Essai Lotus Elise Sprint 220 : piqûre de rappel

L'icône des roadsters light passe sur le billard, s'allège et prend des cours de chant en version 220 ch. Voici l'essai complet de la Lotus Elise Sprint 220.
Laissée pour compte depuis 2010, la plume bombe le torse. L'appellation a certes évolué - inutilement - l'an passé en gagnant le mot « Sport ». La confusion grandit avec l'arrivée d'une « Sprint ». Il est temps de rendre visite à Lotus pour y voir clair. Toutes les Elise 2017 bénéficient d'un coup de bistouri modelant les boucliers avant et arrière : face plus aérée, diffuseur revu et feux ronds intérieurs miniaturisés, comme ceux des Exige/Evora. « Changer de phares aurait impliqué un développement coûteux. Nous le réservons à la future Elise », ajoute Jean-Marc Gales, président de Lotus. En véritable obsédé du poids, le constructeur grappille 10 kg sur la carrosserie et la commande de boîte à tringlerie apparente. En plus d'être spectaculaire, ce levier inauguré par l'Exige (vidéo de l'essai de la Sport 380 par ici) est agréable à manier. Enfin ! Pressé de le triturer, on en oublierait presque que la déco de l'habitacle minimaliste a changé : graphisme, console, touches de carbone en option (seuils de porte, contre-portes)...
Cours de chant
Autre bonne nouvelle : l'Elise prend des cours de chant.
Attention, toutes les motorisations ne sont pas concernées. Nous
avons pu constater que le 1,6 litre de 136 ch a fait l'école
buissonnière.
« Il y a peu de demande par rapport au 1,8 litre, et le 1,6 litre
est plus difficile à travailler. Depuis l'an dernier, les normes
ont changé et il y aurait trop de basses », confie le président. Ce
petit bloc reste timide et manque toujours de pep. En clair, cette
version permet d'avoir un ticket d'entrée à 41 000 € et de
bénéficier d'un châssis d'exception. Les sensations mécaniques sont
secondaires. Mieux vaut se tourner vers le 1,8 litre à compresseur
pour profiter de la pépite light. La puissance stagne à 220 ch pour
les Sport et Sprint. Amplement suffisant. Surtout, le quatre-pattes
se voit greffer un échappement volubile, qui amadoue jusqu'à 4 000
tr/mn par son timbre rauque et qui crépite un peu au lever de pied.
Il est en bonne voie(x), mais il devrait davantage se lâcher dans
les tours. Lotus prépare une option en titane (- 6 kg),
qu'inaugurera la Cup 250. Miam ! Le moteur d'origine Toyota
continue d'enchanter par sa souplesse à bas régime et son panache
jusqu'à 7 000 tr/mn. Il mériterait juste d'être plus hargneux dans
les tours, comme le V6, et de grimper jusqu'à 7 500 tr/mn (8 500
tr/mn sur la feue SC). La mamie anglaise a toujours une santé de
fer. La poussée équivaut à celle d'une sportive classique de 350
ch. Le chrono le confirme puisque la Sprint 220 accélérerait aussi
fort qu'un Boxster S à boîte manuelle (essai vidéo par ici) de 0 à 100 km/h : 4''5 !
Et on ne risque plus de louper un rapport pendant les mesures.
Alléluia ! La commande de boîte ne procure pas autant de plaisir
que celle d'une 911 R ou d'une M2. Mais le chemin est bien balisé. La rapidité
d'exécution satisfait, malgré un débattement conséquent. En plus,
le tintement de la grille ajoute une connotation vintage
appréciable. Le voisin n'a toutefois pas intérêt à laisser traîner
les doigts dans la tringlerie. « Nous n'avons rencontré aucun
problème d'homologation, partout dans le monde. On croise les
doigts pour que cela dure ! », sourit Jean-Marc Gales, toujours
aussi accessible et sympathique. « Pour les anciens modèles,
l'installation de cette commande requiert de changer tout le tunnel
et s'avère très coûteuse. Ça ne vaut pas le coup... », précise-t-il
aux fans de l'Elise. Cerise sur le gâteau, la tringlerie apparente
contribue au régime d'ensemble : un kilo de moins, c'est toujours
ça de pris !
La Sprint bonifiée
Lotus est fier d'être repassé sous les 800 kg pour l'Elise 1,6
litre. Pour en arriver là, il faut faire appel à la coûteuse
version Sprint, qui accroît le régime de 10 à 41 kg. L'équipement
de série inclut alors une batterie lithium-ion, des jantes
spécifiques, une lunette arrière en polycarbonate et du carbone
garnissant la coque des sièges, le panneau avant, l'arceau et le
capot moteur. Les 41 kg annoncés tiennent aussi compte de deux
options : seuils de porte en carbone et freins allégés. Précisons
aussi qu'il faut sacrifier la climatisation et les insonorisants
(en option). « Nous avons même un hard-top en carbone, qui s'avère
plus léger que la capote », annonce Jean-Marc Gales. Superbe, ce
toit est en fait fixé et transforme l'Elise en petite Exige. Au
volant des « Sport », le régime passe inaperçu : - 10 kg par
rapport à avant. Chaussée de semi-slicks, la Sprint s'envenime et
croque volontiers du vibreur. Bref, elle accroît son charme
irrésistible. Mais à quel prix... La Sport 220 permet donc de
profiter du nouvel échappement et de la commande de boîte rapide.
Il faut se tourner vers la Sprint (-41kg) pour bénéficier d'un
regain de dynamisme. Sans modifier les réglages de suspension, le
train avant devient plus réactif et réclame moins d'être chargé aux
freins. Par quels miracles ? La minceur et, surtout, les pneus
semi-slicks optionnels. Ainsi parée, l'Elise s'envenime et croque
volontiers du vibreur.
Bref, elle accroît son charme irrésistible. Mais à quel prix... En
ajoutant les options, la Sprint atteint les 65000€! La préretraitée
joue les précieuses alors qu'elle sera remplacée en 2020: «Le
gabarit sera un peu plus gros pour le side impact des Etats-Unis.
Mais l'Elise restera compacte, légère avec un objectif de 1 000 kg
et très dynamique. On va conserver la tringlerie apparente et
développer l'Exige en même temps », confie le président. Il rassure
aussi les aficionados en avouant l'incertitude régnant autour du
projet de SUV. Ouf ! D'ici le lancement de la nouvelle génération,
l'Elise va affronter une inattendue frenchy en fin d'année:
l'Alpine A110: «La philosophie est différente.
Elle pèse 200 kg de plus. Mais elle est intéressante et il faudra
voir ce que cela donne au volant », conclut-il.
Quelques chiffres
Voici quelques données sur le millésime 2017 restylé du craquant
roadster anglais. L'Elise 2017 se rapproche esthétiquement des
sœurs Exige/Evora. Elle gagne une commande de boîte rapide,
précise et originale. La Sport 220 soigne sa voix, sans devenir
spectaculaire. La Sprint 220 opère le plus gros changement, en
s'allégeant et en bonifiant le dynamisme (pneus semi-slicks).
> 4 en ligne à compresseur, 1,8 litre, 220 ch à 6 800
tr/mn, 25,5 mkg à 4 600 tr/mn
> Transmission : roues AR, boîte 6 manuelle
> Poids annoncé : 878 kg
> Pneus AV/AR : 175/55 R16 & 225/45 R17
> Prix de base/modèle essayé : 56 780 € / 65 550 €
> Perfs : 0 à 100 km/h en 4''5, 233 km/h
Photo : D.R.


