Renault Clio Williams (1993-1996) : que vaut-elle sur le marché de l’occasion ?
Icône des "bombinettes" des années 1990, la Clio Williams incarne la quintessence de la citadine sportive : légère, puissante, sans fioritures électroniques et avec un lourd pedigree issu du monde de la Formule 1.
À une époque où les petites sportives rivalisaient de puissance et d’efficacité, Renault propose la Clio Williams, conçue avant tout pour l’homologation en rallye, qui s’impose rapidement comme une référence parmi les citadines performantes.
Renault Clio Williams : coup d’œil sur son histoire
Lancée en 1993, la Clio Williams devait à
l’origine se limiter à 2 500 exemplaires pour
répondre aux règles d’homologation en rallye.
Renault en profite aussi pour célébrer le 4ᵉ titre
mondial d’Alain Prost en Formule 1 au volant d’une
Renault Williams. Mais le succès est tel que le
constructeur étend la production et intègre la
Williams à son catalogue.
Entre 1993 et 1996, plus de 12 000 unités verront
le jour, bien loin de la série limitée initiale.
Trois phases se succèdent : la Phase 1 de
1993 à 1994 avec 5 417
exemplaires. Il y a la Phase 2 produite entre 1994
et 1995 avec 5 065 exemplaires. Et enfin, la Phase
3 produite de 1995 à 1996 avec 1
618 exemplaires, dont 500 « Swiss Champion ».
La carrosserie
Immédiatement identifiable, la Renault Clio
Williams se distingue par son style unique et son hommage
à la compétition. Elle s’habille d’une peinture
Bleu Sport nacré, signature des premières phases
ou Bleu Méthyl spécifique à l’édition « Swiss
Champion ». Les jantes Speedline dorées de 15
pouces, caractéristiques de ce modèle, rappellent l’inspiration
racing de la citadine.
Les élargisseurs d’ailes et les pare-chocs
spécifiques, plus massifs que sur la Clio
classique, accentuent son assise sur la route.
Comme toutes les citadines des années 90, la Clio
Williams reste sensible à la corrosion. Les points
à surveiller sont principalement les bas de
caisse, les passages de roues arrière et
l’entourage de lunette arrière, souvent affectés par
l’humidité ou des réparations incomplètes. Il est
également essentiel de vérifier l’authenticité des
jantes et des éléments de carrosserie d’origine,
car les modèles repeints ou bricolés dans les
années 2000 sont relativement fréquents. Une
carrosserie saine, avec ses éléments d’origine,
reste un critère déterminant pour la valeur et la
préservation de cette citadine devenue
mythique.
L’intérieur
À bord, la Williams se distingue par un
traitement spécifique. Les sièges semi-baquets
siglés Williams maintiennent correctement sans
sacrifier le confort. La teinte
bleue s’invite partout : moquette,
instrumentation, pommeau de levier de vitesses. Une plaque
numérotée sur la planche de bord rappelle
l’exclusivité. Celle-ci disparaît après la
phase 1 sur la plupart des modèles de série.
L’équipement reste simple mais efficace : vitres
électriques, autoradio et, sur la phase 2, rétroviseurs électriques
et dégivrants.
La Phase 3 « Swiss Champion » apporte quelques
raffinements supplémentaires, comme une sono
Sony avec chargeur CD et
commandes au volant.
Le moteur
Au cœur de la Clio Williams, on retrouve le
bloc F7R de 2,0 litres, dérivé du moteur
1.8 de la Clio 16S. Pour atteindre la
cylindrée de 1 998 cm³, Renault
augmente l’alésage et installe un vilebrequin issu
de la Clio Diesel, capable d’encaisser les
contraintes du couple.
Les ingénieurs renforcent l’ensemble par une
culasse trempée et résinée, directement inspirée de la
Formule 1. Elle développe une
puissance de 150 ch avec 175 Nm
de couple. Des chiffres impressionnants pour une
citadine de l’époque. D’autant plus que le poids
plume de 990 kg permet un excellent rapport
poids/puissance.
Les performances sont encore très respectables
avec un 0 à 100 km/h en 7,8 s et une vitesse de
pointe de 216 km/h.
Côté fiabilité, ce moteur se montre robuste si
l’entretien est rigoureux : distribution
tous les 5 ans, vidanges
rapprochées et surveillance de la
consommation d’huile. Les modèles modifiés (arbres
à cames, lignes d’échappement non homologuées) sont à éviter pour
préserver la valeur et la fiabilité.
Les trains roulants
La Clio Williams ne se contente pas d’un
moteur à fort caractère pour son époque.
Renault a profondément revu son châssis. Le train
avant est élargi grâce aux triangles inférieurs de
la Renault 19 16S. La garde au sol est abaissée,
et des amortisseurs spécifiques sont montés. Le
freinage, confié à des disques ventilés de 259 mm
à l’avant et pleins de 238 mm à l’arrière, s’avère endurant pour
l’époque.
La boîte de vitesses, issue de la 16S, reçoit un
étagement spécifique avec une cinquième allongée,
permettant d’atteindre les 215 km/h sans être trop
bruyante sur autoroute. Les Michelin Pilot HX en
185/55 R15 sur les jantes Speedline dorées
complètent l’ensemble.
Sur route, la Williams surprend par sa précision.
Plus ferme qu’une 16S, elle reste
exploitable au quotidien. La direction, moins
assistée, donne un excellent ressenti et l’arrière
accompagne sans décrocher brutalement.
Les tarifs en occasion
Vendue 129 500 francs (≈ 28 000 € actuels) à son lancement, la
Clio Williams se négociait encore à prix
raisonnable dans les années 2000. Cependant, la
cote a fortement grimpé ces dernières années. À titre d’exemple, en
2022, une Phase 2 de 1994 avec seulement 15 km au
compteur s’est vendue 75 880 € lors d’une vente
aux enchères à Paris, soit près de quatre fois son prix
d’origine.
Aujourd’hui, une Phase 1 en bel état dépasse
facilement 35 000 €. Tandis qu’une Phase 2 ou 3
bien entretenue s’échange entre 20 000 et 30 000 €. Le prix peut
même grimper à plus de 50 000 € pour un exemplaire d’origine
irréprochable, à faible kilométrage.
Le verdict de Sport Auto
Héritière de la R8 Gordini, la Clio Williams a marqué son époque. Véritable succès commercial inattendu, elle reste aujourd’hui l’une des petites sportives françaises les plus désirables et les plus cotées. Mais alors, faut-il céder à la nostalgie et craquer pour une Clio Williams ? Oui, si vous recherchez une petite sportive pure, sans aides électroniques, avec un moteur rageur, un châssis précis et un look légendaire. N’oubliez tout de même pas ces points à vérifier impérativement. Pensez donc à regarder la corrosion, l'état des trains roulants, les pièces d’origine ainsi que la plaque numérotée pour les phases 1. Une auto saine, complète et entretenue reste un excellent placement et un plaisir de conduite unique, fidèle à l’esprit des bombinettes des années 90.
Renault résumait l’esprit de cette auto par un slogan resté célèbre :
« Vous pouvez rougir de honte, verdir de rage, mais c’est à une Clio que Frank Williams a donné son nom. »


