Essai - Bugatti W16 Mistral : un roulage... à couper le souffle ! (+ images)

Publié le 29 août 2025 à 11:00
Essai - Bugatti W16 Mistral : un roulage... à couper le souffle !

Imaginez un W16 de 8 litres et quatre turbos qui aspirent 1000 litres d’air à la seconde, en prise directe, à quelques centimètres de votre tête. La Bugatti W16 Mistral est tout simplement... à couper le souffle !

Parlons accélérations. Mais pas comme celles des voitures électriques qui vous téléportent dans un ascenseur à l’horizontale en se gargarisant d’un 0 à 100 km/h éclair et muet, qui brassent le ventre et font surtout passer l’envie de recommencer.
Non, je parle des vraies accélérations, celles qui vous prennent aux tripes et vous collent la chair de poule. La question n’est pas de jauger l’expérience au chronomètre, mais de savoir si la catapulte donne l’envie de la retendre aussitôt.
Parmi le plus addictives, les voitures équipées d’un moteur V12 partent avec une longueur d’avance. Et au bout du rayon des fusées, il y a le cas Bugatti. Le fameux 16 cylindres dont les 8 litres sont gavés par 4 turbos. Servi, dans la Mistral, en prise directe avec les éléments : 1 600 chevaux qui hennissent à quelques centimètres de votre crâne, sans la moindre séparation.
Deux tuyères comme des trous noirs, capables d’aspirer plus de 1 000 litres d’air à la seconde et qui s’ouvrent, béants, à chaque accélération. Autant dire qu’en comparaison, la Pininfarina Battista avec ses 1 900 chevaux, c’est du mou de veau.

Bugatti W16 Mistral : Envole-moi !

Les premiers tours de roues dans la Mistral donne une impression contradictoire. Celle d’avoir un sac à dos rempli de TNT avec un détonateur au bout du pied, mais aussi le sentiment de mer d’huile procuré par un confort inhabituel à ce niveau de puissance.
Contrairement aux supercars qui manquent de progressivité au démarrage, la Mistral s’insère dans la circulation comme une Twingo. Hormis la lenteur de sélection la boîte de vitesse, le monstre de Molsheim n’a donc pas pris une ride sur le plan mécanique. Au contraire, il a décuplé sa force. Surtout à partir de 3000 tr/mn.
A ce moment précis, le deuxième étage de la suralimentation entre en action… et c’est le carnage ! Dans un bruit dantesque, amorcé par un écho d’admission qui donne des frissons, la Mistral décolle en s’arrachant du sol.
Rien à voir avec l’allonge d’une Ferrari F80 ou les relances féroces, mais plus graduelles, d’une Pagani Utopia. Dans la Bugatti, tout arrive en même temps, depuis le déclenchement en passant par l’explosion, jusqu’à la projection vers l’horizon.
Si cette succession immédiate d’événements peut faire penser à l’accélération instantanée d’une Battista, la Mistral joue dans un tout autre registre : celui des vraies sensations, pas seulement percutantes, mais surtout addictives.
Lorsqu’on y a goûté, on n’a qu’une seule envie… recommencer ! Dès lors, on s’aperçoit que la suppression du toit libère quelque chose sur le W16. Comme s’il enlevait un bouton de chemise et ne se contentait plus, simplement, d’être le plus fort en tout.
Désormais, il se lâche et devient plus généreux dans ses démonstrations de puissance. Pas plus (sur)humain, mais plus bestial. Rien à voir avec la Chiron classique qui gronde, mute dans les graves et vous projette l’horizon comme un avion.
Le W16 de la Mistral soupire, exhale, respire et donne l’impression de prendre vie. S’il chante ? Pas exactement. S’il hurle ? Non plus. Mais l’aspiration de son admission est terrifiante et les sifflements des waste gate aux levers de pied sont sidérants.
C’est une force de la nature doublée d’un souffle divin, qui broie les quatre arbres de transmission et vous projette dans l’hyperespace. Comme un réacteur, dont la disproportion génère une sorte d’envoûtement. Non pas que le 8 litres supplante le V12 d’une Pagani Huayra Roadster R Evo, mais sa capacité à atomiser tout ce qui bouge est captivante.
En clair, la Mistral vient d’une autre planète. A son volant, la vraie question ne consiste pas à savoir si elle pousse, mais plutôt combien de temps vous parviendrez à rester appuyé sur la pédale de droite : 6 secondes complètes depuis l’arrêt et vous êtes à 200 km/h ! Ce n’est plus de l’accélération, c’est une avalanche.
Un tsunami ponctué de cris terrifiants aux levers de pied, comme autant de ponctuations au plaisir des épaules incrustées dans le dossier et des pupilles dilatées. Cette réserve de puissance infinie est à l’image de l’agrément inépuisable que la Mistral procure, c’est un bonheur mêlé de fascination. Pas comme une Koenigsegg, qui ne donne pas le même sentiment de perfection.
Ni une Ferrari, qui transpire davantage la course et la légèreté. La Bugatti est délibérément à part. L’impression physique de décollage ressentie à chaque relance est unique et démesurée, à l’image de ses capacités dans la circulation quotidienne. Et cause un contraste déroutant avec le caractère accessible de sa conduite.

Bugatti W16 Mistral : Sérénité

Cabriolet ou pas, Bugatti installe toujours le même climat de confiance. Cela commence par la direction bien calibrée avec des remontées d’informations fluides et lisibles qui donnent la sensation d’une parfaite homogénéité. L’autre surprise provient de la motricité imperturbable, malgré le niveau de couple dément (163 mkg à 2250 tr/mn).
Là où une Ferrari SF90 Stradale pourrait perdre de l’adhérence à l’accélération, la Mistral reste sereine quelle que soit la poussée. Même sur route dégradée, la Bugatti ne bronche pas. Non pas qu’elle soit d’une précision chirurgicale, mais son équilibre dans les enchaînements est probant. Il en ressort une agilité inattendue au regard de l’inertie qu’elle dégage.
En revanche, on ressent la baisse de rigidité de la caisse, lors des manœuvres à basse vitesse sur des pans d’inclinaisons différentes, par exemple. Cela fait penser qu’il y a une baisse de résistance à la torsion par rapport à la Chiron 300+.
Notre essai est malheureusement trop court pour enchaîner les virages à rythme soutenu et en avoir le cœur net. En tout cas, ce qui est certain, c’est que la Mistral ne laisse pas l’impression d’une coque aussi rigide que celle d’une Pagani Utopia ou d’une Ferrari F80. Ses réglages de suspensions paraissent aussi plus soft.
Ils sont moins verrouillés que ceux de la Chiron Supersport. Mais l’absence de cabrage à l’accélération reste remarquable, ce qui n’était pas une mince affaire étant donné les coups de semonce canonnés par le W16.
Bref, au risque de me répéter, le dynamisme reste bluffant, au regard de sa masse. A ce propos, Bugatti se borne toujours à annoncer 1 995 kg sur la balance. Mais au-delà des chiffres, la question consiste à savoir si la conduite de la Mistral est aussi envoûtante que le gratin des supercars actuelles.
Tiens, au hasard, qu’une Ferrari F80. Probablement pas, mais qu’importe. La Bugatti donne l’impression d’entrer dans une autre dimension, tout en gardant les pieds sur terre. Ce niveau d’aboutissement sidérant va bien au-delà d’une succession de chiffres.
La Mistral est tellement déconnectée de la réalité qu’il ne faut pas la jauger comme une auto, mais comme un manifeste technologique et artistique. En clair, elle n’est pas conçue pour voyager mais pour être transporté au figuré.
Le fait est qu’à son volant, on oscille en permanence entre l’impassibilité de sa perfection et l’explosion de l’usine à gaz qui la propulse. Cette dualité, exacerbée par l’ablation du toit, est véritablement unique et inimitable.

L'avis de Laurent Chevalier : 5/5

L’absence de toit renforce l’expérience du W16, qui lâche la bride et se déchaîne comme une bête féroce. La Mistral met ainsi la barre plus haut en termes d’émotions mécaniques et de sensations de conduite. Tout en restant aussi facile à mener dans la circulation quotidienne, malgré son niveau de puissance délirant. Cette maîtrise et ce degré d’aboutissement sont absolument fascinants.

Bugatti W16 Mistral : sa fiche technique

  • Moteur : W16, quadriturbo, 64 S
  • Cylindrée : 7 993 cm3
  • Puissance maxi : 1 600 ch à 7 050 tr/mn
  • Couple maxi : 163 mkg à 2 250 tr/mn
  • Transmission : intégrale, 7 rapports à double embrayage
  • Autobloquant : électronique + contrôle de trajectoire
  • Poids annoncé : 1 995 kg à sec
  • Rapport poids-puissance : 1,2 kg/ch
  • L - l - h : 4 544 - 2 183 - 1 212 mm
  • Empattement : 2 711 mm
  • Pneus AV & AR : 285/30 ZR 20 & 355/25 ZR 21
  • Prix de base : 5 000 000 € (hors options et malus)
  • Production : 99 exemplaires
  • V. max. : 420 km/h (limitée)
  • 0 à 100 km/h : 2’’6

Retrouvez notre essai de la Bugatti W16 Mistral dans le Sport Auto n°763 du 25/07/2025.

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