Essai - Audi RS 4 Avant Edition 25 Years : un dernier tour de manège
Audi fête un anniversaire au goût un peu amer : les 25 ans de la RS 4, célébrés avec cette série limitée qui marque la fin de la génération B9 et un tournant pour l’appellation, qui, si elle revient un jour, ne concernera que des modèles 100 % électriques. Alors embarquons ensemble pour un dernier tour de manège…
Le temps passe vite ! Cela fait déjà un quart de siècle qu’Audi a lancé la toute première RS 4, elle-même héritière spirituelle de la RS 2 des années 90.
Dotée d’un V6 2.7 biturbo préparé par les sorciers de Cosworth et fort de 380 ch, ainsi que de l’incontournable transmission intégrale Quattro, la RS 4 devint rapidement la coqueluche des amateurs de breaks sportifs.
Elle n’était pas forcément la plus ludique du lot, mais lorsqu’il s’agissait de couvrir de longues distances à bonne allure par tous les temps, aucune rivale ne lui arrivait à la cheville.
Par la suite, la RS 4 ne cessera d’évoluer, passant à un V8 4.2 atmosphérique de 420 ch avec une version au châssis plus joueur (2005), avant de quelque peu s’empâter dans un modèle plus puissant (450 ch) mais aussi plus lourd (2012), puis de revenir au V6 turbo avec la génération actuelle, lancée en 2017.
Mais l’appellation, si elle réapparaît à l’avenir, n’aura plus la même saveur. Dans la nouvelle nomenclature Audi, les numéros pairs sont en effet destinés aux modèles électriques, si bien que la future A4 ne carburera qu’aux électrons, tout comme ses – encore hypothétiques à ce stade – dérivés S4 et RS 4.
L’auto que vous avez sous les yeux devrait donc être la dernière RS 4 thermique. Une chose est sûre : les 250 exemplaires prévus, dont dix ont été réservés pour le marché français, seront les ultimes RS 4 B9 à tomber des chaînes de production. Et tous ont déjà été attribués à leurs heureux propriétaires.
Une jolie surprise ?
Futur collector, cette RS 4 Avant Edition 25 Years bénéficie d’un petit coup de pouce côté mécanique : grâce à une reprogrammation, le V6 2.9 biturbo atteint désormais 470 ch (au lieu de 450), le couple restant inchangé à 61,2 mkg.
La bride électronique est relevée à 300 km/h, tandis que les freins carbone-céramique font partie de la dotation de série. A l’extérieur, on note l’apparition de carbone mat sur le diffuseur arrière, les jupes latérales ou encore les coques de rétroviseurs, alors que de superbes jantes en alliage de 20 pouces forgées et usinées reçoivent des pneus Pirelli PZero Corsa.
Quant à la teinte Jaune Imola de notre modèle d’essai, elle figurait déjà au nuancier de la toute première RS 4. Mais de plus classiques Gris Nardo et Noir Mythic sont également proposés.
A l’intérieur, de très beaux sièges baquets à coque en carbone s’habillent d’un Alcantara à surpiqûres jaunes, tandis que le numéro de la série limitée est gravé sur la console centrale.
Jusqu’ici, rien que du très classique pour ce genre de « fin de série », et Audi aurait très bien pu en rester là. Néanmoins, l’examen des performances annoncées interroge : la marque aux anneaux indique un 0 à 100 km/h en 3’’7, soit 0’’4 de moins que la RS 4 standard. Quatre dixièmes gagnés grâce à un supplément, somme toute modeste, de 20 ch et avec un couple inchangé ? Sorcellerie !
On imagine que la nouvelle monte pneumatique n’est pas étrangère à ce gain de motricité, mais les ingénieurs d’Audi tiennent à souligner également le rôle que joue la suspension de cette version : la RS 4 Edition 25 Years adopte en effet de série des combinés filetés réglables d’origine KW qui n’étaient auparavant disponibles qu’en option dans le pack Competition Plus.
Ils abaissent la hauteur de caisse de 10 mm (mais celle-ci peut encore être réduite de 10 mm supplémentaires) et sont ajustables en compression comme en détente. La voiture sera livrée aux clients avec un réglage typé route, mais le manuel suggère aussi un réglage typé circuit.
On notera en outre un carrossage négatif augmenté de deux degrés à l’avant. Et Audi va encore plus loin en fournissant un second jeu de roues complètes chaussées de Pirelli PZero Trofeo RS, des semi-slicks homologués route.
En bonus, vous trouverez dans la boîte du même nom une paire de gants de pilotage Alpinestars assortie aux couleurs de l’habitacle ! Jamais une Audi n’était allée aussi loin dans le délire « pistarde », et c’est un break qui a été choisi comme cobaye.
En ces temps où tous les habitacles, bardés d’écrans XXL, tendent à se ressembler, s’installer une dernière fois au volant d’une RS 4 a quelque chose de rafraîchissant.
On y trouve bien évidemment une instrumentation numérique (dont les graphismes changent en fonction des modes de conduite) ainsi qu’une dalle tactile, mais on dispose également de bons vieux boutons clairs et intuitifs pour régler la climatisation ou le régulateur de vitesse, tandis que les menus restent assez simples et intelligibles.
Comme il se doit, la finition fait honneur à la réputation de la marque, alors que trouver sa position de conduite est un jeu d’enfant. Au passage, les sièges combinent remarquablement bien confort et maintien du corps, et leur sellerie ravit autant au regard qu’au toucher.
Appuyez sur le bouton Start et le V6 s’ébroue avec un grondement grave plutôt réjouissant. Le reste du temps, il dévoile un tempérament plus réservé.
Bien élevé, ce 6 cylindres s’apprécie davantage pour sa douceur et sa souplesse que pour son caractère mélodieux ou bien son appétit pour les hauts régimes. Sans se montrer paresseux (3’’7 au 0 à 100 km/h, rappelons-le !), il donne l’impression de s’essouffler à l’approche de la zone rouge.
La boîte automatique à 8 rapports s’avère douce en usage courant et suffisamment rapide en conduite plus enlevée, mais elle se commande toujours à l’aide de palettes au volant en plastique qui manquent un peu de classe.
Dès les premiers kilomètres, un constat : le réglage standard « route » des suspensions se révèle plutôt ferme. Même sur les routes allemandes lisses comme des billards, on sent la moindre plaque d’égout.
Heureusement, les sièges moelleux aident à faire passer la pilule, et la RS 4 25 Years n’en devient pas inconfortable pour autant. Mais elle laisse tout de même un arrière-goût d’inachevé !
Le comportement routier apparaît certes efficace et pas ennuyeux, bien que l’on n’atteigne pas les niveaux d’agilité d’une BMW M3 Touring. Mais il faudra retravailler les réglages des suspensions, qui peinent à convaincre en l’état : un peu trop fermes en compression, elles manquent au contraire de maintien sur les bosses du fait d’une détente trop souple.
Il sera donc nécessaire de finir le travail grâce aux outils fournis, rangés dans une petite boîte logée dans le coffre ! La direction elle-même manque un peu de précision et de ressenti – une tare hélas de plus en plus largement répandue depuis la généralisation des assistances électriques.
Enfin, le freinage fait preuve de puissance et d’endurance, mais apparaît délicat à moduler sur les derniers mètres, les plaquettes donnant l’impression de « coller » aux disques.
L'avis de notre essayeur Vincent Desmonts
Cette RS 4 est certes performante et efficace, mais elle ne donne pas l’impression d’être allée au bout de la démarche. Même boosté, son moteur manque de caractère, ses suspensions réglables méritent… d’autres réglages, et son comportement reste trop sage. Le tout pour un tarif supérieur de près de 50 % à celui du modèle RS 4 d’origine. Un joli collector… qu’il faudra donc finir soi-même.
Audi RS 4 Avant Edition 25 Years : sa fiche technique
- Moteur : V6 à 60°, injection directe, turbo
- Cylindrée : 2 894 cm³
- Puissance maxi : 470 ch à 5 900 tr/mn
- Couple maxi : 61,2 mkg à 2 000 tr/mn
- Transmission : intégrale, 8 rapports auto à convertisseur
- Antipatinage/autobloquant : de série/de série Poids annoncé : 1 745 kg
- Rapport poids/puissance : 3,71 kg/ch
- L - l - h : 4 781 - 1 866 - 1 411 mm
- Empattement : 2 831 mm
- Voies AV/AR : 1 580/1 575 mm
- Pneumatiques : 275/30 R 20
- Réservoir : 58 l
- Prix de base : 158 000 €
- Prix des options/malus : NC/60 000 €
- Prix du modèle essayé sans les options : 218 000 € (malus compris)
- Vitesse maxi : 300 km/h
- 0 à 100 km/h : 3’’7
Retrouvez notre essai de l'Audi RS 4 Avant Edition 25 Years dans le Sport Auto n°754 du 25/10/2024.