Essai - Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid : elle sait tout faire !

Un habitacle luxueux, un confort feutré et un maximum de technologie : voilà ce que l’on attend en général d’une berline de luxe. La Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid y ajoute des ingrédients plus surprenants, comme des performances démentes et un châssis qui réécrit les lois de la physique.

Sept minutes, 24 secondes et 17 centièmes. Non, ce n’est pas la durée moyenne d’une réunion en entreprise (si seulement !), mais le chrono qu’a signé la nouvelle Panamera Turbo S E‑Hybrid sur la boucle nord du Nürburgring.
Pour situer, c’est quatre secondes de mieux que le temps effectué en 2004 par Walter Röhrl au volant d’une Porsche… Carrera GT ! Vous me direz qu’il est étrange de communiquer sur ce genre d’exploit concernant une limousine façon Mercedes Classe S ou BMW Série 7, et vous aurez sans doute raison.
Mais elle est comme ça, la Panamera Turbo S E‑Hybrid : en bon couteau suisse, elle veut se rendre utile ! Evidemment, pour parvenir à un tel exploit, Porsche n’y est pas allé par quatre chemins.
Sous le capot, la Turbo S E‑Hybrid reprend le V8 4.0 biturbo maison, fort ici de 599 ch, et le complète avec un moteur électrique de 190 ch logé dans le carter de la boîte de vitesses PDK à 8 rapports.
Puissance totale : 782 ch, contre 700 pour l’ancien modèle ! Du côté du couple, c’est eau et gaz à tous les étages… même au rez‑de‑chaussée. La courbe de couple n’en est d’ailleurs pas une : c’est plutôt une ligne droite, qui commence à 1 000 tr/mn et ne s’infléchit que passé les 5 000 tr/mn.
Sur ce plateau vaste comme le Larzac, le V8 hybride réussit à fournir 101,9 mkg de couple. Oui, vous avez bien lu : dans les unités du système international, cela fait 1 000 Nm disponibles à peine au‑dessus du régime de ralenti et jusqu’à 5 200 tr/mn ! Parfait si jamais M. le P.‑D.G. veut se reconvertir en chauffeur poids lourd…
Pour encaisser la cavalerie, la Turbo S E‑Hybrid adopte bien évidemment une transmission intégrale avec un différentiel central à embrayage multi-disque et un différentiel arrière piloté PTV Plus, tandis que les freins carbone‑céramique sont livrés d’office (disques de 440 mm à l’avant et 410 mm à l’arrière), tout comme les quatre roues directrices.
Mais la pièce de résistance se situe au niveau des suspensions : cette version reçoit de série le tout nouveau dispositif Porsche Active Ride, lequel relie chaque amortisseur à une pompe hydraulique, faisant office d’antiroulis actif et de système anti-cabrage et anti-plongée, capable d’ajuster la hauteur de caisse… et pouvant même légèrement incliner la voiture vers l’intérieur du virage.
Un tel arsenal technologique donne le tournis, mais il faut bien ça, car la Panamera Turbo S E-Hybrid pèse son petit poids : 2 365 kg tous pleins faits ! Avouons que cette Panamera en impose : 5,05 m de long, 1,94 m de large.
Un gabarit qu’elle parvient plutôt bien à dissimuler, grâce à des proportions assez équilibrées. Son style ne dépaysera pas : cette troisième génération reprend la plupart des emboutis de sa devancière et se distingue essentiellement par ses boucliers, optiques et ailes avant.
A l’ouverture des portières, surprise : la Panamera vient en quelque sorte à votre rencontre et vous évite le tour de reins en relevant prestement ses suspensions de 5,5 cm !
Voilà qui incitera d’autant plus M. le P.-D.G. à prendre le volant de sa limousine. La place d’honneur n’est pas à l’arrière, mais bien à l’avant gauche : position de conduite parfaite (sièges sport adaptatifs à réglages électriques), beau volant, instrumentation numérique très lisible, ergonomie sans faille.
Nous serons un brin plus nuancés au sujet de la finition, globalement soignée mais avec quelques fausses notes, à l’image de la moquette légèrement rêche.
A l’arrière, pas de raison de se plaindre de l’espace disponible, même si, vu le gabarit, on pouvait espérer un peu mieux. En revanche, prière de voyager léger : le coffre de 421 litres est tout juste digne d’une berline compacte.

Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid : compromis idéal ?

Contact mis, nous quittons l’aéroport de Stuttgart et entrons dans le vif du sujet avec une portion d’autoroute non limitée. D’emblée, la Panamera Turbo S E-Hybrid impressionne par la sérénité qu’elle procure : amortissement parfait, insonorisation poussée (nous disposions du double vitrage optionnel, facturé 1 368 €), tenue de cap résolue.
Seul bémol, une direction un peu trop légère à ces allures. Les performances ? Elles sont servies à la louche : la bête réclame moins de 10’’ pour passer de 0 à 200 km/h !
Vitesse maxi : 325 km/h. Lorsque le V8 et le moteur électrique poussent de concert, la Panamera vous masse vigoureusement le bas du dos, le châssis encaissant comme si de rien n’était. Les temps sont durs, la crise menace et il faut faire des efforts sur les notes de frais ?
M. le P.-D.G. montrera l’exemple en basculant sur le mode électrique. Il devra alors limiter sa vitesse maxi à 140 km/h, mais la grosse batterie, d’une capacité de 25,9 kWh, pourra en contrepartie lui permettre de rouler sur une distance 88 km (donnée constructeur), sans consommer une goutte de sans-plomb.
L’écologie, c’est important… surtout à bord d’une berline de presque 800 ch ! Nous quittons l’autoroute pour le réseau secondaire, et la Panamera continue de nous impressionner.
Grâce à ses deux mécaniques, elle offre une réponse instantanée à l’accélérateur, la machine électrique gommant tout lag des turbos, tandis que le V8 assure le fond musical. Le meilleur des deux mondes !
Dans les modes électrique ou hybride, la suspension Active Ride privilégie le confort des occupants, en filtrant admirablement les défauts du bitume et en réduisant les effets de la force centrifuge à l’aide de l’inclinaison active de la caisse vers l’intérieur du virage.
Cette fonctionnalité apporte un vrai plus en matière de confort postural pour les passagers, mais peut apparaître un peu déroutante lorsque l’on est au volant, surtout au début !
C’est la raison pour laquelle elle se désactive quand on bascule dans les modes Sport ou Sport Plus, de façon à mieux sentir les efforts subis par les suspensions et à appréhender de façon plus naturelle les limites de grip. Et là, la Panamera nous épate.
Direction précise, motricité totale, maniabilité impressionnante, compromis entre confort et tenue de route irréel : elle dévoile une telle agilité que l’on en viendrait presque à vérifier le poids sur la fiche technique !
Bon, pour être honnête, on finit bien par sentir cette masse à l’approche des limites ; limites qui arrivent très rapidement vu les capacités de mise en vitesse du groupe motopropulseur.
Les suspensions intelligentes font de leur mieux pour maîtriser les mouvements de caisse, mais l’inertie parvient toujours à l’emporter, la Turbo S E-Hybrid élargissant la trajectoire à un moment ou à un autre. Il n’empêche : les compétences de cette auto laissent pantois.

L'avis de Vincent Desmonts

Performante, agile, confortable, la Panamera Turbo S E-Hybrid sait tout faire : longs trajets coude à la portière dans un silence de cathédrale, comme spéciales de rallye où seul son gabarit viendra vraiment vous freiner. L’ensemble apparaît clinique, et l’amateur de sensations lorgnera sans doute la version GTS, mais cette Porsche touche du bout des doigts la quadrature du cercle. Au tarif d’une GT.