F1 - Ce que révèle le documentaire de Netflix

Sport Auto a pu voir en avant-première quatre épisodes de Formule 1 : Pilotes de leur destin, le documentaire de Netflix. En voici les principaux enseignements.
Le 8 mars prochain, Netflix mettra en ligne Formule 1 : Pilotes de leur
destin (Formula 1 : Drive to Survive, en version
originale), un documentaire sur les coulisses de la saison 2018 de
F1. Nous avons pu voir les quatre premiers épisodes de cette série,
qui en comporte 10.
- Drive to Survive : Que nous apprend la saison 2
?
Le documentaire choisit de montrer avant tout l'aspect humain de la
Formule 1, souvent invisible durant un Grand Prix. Il montre
les histoires parfois méconnues et cachées qui font le championnat.
Le documentaire se concentre peu sur les résultats des courses et
fait même l'impasse sur plusieurs d'entre elles, lorsqu'elles ne
servent pas le sujet principal d'un épisode, pour mettre plutôt en
avant des histoires qui racontent la vie de la F1, en piste et
hors des circuits, avec leur lot d'émotions, de doutes ou de
politique.
Chaque épisode prend la forme d'une série qui raconte une double
histoire, pour mettre en perspective deux équipes ou deux pilotes,
avec une mise en scène travaillée, que ce soit dans le choix des
images, de la musique et même des bruitages. Les images de courses
utilisent de nombreux angles et les commentaires des radios, non
censurées.
Les équipes ont donné un accès inédit aux équipes du documentaire,
et les différents acteurs de la F1 affichent une sincérité rarement
vue... qui peut aller jusqu'à des moqueries. A Barcelone, Jonathan
Neale, l'un des managers de McLaren, prédit avant le départ que
Romain Grosjean ne passera pas le premier virage. Le Franco-Suisse
provoquera finalement un gros accident au virage 3, ce qui fera
sourire les membres de McLaren.
Mercedes et Ferrari sont les grandes absentes du projet. Les deux
meilleures équipes du plateau en 2018 n'ont pas voulu de caméras
dans leurs coulisses et une part très importante de ce qui a fait
la saison manque donc au documentaire. « J'ai l'impression
qu'ils rendent un mauvais service aux supporters et au championnat
en ne participant pas, » a déploré Paul Martin, l'un des
producteurs du documentaire, interrogé par le Daily Mail.
- Mercedes explique son refus à Netflix
- Netflix : Ferrari pourrait participer
- Mercedes et Ferrari disent oui à Netflix
Faute de raconter la lutte pour le titre, les épisodes évoquent la
vie de toutes les autres équipes, quitte à créer des duels un peu
factices, notamment entre Carlos Sainz et Fernando Alonso. Un fort
accent est mis sur Red Bull, qui évoque toutes les questions sans
détours.
Horner et Abiteboul, détestation cordiale
Un épisode est consacré aux tensions entre Red Bull et Renault,
à travers leurs patrons respectifs, Christian Horner et Cyril
Abiteboul. Horner se plaint de « payer un billet en première
classe » pour finalement obtenir une « place en classe
économique » avec le moteur français. Abiteboul estime que Red
Bull a « franchi la ligne rouge. » Quand Red Bull choisit
finalement de s'associer à Honda, au Red Bull Ring, la première
rencontre entre Horner et Cyril Abiteboul, le directeur général de
Renault, est filmée. Abiteboul feint de fuir Horner du regard,
avant que les deux hommes ne plaisantent de la situation.
Le documentaire évoque aussi les longues discussions entre Red Bull
et Daniel Ricciardo autour d'une possible prolongation. Horner
assure que la seule préoccupation du pilote est d'avoir un bon
moteur en 2019, tandis que clan Ricciardo semble surtout craindre
que Max Verstappen ne soit avantagé. A Monaco, Horner assure au
père de Ricciardo que le Néerlandais n'est pas favorisé... ce qui
n'empêchera pas le pilote de signer pour Renault, devenu l'ennemi
juré. Ricciardo évoque clairement la volonté d'un nouveau défi,
mais pas seulement : « Honda n'a pas encore fait ses
preuves, » estime-t-il.
Abiteboul s'amusera de sa prise en arrivant à Spa : « Tu as
besoin d'un pilote et d'un moteur, » lâche-t-il, hilare, à
Horner. « Tu n'avais pas d'argent pour développer un moteur et
maintenant tu en dépenses pour un pilote ? » répond Horner.
« J'ai beaucoup d'argent, » rétorque Abiteboul. A la
fin de cet épisode, Horner estime que Ricciardo a « fui le
combat » face à Verstappen.
- Netflix : Abiteboul n'a pas tout aimé
Les doutes de Claire Williams
Chaque équipe vit une saison différente des autres et le
documentaire s'attarde sur chacune d'entre elles. Claire Williams
évoque sans équivoque l'année difficile de Williams, l'équipe
familiale dont elle est la patronne adjointe. L'Anglaise décrit un
« besoin de protéger l'histoire » de l'équipe et un refus
catégorique d'en faire un Junior Team ou une équipe B d'un grand
constructeur. « Plutôt mourir ! » confie-t-elle aux
employés de Williams.
Claire Williams va jusqu'à se poser des questions sur sa présence à
la tête de l'équipe : « Quand faudra-t-il que je parte
? » questionne-t-elle. « Peut-être que je ne suis pas la
bonne personne pour faire ça. Suis-je assez compétente ? Ai-je les
compétences ? »
Haas de « rockstars » à « clowns » à Melbourne
Le documentaire a suivi l'équipe Haas durant tout le week-end du
Grand Prix d'Australie, où l'équipe a été très performante. Günther
Steiner, le patron de Haas, est vu en train de prévenir les membres
de l'équipe qu'ils doivent s'habituer à de nouveaux mécaniciens
pour les arrêts aux stands. La suite est connue : Magnussen et
Romain Grosjean abandonneront à cause de roues mal fixées.
« En Formule 1, les hauts sont très hauts, les bas sont très
bas, » résume Steiner dans le documentaire. On le voit à
plusieurs reprises en conversation téléphonique avec Gene Haas, le
propriétaire de l'équipe. Dans une discussion avec l'Américian,
Steiner estime que son équipe est passée pour « des
rockstars » en qualifications et pour des « p****** de
clowns » en course.
- Steiner refuse de se voir sur Netflix
La politique de Liberty
Ce documentaire dit enfin beaucoup de choses sur l'image que
Liberty Media veut donner à la Formule 1, sans pour autant évoquer
le groupe de médias américains, en charge des droits commerciaux
depuis deux ans. Liberty a donné un accès total aux équipes du
documentaire et Sean Bratches, le directeur commercial de la F1, en
est même l'un des producteurs exécutifs.
Ce documentaire offre une nouvelle facette de la F1, plus humaine,
en accord avec l'image que Liberty veut véhiculer. Il permet au
public de créer un lien avec les pilotes, les patrons et toutes les
personnes qui font vivre le championnat. Le choix de la
plateforme Netflix montre aussi la volonté de se rapprocher d'un
nouveau public, jeune, qui ne suit pas forcément la F1. Le
documentaire n'est pas réservé qu'aux passionnés et il pourra même
intéresser des personnes n'ayant jamais suivi la moindre
course.
C'est probablement là que réside la force de Formula 1 : Drive to
Survive, une capacité à révéler les coulisses du championnat aux
supporters avertis, tout en faisant découvrir un univers très riche
à un nouveau public.
Sur le même thème :
- Drive to Survive saison 2 : La date de sortie
annoncée
- Drive to Survive : Ce que l'on sait de la saison
deux
- La série de Netflix sur la F1 est
disponible
- La F1 passe un accord avec Netflix
- Comment la F1 cherche des supporters sur le
numérique


