience plutôt que sur la performance.
La marque, qui fête cette année ses 130 ans, est pourtant incontournable en sport automobile, notamment en Rallye, qu’elle a dominé entre 2015 et 2023 en s’adjugeant 8 titres de champion du monde en WRC2.
Bref, coule dans les veines de Skoda la fibre sportive, mais tout le monde s’en fiche. Et c’est une erreur. Même si cette Octavia RS restylée a plein de défauts. Déjà, elle n’existe qu’en 2 roues motrices, qui plus est pas sur le bon essieu.
Ensuite, elle est quelconque. O.K., avec ce jaune Sprint, nous ne sommes pas passés inaperçus, mais les retouches esthétiques (optiques, boucliers, jantes) ne suffisent pas à ranger la familiale dans la catégorie des locomotives qui ouvrent d’elles-mêmes la voie, façon Audi RS 6.
Son moteur peut-être ? Pas davantage. Le 2 litres EA888 Evo4 est celui de la Golf GTI. Pas de la Clubsport puisqu’il se contente ici de 265 ch. Ce sont 20 ch de plus que par le passé, mais pour une berline (ou un break) aussi imposante (4,70 m), c’est un peu juste.
Skoda Octavia RS : le poids des certitudes
Skoda nous dit avoir pas mal bossé dessus, mais quitte à être désobligeant, ces efforts ne paient guère. Dès le démarrage, il procurerait de l’émotion, selon un responsable technique. Eh bien non.
« Nous avons revu les tubulures d’échappement. Il n’y a pas de clapets actifs, et la sonorité est bien plus sportive. » Eh bien re-non. Cette Octavia RS rate totalement le coche sur le plan vocal.
Un 4 cylindres n’a jamais poussé le bel canto, mais un Kodiaq RS passant à notre niveau au moment d’une pause photo nous apprend que ce 2 litres peut sonner rauque quand on s’en donne les moyens. Et le même responsable de nous avouer que les clients d’Octavia RS recherchent avant tout la discrétion et le confort.
Alors, que fait Sport Auto ici, en Croatie ? Nous venons confronter nos certitudes à la réalité du marché. Emotionnellement, les premiers mètres parcourus à bord de l’Octavia nous laissent de marbre, mais les familiales 100 % thermiques, à vocation pseudo-sportive, se réduisant comme peau de chagrin, il aurait été fautif de passer à côté de cet essai.
La première partie du trajet est passionnante comme un rapport de la Cour des comptes : 150 km d’autoroute insipides où la suspension DCC (Damping Chassis Control) optionnelle souffle le chaud et le froid.
Si les délestages sont moelleux, certaines saillies sont mal digérées par l’amortissement, qui encaisse plus qu’il n’absorbe. Dans ce domaine, une Golf GTI Clubsport m’avait laissé un meilleur souvenir.
Basculer en programme Sport n’arrange rien puisque le peu de retenue sur la détente disparaît presque. Cette familiale se montrerait-elle plus à l’aise à rythme effréné ? Contre toute attente, oui.
Nous découvrons la piste de Grobnik, un circuit à une vingtaine de kilomètres de Rijeka, sur la côte nord. Le tracé n’est pas piégeux, mais ses longs appuis ne sont pas un cadeau pour les tractions puissantes.
Le feeling de la direction électrique varie en fonction des modes de conduite, mais en Sport, même si le point milieu est trop léger, la consistance donne satisfaction. N’est pas une Civic Type R qui veut, mais le guidage de l’Octavia rassure, avec des limites d’adhérence qui s’anticipent sans peine et un sous-virage, une fois ces dernières franchies, pas caricatural.
Rappelons que l’Octavia récupère le différentiel piloté XDS+, qui cumule blocage mécanique et intervention des plaquettes de frein pour éviter que le pneu intérieur ne signale son mécontentement.
Le système fonctionne correctement, mais à l’inverse d’un véritable différentiel à glissement limité, il faut être patient à la reprise des gaz, prévoir l’accélération roues braquées se soldant par un vilain élargissement de la trajectoire.
Skoda Octavia RS : un goût de trop peu
La boîte DSG, imposée d’office, serait plus vive qu’avant. Serait car, comme sur la nouvelle S3, ce gain de temps nous semble peu flagrant. A l’image de sa cousine d’Audi, les palettes au volant sont trop petites mais commandent le changement de rapport sans latence.
Contre toute attente, l’Octavia RS, même avec ses réglages trop souples, n’est pas à l’agonie sur piste rapide. Il faut anticiper les freinages, disques de frein et liquide étant sujets à l’échauffement, mais la voiture, bien qu’elle n’ait pas grand-chose à y faire, s’en sort avec les honneurs.
RS, c’est pour Rallye Sport, une appellation que Skoda ressuscita en 1999 avec la première itération d’Octavia. Ce badge, apparu en 1974 avec la 200, connut son heure de gloire en 1980, millésime où la 130 RS, au nez d’allemandes bien plus puissantes, s’imposa en championnat européen de Tourisme.
Mais nous sommes en 2025, et la virevoltante et pétaradante 130 cède sa place à une berline dont le petit becquet sur le hayon et les jantes Elias de 19 pouces (optionnelles) ne suffisent pas à en faire une familiale dévergondée.
Les ajustements du mobilier sont au cordeau, les matériaux agréables à l’œil comme au toucher (à l’instar des semi-baquets en Alcantara), et l’interface est réactive. ESP débranché (un mode Sport est également disponible), la tchèque demeure… sérieuse.
Jouer avec le transfert des charges n’est suivi d’effet que lorsque le sol est meuble. Sur goudron sec, même avec notre monte pneumatique hivernale Continental à l’accroche perfectible, l’Octavia ne se montre pas joueuse.
La petite sœur Golf, avec son empattement plus réduit, est sans surprise plus encline à enrouler le virage. Mais si le comportement de la RS est trop rigoureux à notre goût, il ne rend pas la conduite ennuyeuse.
L’amortissement piloté endigue correctement les mouvements verticaux, les appuis sont stables, et l’auto accepte les changements de cap intempestifs sans chahuter sur ses roues.
Alors qu’à allure légale, la suspension travaille parfois à contretemps, elle se révèle progressive et efficace à rythme soutenu. Bref coup d’œil à la technique : l’Octavia RS est presque un poids plume.
Avec ses 1 445 kg officiels, elle boxe dans la même catégorie qu’une Civic Type R, plus compacte. Cette masse modérée à trimballer est un atout de taille sur les petites routes croates où la berline ne refuse pas les courbes se resserrant ou les enchaînements gauche-droite.
S’ajoute un moteur qui, s’il a foiré l’examen de solfège, se rattrape avec sa bonne volonté. Il n’y a bien qu’après 5 500 tr/mn (rupteur à 6 500 tr/mn) qu’il rend les armes.
Ses 37,7 mkg, déboulant juste après le ralenti, changent tout dépassement en formalité. Au grand dam du train avant, qui apprécie peu cette déferlante de couple sur les trois premiers rapports.
L'avis de notre essayeur Sylvain Vétaux
Nous rendons les clés un brin tiraillés. Moins plaisante à conduire qu’une Golf GTI, l’Octavia est pétrie de qualités. Performante, polyvalente, relativement accessible, elle est aussi, hélas, bien trop sage. Sur le plan comportemental déjà, mais surtout sur le plan mécanique.
Skoda Octavia RS : fiche technique
- Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
- Cylindrée : 1 984 cm3
- Puissance maxi : 265 ch à 5 250 tr/mn
- Couple maxi : 37,7 mkg à 1 600 tr/mn
- Transmission : roues AV, 7 rapports à double embrayage
- Antipatinage : de série déconnectable
- Autobloquant : de série XDS+ piloté
- Poids annoncé : 1 445 kg
- L - l - h : 4 709 - 1 829 - 1 457 mm
- Empattement : 2 681 mm
- Pneus : 225/40 R 19 (sur modèle essayé)
- Réservoir : 50 l
- Prix de base : 47 310 €
- Prix des options/malus : 8 230/5 404 €
- Prix du modèle essayé : 60 944 € (malus compris)
- V. max. : 250 km/h
- 0 à 100 km/h : 6”4
Retrouvez notre essai de la Skoda Octavia RS dans le Sport Auto n°759 du 28/03/2025.