Supertest : Corvette Z06 (2017) dans le top 10 !

Sur le Bugatti, la plus méchante des Corvettes homologuées a de quoi faire trembler les meilleures. Accrochez-vous, la Z06 pack Z07 est aux portes de la gloire.
La star américaine s'est fait désirer : un an et demi de
tractations ! Mais le jeu en vaut la chandelle puisque la Corvette
Z06 radicalisée frappe très fort et débarque en grande pompe, avec
le Pack Z07.
L'option paraît onéreuse (16 640 €), jusqu'à en détailler la
composition : freins carbone céramique, réglages de suspension
spécifiques, pneus semi-slicks, aileron réglable, jupes et lame
avant en carbone. Notre modèle d'essai ajoute un peu plus de
carbone dehors et dedans, des baquets Recaro (raides, maintien
insuffisant) et de la télémétrie embarquée (logiciel Cosworth).
Sans pour autant affoler le banquier, puisque la facture totale
reste inférieure à 150 000 €... Soit le prix d'une 911 S
correctement équipée ! Alors que la Z06 vise l'élite du gratin de
la crème des références européennes : la 911 GT3 RS (vidéo du Supertest). En sus, elle a le mérite
d'ajouter une particularité, très Corvette : un toit amovible ! Il
se compose ici de carbone (en option) et se clipse dans le coffre.
De quoi renforcer les sensations mécaniques, déjà hors norme, et
rouler jusqu'à 150 km/h sans être scalpé.
Gâchette facile
Il faut dire que la Z06 se déchaîne et franchit un nouveau cap,
en abandonnant la respiration naturelle. Oui, elle marche sur les
plates-bandes de l'excentrique ZR1 en héritant du V8 6,2 litres à
compresseur. Le big block à arbre à cames central a toutefois
profondément évolué : injection directe, distribution variable,
désactivation de la moitié des cylindres, compresseur plus petit
(Eaton) favorisant la réactivité et intégré dans le V comme
l'échangeur. Effectivement, le V8 arrache les tripes à 2 000 tr/mn
et les ventile jusqu'à 6 500 tr/mn. Cette plage ne semble guère
affriolante pour une pistarde. Sauf qu'elle est énorme et que la
poussée ne faiblit pas.
Déconcertante, la force dans les tours est telle que, de prime
abord, l'instinct de survie incite à passer le rapport supérieur.
Les sensations vous submergent et le bruit est aussi monstrueux que
la poigne. Le compresseur a le bon goût d'être inaudible et de
respecter le ronron US. Mais c'est l'échappement actif qui vrille
les tympans et vous téléporte en pleine course de Nascar. Il se
libère en permanence en mode Piste. La mécanique constitue l'un des
points forts de l'américaine et les occupants chamboulés ne se
doutent pas un instant qu'ils sont floués en termes de puissance :
- 26 ch. Rien de grave dans l'absolu et vous allez voir que le
chrono ne lui en tient pas rigueur.
Magie électronique
Au regard d'une telle démonstration de force (90 mkg, 659 ch !),
on se demande combien de temps les pneus Michelin vont résister au
CERAM.
Mais d'un coup de baguette magique électronique, la Z06 file à 100
km/h en 3''6. Pardon ? L'équipe en charge des aides à la conduite
est parvenue à transformer le cauchemar en rêve. Un grand bravo. Il
suffit de sélectionner le mode Piste, de basculer l'antipatinage
sur Course et de placer l'aiguille vers 2 500 tr/mn. Le patinage
est réduit au minimum syndical et l'américaine est satellisée. La
GT3 RS n'en revient pas de la voir dans son sillage. Oui, le
maniement du levier désavantage la Z06, puisque ce n'est pas un
modèle de rapidité. Mais la longueur caricaturale des rapports
plaide en sa faveur en « drag race » puisqu'elle reste en 1re sur
le 0 à 100 km/h ! Ensuite, l'allemande creuse l'écart.
Le plus drôle ? Cette Z06 réalise les mêmes accélérations que la C6
ZR1, certes moins puissante (647 ch) mais plus légère (- 83 kg).
Elle partage avec son aînée un goût immodéré pour les rapports
longs. Cela se paie en reprises, surtout sur le 7e rapport : 11''6
de 100 à 140 km/h ! Pour obtenir un temps en adéquation avec le
pedigree de la bête et de la concurrence, il faut rétrograder en
2de (2''0 de 100 à 140 km/h). La démultiplication est telle que la
vitesse maxi théorique en 7e grimpe à 561 km/h. Dans la vraie vie,
Chevrolet précise qu'elle atteint sa vitesse maxi (330 km/h) en 5e
. La séance de mesures se termine en apothéose par les freinages.
L'américaine réalise une moyenne de 130 m depuis 200 km/h ! Les
freins carbone/céramique mordent très fort, longtemps, et se
montrent à la hauteur de la muscle car. Oui, on peut dire qu'ils
sont dignes d'une Porsche. Sauf qu'avec 158 kg de moins, la 911 GT3
RS place la barre très haut : 123 m. Un record.
Tueuse à gage
Tous ces chiffres donnent le tournis, au même titre que les G
encaissés. Avec une telle puissance associée au châssis réussi de
la 7e génération de Corvette, la Z06 ne pouvait que marquer les
esprits...
Et le chrono. Mais à ce point ! Elle se hisse en toute simplicité
dans le Top 10, parmi les monstres sacrés. Foncez voir la vidéo de ce chrono ! Excusez du
peu, elle nargue la 911 GT3 RS, la McLaren 650 S (vidéo du Supertest). Elle arrive juste derrière
une barquette d'endurance homologuée : la Radical SR3 SL (vidéo du chrono). Hallucinant.
On comprend pourquoi dès que l'on quitte les stands. L'efficacité,
le grip latéral, l'équilibre et le calibrage des aides en font une
tueuse de supersportives, prête à mettre l'Europe à ses pieds. Cela
débute par une courbe Dunlop abordée sereinement en 4e ( !), alors
que notre appareil indique plus de 230 km/h. Précisons que
l'aileron est ici braqué au maximum, pour favoriser l'appui. La
chicane suivante saute au visage. Heureusement, super-Corvette
casse sa vitesse et rétrograde en faisant crépiter l'échappement.
Le double débrayage est plaisant à exécuter, mais l'électronique
s'en charge parfaitement, en maintenant l'une des palettes au
volant. Le placement est juste... Inespéré. Train avant tranchant,
grip phénoménal des pneus, la Z06 plonge avec ce léger ballottement
très Corvette, qui ne perturbe en rien la tenue de cap. La
direction est accordée à la vivacité de l'avant. Un peu trop
même... La sensibilité est exagérée à basse et haute vitesse. Ce
qui, cumulé au guidonnage, réclame de l'attention et des gestes
doux.
Equilibriste
Pour une sportive à moteur avant, l'équilibre est juste divin,
ce que confirme notre balance avec une répartition idéale.
L'américaine est bien portante (1,6 tonne), mais elle ne le fait
jamais ressentir, y compris dans les longues courbes piégeuses
telles la Chapelle ou le Musée. Elle plonge en un éclair,
s'accroche à sa trajectoire grâce aux semi-slicks. L'arrière reste
zen et la remise des gaz s'exécute tôt. Comment est-ce possible
avec un tel monstre ? En sus de l'efficacité des trains, des pneus
et de l'autobloquant actif, les aides à la conduite apportent une -
énorme - pierre à l'édifice. En optant pour le mode Piste et
l'antipatinage Course, la Z06 Pack Z07 repart comme une balle et
gère la fougue.
En coupant les aides, mieux vaut être habile du cerceau car les
décrochages et les reprises de grip sont violents. Désolé,
l'américaine n'est pas là pour enfumer Le Mans, mais pour lécher
ses trajectoires. Il faut arrondir les angles gentiment, tout en
évitant les vibreurs du Chemin-aux-Bœufs ou du Raccordement pour ne
pas la déstabiliser : châssis alu rigide et suspension raide en
mode Piste. Bref, cette Z06 est aussi sidérante en entrée, dans le
transitoire qu'en sortie de courbe. Avec de telles vitesses de
passage et de tels pneus, pas étonnant qu'elle se hisse au sommet
(revoyez le chrono du Bugatti par ici), en
vexant les grands pontes avec son rapport
prix/performances/sensations imbattable. Le bilan ne peut qu'être
enthousiaste avec le Pack Z07. Cette bad girl se révèle finalement
domptable grâce aux aides. Elle souffre seulement d'une faible
autonomie (réservoir 70 l + gourmandise V8) et de l'absence de
boîte à double embrayage. Il mérite toute l'attention des gentlemen
drivers européens et un grand succès, même si Chevrolet ne l'y
encourage pas : réseau pauvrissime, faible communication.
Coup de coeur de Sport Auto
>> L'avis de Sport Auto
Cette Z06 constitue un véritable coup de cœur pour sa mécanique,
son grip latéral, ses perfs. Le pack Z07 change la vie et la
Corvette ose déstabiliser une 911 GT3 RS, pour un tarif « presque
raisonnable ».
Voici quelques données résumant le potentiel de cette championne
américaine :
> Moteur : V8 à compresseur, 6,2 litres, 659 ch à 6 400 tr/mn,
89,9 mkg à 3 600 tr/mn
> Transmission : aux roues AR, 7 manuels
> Poids contrôlé : 1 618 kg
> Pneumatiques AV & AR : 285/30 ZR 19 & 335/25 ZR 20 (Michelin
Pilot Sport Cup 2)
> Performances : 0 à 100 km/h en 3''6, 0 à 200 km/h en 11''8,
400 m D.A. en 11''7, 330 km/h annoncés.
> Prix de base/modèle essayé : 118 920/147 390 €
> Chrono au Bugatti : 1'45''44 (8e au général)
Photo : Greg/EMAS


