Le jour où : Lewis Hamilton a remporté des courses avec un poignet fracturé !

L'histoire du jour nous renvoie au début de ce siècle, plus précisément à l'année 2000, sur la piste française du Val d'Argenton, là même où le Championnat d'Europe FIA Karting a fait son grand retour.

Hamilton, terreur des circuits dès son plus jeune âge

Il y a presque un quart de siècle, la scène du Karting internationale opère une transition en douceur vers le nouveau millénaire, laissant derrière elle des années 1990 que plus d'un nostalgique considère encore aujourd'hui comme une "période dorée" dans la longue histoire du sport.
A l'époque, les gloires de la discipline, pour la plupart italiennes (la botte étant plus que jamais le berceau du Karting) comme Alessandro Piccini , Gianluca Beggio, Danilo Rossi, Alessandro Manetti, Massimiliano Orsini, Davide Fore, Giorgio Pantano ou Giancarlo Fisichella, voient débarquer des jeunes loups aux dents si longues qu'ellee rayent la piste, des rêves de Formule 1 plein la tête. Parmi eux, un Britannique du nom de Lewis Hamilton...
Le natif de Stevenage n'a pourtant plus grand-chose d'un rookie dans le monde du kart. Sacré champion national Cadet en 1995, à seulement 10 ans, il remporte ensuite la série McLaren Champion of the future qui lui permet de taper dans l'oeil de Ron Dennis, l'influent patron de l'écurie de Woking, avec un premier contrat en poche dès 1997.

La grande époque du team McLaren-Mercedes en Karting

Mais revenons à Val d'Argenton, en 2000. Dans l'intervalle, Hamilton n'a cessé de monter en puissance, terminant Vice-Champion d'Europe Junior en 1999 avant de passer à l'étape suivante de son parcours, la catégorie Formule A.
Toujours couvé de près par McLaren, il rejoint les rangs d'une structure... spécialement montée pour lui et son rapide équipier, un certain Nico Rosberg. Le team se nomme MBM.com, pour Mercedes-Benz-McLaren, et est dirigé par Dino Chiesa, l'une des légendes de l'histoire du Karting, aujourd'hui encore très actif à la tête de l'usine Kart Republic.
Sous l'égide de McLaren-Mercedes, Hamilton rafle cinq victoires en huit tentatives dans le Championnat d'Europe qu'il remporte devant Rosberg, Robert Kubica et Marco Ardigo, un futur multiple champion du monde. Une campagne victorieuse qui aurait pourtant pu tourner court, comme le raconte Dino Chiesa.
"Lewis [Hamilton] a couru pour moi pendant deux ans. Deux années intenses et fantastiques. Nous avons vécu beaucoup de choses, dans et en dehors du monde du Karting", confiait en 2018 le manager italien lors d'une interview à TKart Magazine. "La semaine précédant la deuxième manche du Championnat d'Europe de 2000, à Val d'Argenton, Lewis, qui était en tête du classement, avait décidé de retourner en Angleterre. C'est là-bas qu'il 's'amusa' sur une plage avec un quad ou un buggy."
"Le résultat ? Un scaphoïde fracturé, un os du poignet", poursuit Chiesa. "Il m'a téléphoné pour me parler d'un problème qu'il avait eu alors qu'il s'entraînait sur son vélo : une 'pédale s'est décrochée', disait-il, il avait glissé et... crac ! Je dois admettre que l’histoire était un peu vague, mais il était clair que quelque chose n’allait pas."
"Heureusement, grâce à son père, il a réussi à se rendre chez le médecin de la F1 de l'époque pour une visite, car il voulait courir. Il savait qu'il menait le Championnat, et lorsque Lewis se fixe un objectif, il fait tout son possible pour l'atteindre."

Même avec un poignet dans le plâtre, Hamilton gagne

"Le vendredi de la course, nous étions déjà sur circuit pour les premiers essais et Lewis n'était toujours pas là", raconte Chiesa. "Je me souviens avoir demandé à Nico [Rosberg] de tester les deux karts avec les mêmes réglages, de sorte que lorsqu'il arriverait, au moins le matériel serait prêt. Puis Lewis est arrivé... le bras dans le plâtre !"
"Le pansement lui bloquait le poignet presque jusqu'au coude mais laissait ses doigts libres. Après avoir enfilé sa combinaison, nous avons pris la décision de le faire courir. Il a bouclé quelques tours de chauffe le samedi, pour apprendre la piste qui était nouvelle pour lui. Puis, dans les deux premières manches, il a signé le meilleur temps et a gagné !"
"Cependant, quelqu'un a envoyé le médecin pour faire un contrôle, disant qu'on ne pouvait pas courir avec un bras dans un plâtre. En réalité, tout le monde dans le paddock était déjà au courant du problème de Lewis, mais comme il avait remporté les deux premières manches et roulait très vite, quelqu'un s'est dit que ce serait une façon de le stopper pour de bon. Le médecin en a conclu que c'était sa responsabilité et il l'a arrêté pour une manche. Mais après nos protestations et le feu vert de quelqu'un 'de plus haut placé', il était de retour en piste."
"Avec une manche en moins, Lewis s'élançait en 17ème position, avec Nico en pole. Néanmoins... il a remporté la Pré-Finale et la Finale ! C'était Lewis Hamilton : un pilote coriace, déterminé et extraordinaire."

Pour la petite histoire, en plus de son titre européen, Hamilton fit main basse cette saison-là sur la défunte Coupe du monde de Formule A disputée à Suzuka. Il aurait pu aussi faire la passe de trois avec le Championnat du Monde avant qu'un moteur récalcitrant n'en décide autrement. Après une saison plus difficile en Formule Super A, le Britannique grimpait en Formule Renault en 2002. La suite appartient à l'histoire de la course, et ce n'est pas fini !

Sources : FIA Karting, TKart magazine